Maurizio de Giovanni est connu en France pour sa série consacrée au commissaire Ricciardi qui se déroule à Naples sous le régime fasciste. Mais le Fleuve a également démarré la publication d’une autre série, toujours napolitaine mais se déroulant de nos jours. Après un premier épisode, La méthode du crocodile, voici La collectionneuse de boules de neige.
Giuseppe Lojacono, envoyé au placard à Naples depuis sa Sicile, pour avoir été accusé (à tort) de collusion avec la mafia, n’est pas dans les petits papiers de son supérieur : sa réputation de « vendu » le dessert (même fausse) et il a le défaut d’être original et peu soucieux de la hiérarchie. Pire, il a souvent raison ! C’est pourquoi le dit supérieur est enchanté de s’en débarrasser, et de l’envoyer rejoindre une équipe de bras cassés qui doit repeupler entièrement le commissariat d’un quartier décimé par une très réelle affaire de corruption. Giuseppe rejoint donc d’autres flics dont on veut se débarrasser au commissariat de Pizzafalcone.
Dès son arrivée, la nouvelle équipe à l’occasion de faire ses preuves : Cecilia de Santis, épouse très riche, très bonne et très délaissée d’un notaire coureur de jupon est trouvée chez elle, assassinée. On l’a tué d’un coup de boule à neige, une parmi les centaines qui couvrent ses étagères.
Maurizio de Giovanni confirme ici qu’il est un auteur italien majeur, un auteur majeur tout court même. J’avais trouvé La méthode du crocodile un cran en dessous de la série Ricciardi, je trouve qu’avec ce nouveau roman il se hisse au même niveau.
On a déjà une intrigue parfaitement menée et une belle écriture. C’est un bon point de départ !
Mais surtout on retrouve dans ce nouveau roman l’empathie de Maurizio de Giovanni, sa façon très sensible, intelligente et pudique de faire ressentir la souffrance, les doutes, la solitude … de ses personnages, et cela sans le moindre pathos. On retrouve sa façon de nous prendre à contrepied, de tracer en quelques lignes des trajectoires, des histoires de vie qui s’entrecroisent, de nous surprendre avec un personnage qui semble être une victime et s’avère beaucoup plus fort que prévu.
On retrouve, comme dans l’autre série de très beaux portraits de femmes, et la magnifique peinture de Naples. Sans oublier quelques personnages assez croquignols, comme une vieille commère atroce, ou un jeune flic plus con que nature.
Pour résumer, il faudra suivre cette série avec autant d’attention que l’autre. D’autant plus que l’auteur nous laisse sur un petit coup de théâtre.
Maurizio de Giovanni / La collectionneuse de boules à neige (I bastardi di Pizzafalcone, 2013), Fleuve éditions (2015), traduit de l’italien par Jean-Luc Defromon.
Le titre en italien n’est pas tout à fait le même. On parle d’un bâtard… 😆
J’en ai entendu parler dans un magazine (me demande plus lesquel) et je l’avais noté. J’ai la méthode Lacoste dans ma PAL. Pardon, la méthode du crocodile !
C’est plutôt Les salauds de Pizzafalcone, en référence à la bande de flics virés pour corruption que notre équipe va remplacer.
Des flics corrompus ??? Ooooh, mais ça n’arrive jamais ça ! C’est comme les politiciens et les banquiers, leur maître mot est « probité »… 😀
Si si, ça existe. Mais que en Italie, jamais chez nous.
Ouf, j’ai eu très peur, je pensais que nous avions des corrompus chez nous, en Belgique !
Encore un excellent roman de Maurizio de Givanni. En plus des remerciements à Ed mac Bain en fin de livre. C’est vrai que les aventures des salauds de Pizzafalcone peuvent faire penser à celles du 87e district. Il y a une forme de filiation. Un tout petit bémol :la façon dont Giuseppe Lojacono trouve la solution qui m’a paru un poil trop « sorite de nulle part ». j’avais déjà eu ette impression dans « »e Noël du commissaire Ricciardi ». Mais cela est peut-être dû au fait que je suis moins malin que les limiers de de Giovanni. Cela reste quand même un grand moment de lecture et j’attaque tout de go « Et l’obscurité fut ».
Et l’obscurité fut est pour moi le meilleur de la série. Bonne lecture.