Deon Meyer n’est plus, loin s’en faut, le seul auteur sud-africain traduit. Parmi les efficaces du thriller qui déménage, il y a aussi Roger Smith. Après Blondie et la mort, j’essaie Un homme à terre. Mais je ne suis convaincu qu’à moitié.
John Turner, sa femme Tanya et leur fille Lucy d’une dizaine d’années vivent à Tucson Arizona. Mais ils ne sont pas américains. Ils sont sud-africains et ont quitté leur pays après un événement traumatique que John veut à tout prix oublier.
Aux US, ils ont acquis une petite fortune. Si Tanya hait son nouveau pays aussi fort que sa famille, Lucy se sent totalement américaine, et John est tombé amoureux de son assistante, blonde plantureuse, le fantasme de tout adolescent aillant grandi en regardant de vieux films avec Marilyn.
Malheureusement pour lui, Tanya le tient par les couilles et menace de le faire tomber s’il la quitte. Un secret qui remonte à leur fuite de Johannesburg … Quand trois hommes armés déboulent dans leur villa et commencent à les tabasser, John sait que le moment de payer est venu, et que la violence va se déchainer.
Alors convaincu ? Ben pas tout à fait. Au vu des blogs polar je suis peut-être le seul, mais pour moi, déchaîner un enfer de violence gore, même avec beaucoup de savoir faire, ne suffit pas à faire un polar qui m’enthousiasme.
Je reconnais que la construction est absolument virtuose, que les dialogues claquent (c’est sans doute pour cela qu’on le compare à Elmore Leonard en quatrième), j’avais d’ailleurs déjà beaucoup apprécié les dialogues dans Blondie et la mort, et si on lit au premier degré, on peut dire qu’on passe un bon moment.
Pour autant, à quoi mène autant de virtuosité ? Pour moi, à pas grand chose.
La grosse différence avec Elmore Leonard, est qu’ici l’auteur n’a d’empathie, ou de sympathie pour personne. Et du coup moi non plus. Je me contrefous de tout ce qui peut arriver à cette collection de pourris. Ils peuvent se faire tabasser, découper, trucider … Même pas mal.
Certes les truands sont encore plus bêtes, et encore plus méchants que chez Leonard, mais il me manque le héros, cool, très cool, pour qui je vais trembler. Et j’ai l’impression que c’est plus facile de créer uniquement des personnages minables et haïssables, que je créer, chez le lecteur, une sympathie, même, et surtout, pour un minable.
Alors je l’ai lu jusqu’au bout avec un certain plaisir, et même un plaisir certain, avec la curiosité de savoir comment allait se terminer le jeu de casse-pipe … mais sans passion. Un peu comme on regarde une série Z à la télé, en buvant une bière, quand on a le cerveau trop fatigué pour faire quelque chose d’autre. C’est bien foutu, c’est rapide, c’est même virtuose, c’est gore, mais je n’en garderai pas un grand souvenir.
Roger Smith / Un homme à terre (Man down, 2014), Calmann-Lévy (2016), traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Estelle Roudet.
Mince alors… 😦
Mais pour l’instant je suis le seul à douter …
Faudra que je le trouve, le lise et voir si je te rejoins dans le doute ou pas…
Tu me diras.
Mieux que ça, je le publierai ! 😀
Les avis enthousiastes que j’ai lu m’avaient justemetn convaincus qu’il n’était pas pour moi… et te lire me le confirme (des déchainements gore et pas de personnages attachants 🙂 )
Je te confirme, pas un à qui se raccrocher.
Tu exagères,on tremble pour la gamine quand même.Les autres,c’est vrai,on peut dire qu’ils ont ce qu’ils méritent.
C’est là que ça coince pour moi, même la gamine je m’en fous, ce n’est (pour moi), qu’une silhouette sans grande épaisseur.
D’accord avec toi à 100 % Jean-Marc. Ça se lit, mais il y a un gouffre entre le découpage méthodique en rondelles et l’émotion qu’il procure, quasi nulle. N’est pas Stephen King qui veut… Et puis il nous emmène sur des fausses pistes qui se révèlent sans intérêt : les mensonges de Grace, par exemple, ne mènent nulle part, etc. Bref, une certaine déception, mais c’est mon premier Roger Smith, on verra avec les autres…
Le précédent que j’avais lu était mieux, mais pas non plus complètement inoubliable …