Une quatrième de couverture intrigante, et une femme auteur dans la catégorie « petits blancs pourris dans les montagnes américaines ». De quoi attiser ma curiosité pour Mon territoire de Tess Sharpe.
A huit ans Harley McKenna a vu flamber la maison dans laquelle se trouvait sa mère, puis a vu son père tuer un homme. Duke l’a ensuite élevée seul, dressée serait un terme plus exact, tant il en a fait une femme redoutable, habile à tuer, de ses mains ou avec toute sorte d’armes. Il faut dire que Duke McKenna est le boss de ce comté dans les montagnes proches de la Californie, trafics en tous genres.
Aujourd’hui Harley a 23 ans, elle est proche de reprendre les commandes, mais elle sait que ce ne sera pas simple, et surtout elle veut le faire à sa manière, pas à celle de Duke.
Un avis élogieux de David Joy, et une quatrième de couverture qui compare le roman au magnifique Un hiver de glace de Daniel Woodrell, ça donne envie, mais ça place aussi la barre très haut. Très très haut. Du coup j’ai été déçu.
C’est la comparaison avec Woodrell qui est terrible. Car s’il n’est pas exempt de défauts, ce premier roman n’est pas non plus inintéressant.
Côté négatif, la construction systématique, un chapitre aujourd’hui, un chapitre de flashback, qui marche plutôt bien au début, finit par être mécanique et ralentit le rythme au moment où, approchant de la fin, il faudrait pouvoir resserrer l’action.
Ensuite si le personnage de Harley est bien construit, au centre de tout, les autres autour restent schématiques, et c’est bien dommage tant certains d’entre eux sont prometteurs et auraient mérité de gagner en épaisseur, en particulier certains autres personnages de femmes. Et pour finir avec ce qui pourrait être amélioré, Harley s’en tire vraiment trop bien. Dans un roman qui semble vouloir être très noir, au final tout est rose … Bon pas rose, mais tout finit trop bien.
C’est d’autant plus dommage que le roman ne manque pas d’intérêt et que finalement il se lit bien. Parce qu’on apprécie Harley, parce que le propos est intéressant, que son éclairage sur une façon de répondre aux violences faites aux femme est original et loin de tout misérabilisme, très loin (vous comprendrez si vous lisez). Parce que ce coin de montagnes est bien décrit, et parce que ça change un roman sur les petits blancs avec des personnages de femmes fortes.
Donc pas mal, une auteur à suivre, même s’il lui reste beaucoup de chemin avant de pouvoir être comparée à Daniel Woodrell.
Tess Sharpe / Mon territoire (Barbed wire heart, 2018), Sonatine (2019), traduit de l’anglais (USA) par Héloïse Esquié.
Ah, moi j’ai aimé, sans concession ! 😀 Mais comme toi, je n’aime pas les comparaison avec les autres auteurs. J’essaie de ne pas en tenir compte et pour celui-ci, je n’avais même pas relu le résumé et donc, les comparaisons. J’ai commencé ma lecture vierge de tout.
je crois que ce qui m’a le plus gêné c’est que ça finit trop bien, trop facilement. Mais je lirai sans doute le prochain s’il y en a un.
La comparaison est très fréquente dans le monde de la critique , souvent trop catégorique ou trop personnelle , elle reste a la fois une référence et une des faiblesses de l’exercice .Cela étant dit Merci et bravo pour tes conseils de lecture et de ce qu’il peut en advenir .
De rien. le problème ici c’est que la comparaison est un poil exagérée, et que ça dessert l’auteur plus qu’autre chose.
bon là vu que j’adore Un hiver de glace (dans mon panthéon) je ne peux donc qu’être déçue ? Eva a adoré. Du coup, je vais laisser passer du temps et le jour où je le croiserai à la BM (dispo) pourquoi pas ?
Disons qu’il faut oublier la référence.
J’ai emprunté ce livre à deux reprises, rien n’y fait, je n’aime pas, mais pas du tout! Autant j’ai aimé « Un hiver de glace » de Woodrell, « Il était une rivière » de Bonnie Jo Campbell, « My absolute darling » de Tallent, « Sweet Girl » de Travis Mulhauser, je n’arrive pas à avoir de la sympathie pour cette héroïne comparée à celle de Woodrell!
On est bien d’accord.