Pour finir l’année la série noire nous offre un court texte qui fait un bien fou sans être mièvre ni consensuel. Un vrai bonheur. C’est Planète vide de Clément Milian.
Patrice Gbemba, dit Papa, a 11 ans, il est petit, porte des lunettes, aime son livre sur les étoiles et l’espace, et fait tout pour passer inaperçu au collège. Malheureusement les cons dominants ont décidé qu’il serait leur souffre-douleur. Alors Papa encaisse, et essaie de ne rien montrer à sa maman qui l’élève seule et rentre épuisée du boulot le soir.
Jusqu’au jour où Papa pousse un de ses tortionnaires qui tombe sur la rue et est percuté par une voiture. Paniqué Papa fuit, la police et la vengeance des caïds. Il se retrouve seul, quitte sa banlieue et entre dans Paris où il va errer seul, terrifié, affamé, frigorifié et parfois émerveillé en cette fin de mois de décembre.
Que ce livre est bon. Deux cent pages, format poche, chapitres courts. Un concentré d’humanité. Un cocktail de tendresse, de justesse dans le regard, de trouille, de faim, de froid, de poésie, de désespoir et d’espérance. Un concentré de vie. Un regard d’enfant, qui peut encore rêver et s’émerveiller, mais qui voit bien qu’une bonne partie du monde extraordinaire qu’il aperçoit n’est pas pour lui et le rejette.
Un regard lucide, poétique et déchirant sur notre indifférence, notre solidarité, nos petitesses et notre générosité. Un regard qui nous réapprend à apprécier l’arrivée du soleil, un mot gentil, un sourire, une marque d’attention. Et qui nous réapprend à nous indigner de notre froideur et de notre indifférence aux malheurs des plus faibles que nous.
Un vrai cadeau de Noël.
Clément Milian / Planète vide, Série Noire (2016).
ça donne envie de le lire !
Et bravo pour les bêtes à Bon Dieu dont l’humeur, la gestuelle et les paroles (quand il y a une bulle) sont parfaitement adaptées ! J’adore !
Pour ne pas oublier tout de suite tout ce qu’on doit à Gotlib …Et si ça donne envie de le lire, l’objectif est atteint. Merci.