J’avais découvert Andrée Michaud il y a deux ans avec Bondrée. Rivages a l’excellente idée de poursuivre la publication de ses romans avec Rivière tremblante.
Un jour d’été 1979, en plein orage, Michael Saint-Pierre, douze ans, disparait dans la forêt, au bord de la rivière, sous les yeux de son amie inséparable Marnie Duchamp. Marnie, gamine, n’a pas compris pourquoi son ami est parti en courant dans la forêt pour ne jamais revenir. Les habitants de la petite ville de Rivières-au-Tremble et les gendarmes, ont toujours cru qu’elle mentait. C’est pourquoi, dévastée, elle a quitté les lieux avec son père.
Trente ans plus tard, à la mort de ce père revenu habiter dans son village, elle décide de s’installer à Rivières-au-Tremble. Elle va y croiser Bill Richard, auteur de livres jeunesse, venu s’enterrer là par hasard, lui qui ne peut plus vivre en ville depuis que, trois ans auparavant, sa fille Billie a disparu à jamais entre l’école et son cours de danse.
Deux deuils impossibles, qui vont se télescoper quand le Michael, onze ans, ne rentre pas d’une balade à vélo. Pour les habitants du village et pour des flics pressés, Marnie et Bill ne sont pas des victimes mais de potentiels bourreaux.
Autant avertir le lecteur tout de suite : Lecteur, si les seuls polars qui t’attirent sont ceux qui proposent une enquête trépidante, des investigations poussées, de l’action, du suspense et des coups de théâtre, passe ton chemin, Rivière tremblante n’est pas pour toi. Si par contre la plongée dans une âme humaine au bord du gouffre te tente, si tu aimes les ambiances brumeuses, les personnages hantés par leurs fantômes, tu peux te précipiter.
Oui ce roman est très lent, oui il restera des mystères. Mais que cette lecture vous prend aux tripes ! Plus de 350 pages à tenter de sortir du deuil, à essayer de trouver une raison de vivre, à s’enfoncer dans une tristesse insondable, à se débattre avec une culpabilité d’autant plus difficile à surpasser qu’elle ne s’appuie sur rien de tangible. Et tout à la fin, dans les toutes dernières lignes, Andrée Michaud arrive encore à vous émouvoir.
Je ne vous dirai pas que c’est une lecture aimable. Au-delà d’une nature envoutante et parfois terrifiante, le portrait qu’elle brosse de cette petite ville et de la police québécoise n’est guère flatteur. Mais surtout l’écriture toute en finesse, mais d’une grande force prend le lecteur à la gorge dès les premières pages pour ne plus le lâcher. Préparez vos mouchoirs, et plongez dans Rivière tremblante.
Andrée Michaud / Rivière tremblante, Rivages/Noir (2018).
Comme toi, j’ai découvert cet auteur avec Bondrée, assez récemment puisque je l’ai lu cette année. J’avais déjà noté ce titre, qui semble très apprécié.
Si tu as aimé Bondrée, tu peux y aller en toute confiance.
Chouette chronique!
L’un des grands romans que j’aie lus cette année (tous genres confondus). Les amateurs d’action et de sensations fortes seront évidemment déçus (bouuuhh c’est trop lent, y a pas de fusil à pompe ni de meth, c’est pas un polar, etc.): qu’ils aillent voir ailleurs si la littérature y est. Poésie, profondeur, douleur, solitude. Noirceur vertigineuse.
Merci, nous sommes d’accord. J’en profite pour dire mon admiration pour le portrait de Ricciardi, un de mes personnage fétiche dans le numéro spécial de 813. Bravo maître.
Pareil : je profite honteusement de ce blog pour remercier monsieur Le Corre pour le portrait de Ricciardi, actuellement un de mes personnages préférés. 🙂
Je n’ai pas de souci avec un rythme lent et peu d’actions en général, mais j’ai abandonné bondrée – je m’y ennuyais fortement et certaines choses m’agaçaient du coup je ne suis pas du tout tentée par son nouveau roman .. je n’ai jamais ressenti l’atmosphère promise …. là j’ai fini un roman néo-zélandais et j’y étais avec le personnage principal 😉
Si tu n’as pas accroché à Bondrée tu peux laisser tomber celui-là.
Merci 😊 j’ai pas mal de polars sous le coude (que tu as déjà lu sûrement ils datent tous ..)
Pas forcément, il y en a trop, je ne peux pas tout lire !
vraiment?! 😄😂
Je dois bien en laisser passer un ou deux !
J’avais bien aimé son autre roman, je vais m’attaquer à celui-ci aussi, un jour…
Et de 3 rien que pour aujourd’hui !
Les affaires reprennent !! 😀
Pffff… quel bouquin ! A se tordre les tripes avec les deux personnages principaux, en essayant de sourire aux multiples expressions québécoises (bcp plus présentes que dans Bondrée, non ?)… Dévoré en 2 jours, il me reste une petite pierre grise dans mon coeur en y repensant (ou un sac de billes rouge dans ma poche…)…
Je ne sais pas si c’est plus que dans Bondrée. Dans Bondrée j’ai aussi le souvenir des mélanges d’anglais des deux ados et de français du Québec.
Je ne connais pas du tout l’auteure mais tu m’as donné envie de lire ce roman pour commencer.
Ils sont tous indépendants, mais peut-être Bondrée est-il plus « facile » pour un amateur de polars.
C’est noté. Merci.