On pouvait craindre que les enquêtes du commissaire Ricciardi s’arrêtent à la fin du cycle des quatre saisons. Ouf, il n’en est rien. Revoici le héros mélancolique de Maurizio de Giovanni dans Le Noël du commissaire Ricciardi.
Fin décembre 1931, Naples toute entière prépare Noël. Toute sauf Ricciardi qui est appelé, avec son fidèle adjoint le brigadier Maione, dans un appartement cossu. Une femme égorgée proprement ; le mari lardé de coups de couteaux baigne dans son sang sur son lit. Très vite l’enquête s’annonce délicate : l’homme avait un grade élevé dans la milice fasciste qui contrôle le port. Un grade obtenu en dénonçant la corruption supposée de son chef. Et il s’avère vite que le milicien modèle n’était pas si honnête, et c’était fait de très nombreux ennemis … Pendant ce temps, Naples prépare Noël.
Je l’ai déjà écrit, je le redis et je le confirme, j’adore Ricciardi, j’adore De Giovanni, j’adore sa façon de décrire Naples. Voilà, je pourrais m’arrêter là et vous renvoyer aux chroniques sur les quatre précédents romans. Mais je ne vais pas le faire.
Parce qu’une fois de plus, c’est un plaisir immense de retrouver sa description subtile et intelligente de la montée du fascisme dans la Naples de années trente, l’humanité de son regard sur les plus faibles, et de continuer à suivre la vie de Maione et sa famille, du docteur antifasciste Modo et de Ricciardi, ses peines, ses amours, sa solitude, on découvre. Et parce que comme chaque fois, une nouvelle facette de la ville et de ses habitants nous est présentée.
Avec ici des descriptions magnifiques des traditions de Noël qui ponctuent et rythment le roman : les crèches, les camelots, les vendeurs de victuailles, les recettes … l’excitation qui monte. Tout cela sans oublier de montrer comme cette période peut être différente suivant que l’on est à l’abris de la faim, ou pauvre pêcheur survivant difficilement de son travail dans des logements insalubres.
C’est fait avec éclat et brio, on sent, on entend, on goûte, on rage, on s’émerveille, on compatit sans que cela ne soit jamais larmoyant. Cela donne immédiatement envie d’aller passer Noël à Naples pour voir si c’est toujours aussi vivant. Et tout cela sans jamais oublier de construire une intrigue solide, riche en rebondissements et parfaitement cohérente.
Décidément, la série Ricciardi est bien l’une des grandes série du polar actuel, une des grandes séries du polar tout court.
Maurizio de Giovanni / Le Noël du commissaire Ricciardi (Per mano mia, 2011), Rivages/Thriller (2017), traduit de l’italien par Odile Rousseau.
Vraiment d’accord avec toi, j’aime énormément cette série, le personnage et l’écriture et j’hésite encore pour Pâques entre Naples et…Florence. Bises.
Ce seront de toutes façon d’excellentes vacances … Bises.
Je ne connais pas encore le commissaire Ricciardi, mais cette chronique me donne envie de faire sa connaissance.
Autant commencer par le premier, L’hiver.
D’accord c’est noté merci.
Bon, j’ai fini le Stuart Neville (excellent d’ailleurs au passage), Jean-Hugues Oppel attend sur la pàl et après je ferai la connaissance du commissaire Ricciardi !
Je suis immergé dans le Oppel, excellent, quel plaisir de le retrouver !
Heureux de pouvoir lire cette suite de la série,découverte grace a vous.
De rien, tout le plaisir est pour moi.
C’est avec beaucoup de retard que j’ai enfin fait la connaissance du commissaire Ricciardi. Je ne suis pas déçue : c’est du grand art. Impossible de le lâcher. C’est incroyable à quel point on a l’impression d’être dans l’histoire. On est à Naples. On sent le froid, on sent les odeurs du port, on sent la nuit, on ressent la tristesse de Ricciardi et de quelques uns des personnages maudits qui l’entourent, on est au milieu des crêches, des santons… Ça fait longtemps qu’un romon ne m’avait émue à ce point, que je ne m’étais sentie en empathie avec des personnages que je rencontre. Et quelle écriture magnifique ! Je vais devoir tout rattraper car (grâce à toi) je viens de découvrir un grand auteur. Merci.
Bien entendu, je ne peux qu’être d’accord. J’adore cette série. Et l’autre, parue au Fleuve qui se déroule de nos jours, si elle a démarré un peu plus faiblement est maintenant au même niveau.
Là, je suis tombée dans les Ricciardi, je continue. Pas raccord avec la saison, mais je suis dans l’hiver 😉
Pas grave, toutes les saisons sont bonnes.
Je ne vais pas être original, comme les précédents ce dernier opus est excellent. Quel bonheur de retrouver tous ces personnages et de suivre les amours du commissaire. Moi je craquerais plus pour Livia qu’Enrico mais je ne suis pas le héros.
C’est qu’il est compliqué Ricciardi, moi aussi je craquerais pour Livia.