La bibliothèque de Labège m’ayant demandé de présenter les romans de la série Robicheaux de l’immense James Lee Burke à l’occasion d’une soirée consacrée à la Louisiane, j’ai sauté sur l’occasion pour relire les premiers, dont je n’avais qu’un souvenir très confus. La pluie de néon et Prisonniers du ciel m’ont offert un excellent moment de (re)lecture.
Dave Robicheaux fait donc son apparition dans La pluie de néon. Il est flic à la brigade des homicides de la Nouvelle-Orléans, avec son partenaire Clete Purcel. Tout commence quand, lors d’une partie de pêche, il sort de l’eau le corps d’une jeune femme noire. Puis qu’il apprend par un condamné à mort de la prison d’Angola que des colombiens ont décidé de le descendre. Le début d’une enquête qui va voir Dave et Clete passer plusieurs fois les limites de la légalité, et Dave retomber dans l’alcool.
Dès Prisonniers du ciel le décor est planté. Dave n’est plus flic à la Nouvelle-Orléans, il habite à New Iberia, où il a une affaire de pêche. Alors qu’il est de sortie avec son épouse Annie, un avion s’écrase dans l’eau. Il plonge et arrive à sauver une gamine brune qui ne parle qu’espagnol. Alafair vient de faire son entrée dans sa vie. En même temps que pas mal d’ennuis. En étant témoin de cet accident il se met à dos quelques officines travaillant pour l’état, des mercenaires impliqués dans les guérillas d’extrême droite en Amérique Centrale et des trafiquants de drogue. La routine pour Robicheaux.
Intéressante cette plongée dans les premiers romans de la série Dave Robicheaux.
Tout d’abord parce que j’ai pu constater que, dès les premiers volumes, le talent, l’écriture, le lyrisme de James Lee Burke sont déjà présent. Les éléments constitutifs et caractéristiques de la série sont pleinement là.
Pas de round d’observation, pas de premier roman hésitant ou peu abouti comme dans certains débuts d’écrivains. Certes, avant La pluie de néon, l’auteur avait déjà publié 5 ou 6 romans, mais il est quand même notable de voir comment dès le départ il excelle dans de magnifiques descriptions des bayous et du golfe, lyriques et poétiques, comment le personnage de Robicheaux en proie à ses démons est déjà incarné et émouvant, comment le passé est présent dans ses souvenirs, que ce soit son père et sa vie d’ouvrier, l’esclavage, la guerre de sécession mais aussi sa guerre du Vietnam … Tout ce que l’on va adorer tout au long de plus de trente ans d’aventures est déjà là.
Une série rendue intemporelle par ces retours au passé et ces hommages à la nature, mais en même temps très ancrée dans son temps, véritable témoin de plus de trente ans de vie de la Louisiane et des US. Avec ici, dans ces deux premiers épisodes, tout le poids de l’aide américaine, officielle ou officieuse, au travers de la CIA ou de mercenaires et trafiquants plus ou moins tordus aux mouvements les plus violents et les plus à droites d’Amérique centrale.
Un vrai plaisir de revenir aux sources, je poursuivrai sans doute cette revisite … quand je trouverai un peu de temps.
James Lee Burke / La pluie de néon (The neon rain, 1987), Rivages (1996), traduit de l’anglais (USA) par Freddy Michalski, Prisonniers du ciel (Heaven’s prisoners, 1988), Rivages (1992), traduit de l’anglais (USA) par Freddy Michalski.
Ah oui! Définitivement.
Je savais qu’il y en aurait au mins un à qui cet article ferait plaisir !
je l’ai pris en route puis j’ai mis de côté .. mais l’idée de revenir au début, pourquoi pas ? bon j’ai déjà une tonne de polars à lire mais c’est quand même Robicheaux et surtout je risque bien d’aller dans son Etat dans quelques mois 😉 PS : l’édition de Rivages est superbe !
L’avantage de cette réédition c’est d’en proposer 3, après on peut prendre son temps et ne pas les lire à la suite. Je crois même que c’est mieux, pour éviter une éventuelle saturation de bayous.
bonjour, a noter également l’adaptation de « prisonniers du ciel » par Claire Le Luern et Marcelino Truong (Rivages) ou le trait de Marcelino Truonq colle parfaitement (à mon sens) au roman et à son atmosphère.
Je note, ça fait longtemps, c’est vrai, que je ne suis plus cette collection d’adaptations de Rivages.
Je suis en train de lire ce premier roman de la série. Je me suis demandé si le surnom de Belle mèche n’était pas un clin d’œil à Carella. Qu’en pensez-vous ?
Je ne crois pas, je n’ai rien lu qui aille dans ce sens, ni dans la série de Robicheuax, ni dans aucune interview de Burke, mais je peux me tromper.
De toute façon autant de plaisir de lecture avec Robicheaux que je lis dans le désordre qu’avec Carella que j’ai lu dans l’ordre. Vos critiques de lecture m’ont fait découvrir d’excellents auteurs
Merci ! J’en suis très heureux, c’est le but.
Première lecture de James Lee Burke et, méthodiquement, je commence par la pluie de néon. Votre article m’a permis de me remettre au noir avec un auteur nouveau pour moi et c’est vraiment sans regret. Donc un grand merci. Juste une sérieuse réserve sur la traduction : je suis vraiment agacé par les « genoux des cyprès », la « peau de l’estomac » et quelques autres médiocrités du même tonneau. On est bien loin de la méticuleuse rigueur d’un Manchette, non ?
désolé de bégayer ainsi mais mon commentaire précédent (pas encore publié) sur les traductions de Lee Burke est un peu injuste : les genoux de cyprès existent, je viens de m’en apercevoir ! Ce sont des plantes qui poussent dans les marais, sur les racines horizontales de cyprès chauve. Je reste tout de même déçu par une traduction qui me semble par moment trop peu travaillée.
Pas de soucis, et pas de problème de bégaiement ! Pour ma part, je n’ai pas remarqué de problèmes de traduction, et Freddy Michalski, un des traducteurs historiques de chez Rivages a plutôt très bonne réputation. Mais je ne suis pas forcément toujours extrêmement attentif …