C’est le premier bouquin de la rentrée (pour moi) : Smile de l’irlandais Roddy Doyle.
Victor Forde a été un des personnages en vue du miracle irlandais. Pendant quelques années, il a publié une poignée de chroniques, a été invité à la radio, a été un de ceux dont on parle. Entre autre à cause de son mariage avec la très belle et très célèbre Rachel Carey, son grand amour, dont il vient de se séparer.
Aujourd’hui il est retourné dans un quartier populaire de Dublin, il essaie de se remettre à l’écriture et traine, le soir, dans le pub proche de son appartement. Il tente de se refaire des potes de bar, tranquillement. Jusqu’à ce que Ed Fitzpatrick le trouve. Un ancien de son collège catholique. Victor ne se souvient plus de Ed, mais, petit à petit, il va se souvenir des années du collège, de la violence des religieux, de ce qu’il a subi. Tout le passé, proche mais aussi plus lointain va lui exploser à la figure.
Le nom de Roddy Doyle ne me disait rien, jusqu’à ce que je vois qu’il était l’auteur de trois romans excellents, devenus des films caractéristiques de l’irish touch : The commitments, The Van, The Snapper. Donc je m’apprêtais à lire un bouquin à la dent dure mais plutôt drôle, avec des histoires de potes, de bière, avec des rires et des larmes.
Perdu, on est ici dans un tout autre registre. Beaucoup plus intime, plus subtil et plus mélancolique. On suit, au travers des souvenirs de Victor, le miracle irlandais vu par quelqu’un qui en faisait partie, sans jamais en être dupe. Qui a profité un temps avec en permanence l’impression d’être un imposteur. Qui semble avoir toujours gardé dans un coin de sa tête l’impression d’avoir lâché les copains, de les avoir abandonnés. Et au travers du vécu de Victor qui, du temps de son éphémère gloire a joué les provocateurs c’est une Irlande encore étouffée par le poids de l’église malgré ses allure de modernité que décrit l’auteur.
C’est fin, léger, on ne voit pas toujours où l’auteur veut en venir, entre souvenirs de la vie dorée et de son amour éperdu pour Rachel, et retours sur les traumatismes du collège des religieux, mais un malaise s’installe insidieusement pour le lecteur.
Et puis, et puis … Et puis les dernières pages vous retournent comme un crêpe, vous coupent le souffle et donnent une toute autre force à l’ensemble. Il serait impardonnable d’en dire plus, mais allez-y, lisez tranquillement, profitez de cette description de l’Irlande, puis prenez-vous la claque finale.
Roddy Doyle / Smile (Smile, 2017), Joelle Losfeld (2018), traduit de l’anglais (Irlande) par Christophe Mercier.
Je l’ai vu hier en librairie; j’avais bien aimé sa trilogie, moins d’autres de ses romans (« Paddy Clarke… »). Est-ce vraiment un polar ? Je n’avais pas l’impression…
L’impression est bonne, ce n’est pas vraiment un polar.
J’avais lu PAULA SPENCER. Un roman magnifique, sûrement très bien traduit car j’ai le souvenir d’une écriture très forte. J’ai gardé à l’esprit le nom de cet écrivain irlandais, bien que n’ayant rien lu d’autre de lui. Je vais acheter Smile. Merci! (re 🙂
De rien.
je le note ! je n’ai pas lu d’irlandais depuis longtemps (ah l’abandon des potes, le poids de la religion (surtout avec la visite du Pape)) oui c’est bien l’Irlande