Une nouvelle maison d’édition, Agullo, un nouvel auteur italien Valerio Varesi et avec Le fleuve des brumes, ce qui ressemble fort à une nouvelle série.
C’est l’hiver, quelque part dans la plaine du Pô. Au cercle nautique les habitués jouent aux cartes et suivent attentivement la montée des eaux. A la radio on commence à parler d’évacuation et tous surveillent les digues avec anxiété. C’est sous une pluie battante que Tonna quitte le quai aux commandes de sa péniche. Etonnamment, il n’a pas allumé ses feux de position, et sa manœuvre semble hésitante sur le fleuve en crue, lui qui navigue depuis plus de soixante ans.
Plus tard dans la nuit, la barge est retrouvée échouée, personne à bord. Le lendemain le frère de Tonna passe par la fenêtre du troisième étage de la ville voisine. Suicide ou meurtre ? Le commissaire Soneri en charge des deux affaires va se heurter au silence des habitués du fleuve, un silence qui, cinquante ans après, couvre encore les haines du passé, quand les Tonna, fascistes membres des chemises noires chassaient les communistes et les partisans.
Du bon travail, solide, comme l’aiment les amateurs de polars. Si on veut chipoter on peut regretter un léger coup de mou dans le milieu du roman, quand l’intrigue et les personnages pataugent, mais c’est vraiment secondaire.
Le véritable personnage du roman, celui qui rythme l’intrigue et la vie de tous les autres c’est bien entendu le fleuve. Tout tourne autour de lui, des centimètres inondés, de ce qu’il cache, de ce qu’il finira par révéler. Les hommes en vivent, y vivent et y meurent. Il coule, déborde, se transforme en brume ou en glace. C’est vraiment lui, le décor, le moteur, et le cœur magnifiquement décrit de ce roman.
Ensuite on est dans du classique efficace : De bons personnages, des meurtres qui plongent leurs racines dans un passé douloureux et jamais complètement réglé (le fascisme), l’oubli des nouvelles générations, la mémoire des plus anciens.
Ca marche, c’est bien fait et on aura plaisir à retrouver le commissaire Soneri … et le Pô.
Valerio Varesi / Le fleuve des brumes (Il fiume delle nebbie, 2003), Agullo (2016), traduit de l’Italien par Sarah Amrari.
Je te rejoins sur le coup de mou.
Même avec ce coup de mou, c’est un très bon roman, et on attende la suite.
Je ne suis pas du tout entré dans le livre. Pour moi le coup de mou a duré tout le bouquin et je me suis un peu ennuyé à la lecture.
Dommage. n’insiste pas, c’est le rythme des autres. Moi j’adore.
Mieux vaut tard que jamais, je commence à peine cette visite de la plaine du Pô (je m’en étais tenue à Aoste, Milan, la Sicile et Naples). Je suis dans les 100 premières pages et je ne sais pas quoi en penser. Les autres auteurs italiens m’ont habituée à des personnages hauts en couleur et là, Soneri me reste un peu insaisissable. J’espère qu’il va prendre de l’épaisseur parce que, pour l’instant, comparé à Ricciardi ou à Rocco Schiavone, il ne fait pas encore le poids.
Par contre, les descriptions des intempéries et du fleuve sont magnifiques.
Il est moins exubérant, mais dans celui-ci c’est le fleuve le personnage principal, et tu verras que Soneri prend de l’épaisseur au fil des romans.
Merci pour cette découverte, qui donne envie de poursuivre un bout de chemin avec le commissaire Soneri.
De rien. Tous les Soneri sont excellents.