Gabriel déprime. Ce n’est pas nouveau, cela fait quelques titres qu’il déprime. Sous la plume de Laurence Biberfeld il a même passé le temps à se faire casser la gueule par un soupirant de sa belle un peu ramolli du bulbe. En parlant de la belle, sa relation avec Chéryl a de l’eau dans le gaz. Alors quand Brifid Waterford, rousse incendiaire qu’il a déjà croisé quelques années auparavant débarque dans sa vie … Il prend feu. Les voilà partis, mains dans la mains, et zigounette dans le pilou pilou (comme disait le Maître) sur les traces d’une trafic d’antiquités afghanes. Une enquête qui les mènera de Toulon à Londres, en passant par Séville, Barcelone et Cadaqués, pour le plus grand plaisir d’un poulpe qui se demande quand même où il met les pieds.
Pourquoi ouvre-t-on un Poulpe ? Pour passer un bon moment de détente en compagnie d’un personnage éminemment sympathique, et pour voir comment un nouvel auteur va prendre le bestiau en main. En général aussi parce que s’attend à trouver un minimum d’humour. Maïté Bernard a accepté la mission, elle a écrit Même pas Malte, elle a bien fait. C’est un poulpe délicieux. Léger, sensuel, pétillant, ensoleillé …
Déjà il commence sous de bons auspices, Maïté Bernard rendant hommage à Marcus Malte, preuve qu’elle a bon goût. Elle nous amène à Cadaqués, Barcelone et Séville. Ce qui confirme qu’elle a bon goût. Et elle nous fait « entendre » l’album magique Lagrimas Negras, ce qui devrait finir de convaincre tout le monde … Qu’elle a bon goût.
Un petit moment de bonheur sans complication. Quelque coups de tatane dans une ambiance de comédie américaine à l’ancienne (vous savez, les élégantes, qui laissent un sourire ravi sur les lèvres) Gabriel fait un break (nous aussi), est à deux doigts de laisser tomber Chéryl et une partie de ses principes pour deux yeux verts, une tignasse rousse … Et tout ce qui va avec. Une bouffée d’oxygène avant de replonger dans du noir bien noir.
Maïté Bernard / Même pas Malte, Baleine/Poulpe (2010).