Depuis son apparition dans L’hiver du commissaire Ricciardi, j’attends avec impatience les réapparitions du personnage créé par le napolitain Maurizio de Giovanni. Et ô joie, il revient avec L’enfer du commissaire Ricciardi.
La canicule estivale est là, telle une chape de plomb sur la ville de Naples qui prépare les fêtes de la Madonna del Carmine. Sur le coup de minuit, le professeur Iovine, sommité nationale, titulaire de la chaire de gynécologie est défenestré de son bureau, au dernier étage de l’hôpital. Ricciardi et Maione se retrouvent en charge de l’affaire, alors que la chaleur écrase tout.
Rancœurs, jalousies, amours déçues, chagrins inconsolables … malheureusement le quotidien des deux policiers qui vont mettre en lumière une carrière qui n’est pas aussi lisse et parfaite qu’il semblerait. Et qui, chacun de son côté, vont devoir affronter les difficultés de la vie familiale pour Maione et le poids de la solitude pour Ricciardi.
Encore un excellent Ricciardi, mais y en a t’il des mauvais ? J’y ai retrouvé tout ce que j’adore dans cette série. Des personnages terriblement attachants, la ville de Naples dans tous ses états. L’humanité de l’auteur et la justesse et la tendresse avec laquelle il décrit les plus démunis, les odeurs et les saveurs de chaque saison, la sensation que l’on a de connaître ces personnages et ces rues depuis toujours. Et le contexte historique de ces années 30 avec poids du fascisme, la misère qui pousse une partie de la population à l’exil.
Ne serait-ce que pour cela, chaque volume de la série est indispensable.
Cette fois, en prime l’écriture de l’auteur fait merveille pour décrire la canicule, comment elle abat et anesthésie tout, comment elle est différente d’une simple journée chaude et comment elle affecte la ville, ses habitants, son animation. Et que dire du chapitre médian, qui par petites touches décrit les différents protagonistes, écrasés de chaleur qui tournent et retournent dans la nuit, ressassant leurs remords, leurs soucis et leurs peurs ? Un vrai bijou au centre même du récit.
Pour finir, Maurizio de Giovanni, comme toujours, instille autant de suspense, de tension et d’attente dans la vie privée de Ricciardi et Maoine que dans une intrigue principale une fois de plus parfaitement tricotée. Et c’est cela qui fait que, le roman à peine refermé, le lecteur attend déjà avec impatience la suite.
Maurizio de Giovanni / L’enfer du commissaire Ricciardi (In fondo al tuo cuore. Inferno per il comissario Ricciardi, 2014), Rivages/Noir (2019), traduit de l’italien par Odile Rousseau.
Naples, un nouveau enquêteur pour moi, je note ! Merci pour cette présentation qui me donne envie !
Il faut tous les lire ! En commençant par le premier, L’hiver du commissaire Ricciardi. Il n’y en a pas un seul de raté.
Merci de donner envie pour replonger dans Naples!
Mon but est donc atteint.
J’aime beaucoup la série des Riccardi, l’athmosphere Napolitaine, les personnages, le contexte historique.
Ta chronique me donne envie de courir chez mon dealer préféré mon libraire.
C’était le but.
Décidément la qualité de la série se maintient. Ricciardi aussi efficace en enquêtes qu’il est emprunté avec les femmes. Bonne nouvelle : 4 autres romans sont parus depuis 2015. Mauvaise nouvelle : ils ne sont pas encore traduits et cela vient au compte gouttes.
J’adore aussi l’autre série de Maurizio di Giovanni sur le commissaire Locajono ; c’est un tout autre style mais c’est diablement plaisant à lire.
Malgré Salvini ou Berlusconi, Di Giovanni, Manzini et Camillieri nous font toujours aimer l’Italie.
Pour la traduction des Ricciardi, on en a un par an, donc on ne prend pas plus de retard que celui à l’allumage. Pour Locajono, malheureusement, j’ai l’impression que le Fleuve a arrêté de les traduire, ce qui est bien dommage. J’avais trouvé le premier un peu en dedans, mais après je les trouve vraiment excellents.
On aurait du voir paraitre le prochain Ricciardi, non?
On aurait dû. Mais tous les programmes de sorties ont été chamboulés. D’après ce que j’ai cru comprendre, pour l’automne, ou le début d’année prochaine.