Je n’ai pas lu beaucoup de polars israéliens, aucun même à part deux ou trois de Batya Gour. Je me suis donc dit que j’allais terminer l’année avec une découverte (pour moi) : Une proie trop facile de Yishaï Sarid.
Le narrateur a trente ans, il est avocat sans succès, son seul client est moitié fou et il végète dans son cabinet minable de Tel-Aviv. C’est pourquoi il accepte l’appel d’une connaissance de la police militaire qui voudrait qu’il rempile pour quelques jours, le temps de tirer au clair une affaire qui embarrasse l’armée : Une jeune femme, soldate, accuse un brillantissime capitaine de l’avoir violée.
Tout semble aller contre elle : elle est instable alors que le jeune homme a des états de service irréprochables et est adoré de ses hommes. Des cabinets de Tel-Aviv à un avant poste au Liban, en passant par les petites villes perdues dans le désert, le pauvre avocat va s’apercevoir que tout est plus compliqué qu’il n’y paraît.
Je ne demandais pas plus que d’aimer ce bouquin. Et j’aurais voulu terminer l’année sur une note enthousiaste. Mais je me suis un peu ennuyé.
Pourtant ce polar n’est pas inintéressant : la peinture de la société israélienne par l’auteur est riche, complexe, et très éloignée de ce qu’on peut imaginer vu d’ici. Très contrastée mais finalement moins conflictuelle qu’on pourrait l’imaginer au vu des informations qui nous arrivent. Contrastée entre les arrivistes intéressés uniquement par l’argent, les fanatiques religieux, les patriotes qui n’agissent qu’en fonction de l’intérêt de l’état, et une bonne partie de la jeunesse qui erre, sans trop savoir que faire de sa vie. Mais ces gens là, comme dans toute société, cohabitent, vivent les uns à côté des autres, sans vraiment se croiser ni s’affronter. Seul l’enquêteur, obligé d’aller partout, se frotte à tout le monde.
Belle description donc, mais pourquoi ma réticence ?
Essentiellement parce que c’est mou, très mou. A l’image d’un narrateur mou et sans relief, qui passe son temps à dormir quand il n’est pas vraiment obligé de travailler. Et, à l’image du personnage principal qui n’a rien d’enthousiasmant, l’écriture aussi est molle et plate. Pas d’humour, pas d’éclats, pas d’enthousiasme. On ne sent pas la peur du narrateur quand il doit s’avancer en zone de guerre, on ne sent pas sa colère quand on se moque de lui, on ne sent pas sa pitié …
Dommage, avec une situation de départ qui aurait pu être brulante, j’ai eu la sensation de baigner dans une eau tiède. Il paraît que c’est le premier roman de l’auteur, le suivant, déjà publié en France, est peut-être plus réussi …
Maintenant, ciao, et à l’année prochaine.
Yishaï Sarid / Une proie trop facile (Teref Kal, 2000), Actes Sud/Actes Noirs (2015), traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz.
Faut que tu tentes « Une disparition inquiétante », de Dror Mishani, en Points Policier. C’est de l’excellent israélien.
Amitiés
Je note, et j’ai aussi de côté terminus Tel-Aviv de Liad Shoham chez 10×18.
Je n’ai lu que Batya Gour, chez Folio, pas déplaisant, mais rien d’exceptionnel non plus. Je ne sais pas ce que tu en penses, mais la Noire chez Actes Sud, ce n’est pas ce qu’ils font de mieux, déçue plusieurs fois
J’avoue que, à part Victor del Arbol et Carlos Salem, le reste c’est plutôt mauvais.
Et Nicolas Mathieu ! Pour une fois qu’ils éditent un auteur francophone, ils ont eu la main heureuse.
Exact, excellent Nicolas Mathieu.
Jean-Marc, tu as fait une inversion de lettre sur le nom de l’auteur.
C’est corrigé merci.
Je te conseille les 2 livres de Dror Mishani comme polar israélien : une disparition inquiétante et la violence en embuscade. Le personnage principal , le commissaire Avraham Avraham est vraiment très reussi.
Bonne fin d année
Je note.
Bonne fin d’année itou.
« Le poète de Gaza » est très moyen, très politiquement contestable, aussi, son succès peut surprendre.
Liad Soham reste sur de l’enquête classique un peu ennuyeuse.
Bizarrement, on parle moins souvent d’Avner Mandelman alors que son « Testament de Jaffa » est excellent, ce qui le met dans mes favoris avec Mishani.
(Pour Actes Noirs, tout de même, n’oublions pas Keigo Higashino !)
(Caroline)
Je note, et je m’économise aussi Le poète de Gaza.
Je note aussi le testament de jaffa.
Ah ben zut, j’ai failli me l’acheter hier, j’avais envie de l’aimer
Je crois que tu peux éviter …