Je ne vais pas faire dans l’originalité, et comme plusieurs blogueurs amateurs de noir je vais me réjouir ici de deux choses : le retour de La Noire de chez Gallimard et un nouveau roman de Ron Rash : Un silence brutal.
Quelque part dans les Appalaches, une petite ville. Le shérif est à quelques jours de prendre sa retraite. Tucker exploite un relais de luxe pour les clients riches qui veulent s’initier à la pêche. Becky est garde du parc, qu’elle connait comme sa poche, et poétesse à ses heures. Gerald, colosse au cœur fragile s’accroche à 70 ans à sa propriété qu’il refuse de vendre.
Dans les vallées certains font pousser de la marijuana avec l’accord du shérif, d’autres montent des labos de fabrication de cristal de meth et la commercialisent dans ces zones ravagées par la pauvreté.
La routine, jusqu’au jour où Tucker accuse Gerald avec qui il est en conflit d’avoir déversé du kérosène dans sa partie de rivière pour tuer ses truites. Tout semble accuser le vieil homme, mais le shérif, et surtout Becky, savent qu’il ne peut avoir tué ces poissons qu’il aime tant.
Ron Rash n’a pas besoin d’écrire un pavé plein de fusillades, d’effets pyrotechniques, de poursuite à travers le globe pour passionner ses lecteurs. L’intrigue est simple et pourtant prenante, mais ce qui compte c’est tout le reste.
Le constat est sombre, le fric, la pauvreté, le refuge dans la drogue qui transforme une jeunesse paumée en zombies, la perte du lien familial. Sans effets spectaculaires, sans héros invincible ni assauts à grands renforts fusillade, sur une ou deux scènes inoubliables Ron Rash arrive à créer une tension quasi insoutenable, à faire percevoir le silence angoissant avant la découverte de …
Heureusement des pages sereines dans la nature, une conversation tranquille sur une terrasse ensoleillée face à la rivière viennent illuminer cette noirceur. Et toujours chez Ron Rash la très belle description de personnages complexes, loin de tout manichéisme, des personnages sculptés par des passés qu’il nous laisse entrevoir par petites touches.
Bref toute l’humanité, la lucidité et la tendresse d’un auteur qui s’affirme, roman après roman.
Ron Rash / Un silence brutal (Above the waterfall, 2015), Gallimard / La Noire (2019), traduit de l’anglais (USA) par Isabelle Reinharez.
Une grande lacune certainement, je n’ai jamais lu Ron Rash. Après ta critique et d’autres, très envie de commencer avec ce silence brutal. Très belle couverture que cette nouvelle noire.
Très belle couverture pour les premiers volumes de La Noire. Et pour découvrir Ron Rash tu peux commencer par celui-ci ou Une terre d’ombre, Serena ou son recueil de nouvelles Incandescences.
Merci de tes conseils. Je vais débuter avec Serena que j’ai retrouvé dans une petite pile de livres non lus !!! Hum, Puis j’enchaînerai avec celui-ci, si l’essai est concluant, la couverture est trop belle.
Serena est très différent, plus dur, j’avais adoré.
Pas encore lu son dernier, mais j’avais moins aimé son avant-dernier… 😉
Celui-ci est mieux.
Si tu le dis, moi, je te crois ! 😀