C’est un collègue qui, à la lecture de ce blog, m’a conseillé de lire Le goût de l’immortalité de Catherine Dufour. Il faut toujours écouter ses collègues !
Mandchourie, ville de Ha Rebin, vers 2300 et quelques. La pollution a ravagé la Terre, une petite minorité de privilégiés vivent dans des tours immenses, de plusieurs kilomètres de haut, le reste de l’humanité, ceux qui ont survécu aux différentes épidémies, survivent dans les sous-sols.
Une vieille, très vieille femme, raconte. Raconte comment elle a grandi, et comment elle est devenue si vieille. Ce qui nous ramène en 2213, quand, loin de là, une épidémie de paludisme, maladie pourtant disparue depuis longtemps, avait frappé la Polynésie. Et comment Cmatic, l’enquêteur européen finit par arriver à Ha Rebin, et à aller vers le sous-sol …
Quel bouquin ! Moi qui aime le noir et n’aime pas l’eau tiède, j’ai été servi. Une véritable claque.
Avec une première partie inquiétante, où l’auteur laisse entendre que des horreurs se trament ici ou là, mais que l’on ne voit jamais directement. Avec des allusions à un passé pas folichon qui a mené à la catastrophe décrite. Une écriture qui laisse entrevoir sans montrer et qui fait monter l’angoisse.
Puis une deuxième partie où elle nous plonge en enfer, pour petit à petit assembler les pièces du puzzle. Pour un tableau final sans concession, sans pitié pour le lecteur. Sans illusion sur la nature humaine.
« Pardonnez-moi, mais je ne crois pas à cette sagesse des anciens pour laquelle vous avez tant de respect. Car les vieillards sont ceux qui ont beaucoup vécu et donc beaucoup souffert. (…) La souffrance n’élève pas, elle abaisse. Elle ne rend pas intelligent, elle abrutit ; elle ne rend pas plus fort, elle fêle ; elle n’éclaircit pas la vue, elle crève les yeux ; elle ne mûrit pas l’esprit, elle le blettit. »
Mais en même temps un tableau qui ne manque pas d’une beauté vénéneuse, avec du suspense, une langue très inventive et des descriptions d’une grande puissance poétique.
Vraiment un belle claque, merci collègue !
Catherine Dufour / Le goût de l’immortalité, livre de poche (2007).
Allez, je vous fais confiance ainsi qu’à votre collègue 🙂 je viens de le commander
Quelle confiance, et quelle réactivité !
Trouvé sur le présentoir de la bibli il y a quelque temps, et… bonne pioche : j’ai adoré!!!!
Très original, et ça secoue !
Content que cela t’ai plu ! Catherine Dufour est vraiment une grande auteur au style unique.
Ses interventions aux Utopiales cette année étaient également très sympas, notamment une table ronde sur la recherche de l’immortalité et toutes ses dérives.
Et surtout merci à toi pour le conseil !
Je l’avais un peu oublié mais je me souviens d’une bonne lecture… A-t-elle ecris récemment?
Sur son site on trouve quelques nouveautés :
http://kat.mecreant.org/category/science-fiction/
Mais c’est que ça fait peur, ce genre de chronique si tôt le matin ! Je passe mon tour parce que j’en ai trop, trop, trop à lire !
Reviens la lire le soir !
Juste avant d’aller dormir ??? NAN !!! 😉