J’avais déjà beaucoup aimé Le matériel du tueur de Gianni Biondillo, qui d’ailleurs avait gagné le prix Violeta Negra il y a quelques années. Et j’ai adoré, coup de cœur absolu, le dernier, Le charme des sirènes.
Si vous avez lu Le matériel du tueur, vous vous souvenez sans doute de l’inspecteur Ferraro de Milan. Il mène une vie « tranquille », aussi tranquille que possible avec un chef arriviste, une fille ado, et des amis d’enfance dans le Quarto Oggiaro, le quartier … compliqué de Milan.
Elle va devenir beaucoup moins tranquille quand, bien contre son gré, il est affecté à l’enquête sur l’assassinat d’une top model pendant le grand défilé de mode de la gloire locale et internationale, Varaldi. Hargneux, décidé à haïr tout le monde, il déboule dans ce grand monde milanais comme un chien enragé.
Ailleurs, beaucoup plus au sud, Oreste dit Moustache, clodo depuis toujours décide de revenir mourir dans son quartier, le Quarto Oggiaro de Milan. Sur sa route il va rencontrer Aïcha, gamine échouée récemment sur une plage italienne à la recherche de son grand frère installé à Milan, et croiser la route d’un vrai sale con.
Et tout ce monde se retrouvera, peut-être, à Milan.
Comment dire à quel point je me suis régalé avec ce roman ? Dès le premier chapitre, la première scène, plusieurs éclats de rire. Si vous ne me croyez pas, entrez dans une librairie ou une bibliothèque, ouvrez le bouquin et lisez pourquoi il ne faut jamais réveiller Mimmo, l’Animal.
Et les éclats de rire vont se multiplier au fil des pages. Le regard de Ferraro (et de Biondillo bien sûr) sur le milieu, très artificiel de la mode est sans pitié, sans concession, mais également sans méchanceté gratuite. Il sait y voir la beauté, les souffrance, la fierté du travail bien fait, la férocité des rapports humains, le ridicule et l’affectation, les préjugés (les siens en premier). C’est criant de vérité, et c’est l’illustration permanente de l’existence de deux villes de Milan qui ne se côtoient jamais, ou presque. Celle des riches et de l’ostentation, et celle de Mimmo, de Ferraro, des familles qui ne trouvent pas de logement, des quartiers où le racisme et l’extrême droite reprennent du poil de la bête.
Tout cela en nous faisant rire, en nous émouvant, avec des dialogues magnifiques, et un regard d’une justesse absolue. Ne serait-ce que pour les scènes entre Ferraro et sa fille, lisez le bouquin, j’ai eu l’impression que Biondillo était venu chez moi, sans que je m’en aperçoive, pour filmer puis retranscrire les discussions avec la mienne !
Certes j’avais deviné avant la dernière page le fin mot de l’histoire, mais ce n’est pas grave, pas grave du tout, tant jusqu’à la dernière ligne ce diable d’auteur m’a amusé, mais aussi ému profondément.
Pour résumer, c’est un livre drôle, émouvant, intelligent, pertinent et indispensable. Et si vous en avez l’occasion, ne ratez surtout pas l’occasion de rencontrer l’auteur, il est absolument extraordinaire à l’oral.
Gianni Biondillo / Le charme des sirènes (L’incanto delle sirene, 2015), Métailié (2017), traduit de l’italien par Serge Quadruppani.
Si ce nouveau personnage vaut Ricciardi ou Schiavone, ça donne envie 🙂
Ricciardi, Schiavone, le juge Alberto Lenzi ou le commissaire Soneri … Les héritiers de Montalbano (qui heureusement se porte comme un charme) sont nombreux et également talentueux ! Oui c’est du même niveau.
L’italie nous gâte… J’y ajouterais le commissaire Bordelli
J’avoue que je ne connais pas celui-là.
Commissaire Bordelli de Marco Vichi (Editions Rey) – 3 romans parus dont le dernier « Mort à Florence » a obtenu le prix Scerbanenco en 2009. Un commissaire aimant les femmes, le bonne nourriture, ancien résistant (on est dans les années 60), légèrement désabusé, antifasciste dans l’âme et surtout un humain attachant. A découvrir !
Bon, il faudrait donc que je m’y intéresse. Merci.
Tentateur ! Tu le vends bien, je me rends, tu as gagné !! 🙂
Oui !
Quel bonheur ! Il m’a fait rire, réfléchir, m’a mis les larmes aux yeux aussi. Décidément oui, le polar italien se porte bien.
Pareil ! Il y a des auteurs italiens absolument extraordinaires en ce moment.
Le matériel du tueur m’avait plu mais pas entièrement convaincu. Mes résistances sont tombées avec le charme des sirène. Encore un auteur à suivre et à ne as lâcher. Décidément le polar italien se porte très bien. je vais aller découvrir Varesi. Auparavant je vais donner un seconde chance à Camilieri dont mes 1res lectures ne m’avaient pas enthousiasmé mais comme tout le monde m’en dit du bien (notamment mon épouse) c’est que j’ai dû passé à quelque chose
à côté de quelque chose (il manquait un mot)
Le charme des sirènes est vraiment exceptionnel, et c’est vrai que l’école italienne est magnifique en ce moment. Camilleri, j’adore, mais je sais qu’on peut rester hermétique, question de gout. Essaie peut-être un des premiers, le voleur de goûter.
J’avais essayé il y a quelques années avec ‘les chiens de faïence » et je crois « la forme de l’eau ». La je vais prendre « lame de lumière » car c’est e seul que j’ai chez moi. Si ça me plait j’essaierai « le voler de goûter ».
Tu me diras.
Promis Vosseigneurie
Et bien j’ai bien fait de retenter, ça m’a vachement plu. Je vais y retourner pour rattraper mon retard et parfaire mon éducation. Décidément ces italiens sont meilleurs en polar qu’en rugby.
Alors, pour en avoir discuté avec lui l’an dernier à Toulouse, les deux premiers traduits chez Losfeld étaient assez mal traduits, surtout le premier qu’il a qualifié de catastrophique. Du coup je lui avais pris le second « La mort du coeur » que je n’ai pas encore pris le temps de lire.
Et c’est vrai qu’en ce moment les italiens sont très très forts en polar.
je suis passé à mon comité d’entreprise à midi et jai pris Un été ardent est-ce un bon choix ?
Vu qu’il n’y en a eu que 4 de traduits (et d’écrits ?), je crains que celui-là ne soit le premier, et donc, d’après Biondillo, assez mal traduit.
Tu me diras.
On est parti sur un quiproquo, je te répondais sur Camilleri et sur le fait que j’avais bien fait de lui donner une 2nde chance car j’ai beaucoup aimé « une lame de lumière »et que du coup j’avais été prendre pour lire « Un été ardent » de Camilleri et pas de Bondillo.Bien fait pour moi je n’aurais pas du continuer la conversation ici mais dans la page consacrée à « une lame de lumière »
Allez bon weekend
Oups, je m’ai donc gouré. Tu me diras, je ne me souviens pas précisément de tous les Camilleri, je sais juste qu’il est de plus en plus drôle.