Un auteur et un nouveau personnage algériens ; chouette. Voici Le français de Roseville d’Ahmed Tiab.
Kémal Fadil est commissaire à Oran. Une affaire va le sortir de sa routine : En abattant de vieux bâtiments de l’ancien quartier espagnol, une pelleteuse met à jour deux cadavres : celui d’un homme, et celui d’un enfant d’une dizaine d’années portant un crucifix autour du cou. Des morts qui remontent début des années 60, quand les derniers soubresauts de la guerre secouaient la ville.
Kémal va devoir reprendre, cinquante ans après, une enquête commencée par les policiers français. Il pourra pour cela compter sur l’aide de son ami Franck Massonier, flic à Marseille.
Je ne sais pas trop comment tourner la suite pour dire que c’est bien, mais que ça pourrait être beaucoup mieux … la réaction première qui me vient est : intéressant, bien fichu, mais un peu scolaire, ce qui du coup me fait passer pour un prof « qui se la pète » comme disent mes gamins.
J’ai eu, par moment, l’impression que l’auteur cherche à trop bien faire. Un exemple : dès qu’on a un nouveau personnage, il revient sur son passé, son entourage, nous fait son CV et explique ses réactions présentes. Systématiquement. Et cela alourdit et ralentit le récit, et lui donne un côté un peu mécanique. Il lui manque une confiance dans le lecteur (qui s’acquiert il est vrai au fil des ouvrages) qui lui permette de laisser des zones d’ombres, quitte à les éclairer par la suite si c’est vraiment nécessaire.
Il n’a pas cet équilibre très difficile à trouver entre tout expliquer, et paraitre donc scolaire, et considérer que le lecteur sait tout, et le perdre. Un équilibre bien entendu très délicat tant les lecteurs sont différents, dans leurs connaissances et dans leur façon d’appréhender un texte pour lequel ils n’ont pas forcément toutes les clés. En bref, à mon gout, il explique trop.
A côté de ça, Le français de Roseville se lit avec plaisir, et est fort intéressant dans sa description de la ville d’Oran hier et aujourd’hui : Il en dresse de portrait géographique, historique et humain en évitant les simplifications et sans passer sous silence les contradictions des uns et des autres.
Kémal Fadil est un personnage auquel on s’attache, et on aura plaisir à le retrouver, entre ses deux femmes. En espérant un roman un peu moins sage et appliqué, avec un peu plus de folie, de méchanceté, de zones d’ombre, et pourquoi pas de rires, de fureur et de larmes.
Pour résumer, un roman qui m’a intéressé mais pas emporté.
Ahmed Tiab / Le français de Roseville, l’aube noire (2016).
« Mais gamins »!
Macarel! Ce fichu traitement de texte, toujours étourdi, me copiera 100 fois « mon, mes, ton, tes, son, ses », etc, à faire signer par le papa JML.
Sinon, j’ai adoré le papier sur Camilleri, Montalbano et ses subordonnés insubordonnés. Merci à vous.
Pute vierge ! comme disent les espagnols. Merci.
Bonsoir, merci pour cette chronique encourageante et ce point de vue très intéressant. A bientôt j’espère.
Merci à vous, et si j’ai bien compris à bientôt pour la suite.
Bientôt commandé pour ma bib. Merci Jean-Marc, sans tes chroniques, je serais passée complètement à côté !
De rien, c’est fait pour !