Les amateurs de polars ont découvert Thomas Bronnec avec son polar étonnant Les initiés, qui réussissait l’exploit de les intéresser aux intrigues du ministère des finances à Bercy. Il revient avec un nouveau polar politique, En pays conquis.
Juin 2017. Aux élections présidentielles, la droite d’Hélène Cassard a été éliminée pour quelques voix du second tour qui s’est jouée entre la « gauche » déjà au pouvoir et l’extrême droite, amenant la réélection du président sortant. Mais les législatives qui ont suivi ont changé la donne. Personne n’a la majorité absolue, et la droite qui le plus de sièges choisi alors de s’allier avec le Rassemblement National pour imposer une cohabitation.
Dans l’ombre, François Belmont, nostalgique d’une France qui n’existe plus depuis longtemps, fils de collabo et ancien partisan de l’Algérie française est devenu le conseiller de Cassard, son argentier et, en sous-main, celui de l’extrême droite. Il pousse à un rapprochement entre les deux partis, et à une sortie de l’Europe. Rien ne semble pouvoir lui résister, au grand désespoir de Bercy.
A moins que la mort, quelques semaines auparavant de Christian Dumas, président de la Commission de vérification des comptes de campagne ne vienne enrayer sa mécanique.
Après le feu de Aura Xilonen, la glace de Thomas Bronnec. Après les passions déchainées de Liborio, sa vitalité, ses réactions intempestives et instinctives, son appétit de vie, le monde glacé, quasiment désincarné de gens dont le seul objectif est l’accumulation d’argent et de pouvoir, des gens qui contrôlent toutes leurs paroles et leurs réactions, qui calculent tout, et ne semblent jouir de rien.
En pays conquis prend la suite du roman précédent, et on y retrouve l’incroyable capacité de l’auteur à nous intéresser aux manigances et aux magouilles plutôt techniques (et c’est peu de le dire) de personnes qu’on voit habituellement de très loin, et qu’on considère, de plus en plus, comme tous pourris … Il nous intéresse en créant de vrais personnages, en nous faisant ressentir leur ambition, mais aussi, paradoxalement, la vacuité de leur vie. Il capte notre attention grâce à la mécanique parfaite de son intrigue, créant un suspense aussi irrésistible que celui des meilleurs thrillers.
Le complément parfait, finalement, de romans comme ceux d’Hervé Le Corre ou Aura Xilonen : Thomas Bronnec nous montre les manœuvres de nos élites auto proclamées, Le Corre ou Xilonen nous décrivent les effets directs ou indirects de leurs actes et de leurs décisions sur le commun des mortels.
Et tout ça en lisant des polars. Que demander de plus ?
Thomas Bronnec / En pays conquis Série Noire (2017).
C’est vrai ce que tu dis à propos de la vacuité de ces gens, c’est quelque chose que Thomas Bronnec rend très perceptible. Quant au suspense, je suis d’accord, c’est assez sidérant comme il parvient à captiver tout en étant très technique.
J’en suis tout étonné, mais j’ai été accroché !
Je n’avais pas accroché à son précédent, « les initiés », que je n’ai pas terminé, en fait… Donc, je ne sais pas si je vais poursuivre avec le suivant !
Si tu n’as pas pu terminer le premier, il serait étonnant que le second te passionne, c’est le même monde.
J’avais trouvé le précédent pas mal, mais sans plus. Et aujourd’hui je viens de recevoir les derniers : Del Arbol, Stuart Neville, Michaël Mention et Hervé Le Corre. Il faudrait que les nuits fassent au moins 15 heures (puisque je lis la nuit)… Et dire qu’il y a des gens qui s’ennuient 😉
C’est vrai qu’on ne risque pas de s’ennuyer.