C’est parti, avec pour commencer l’année un polar/western, de Glendon Swarthout, publié une première fois à la série noire et réédité chez Gallmeister : 11h14.
Jimmie n’a rien d’un héros. Il est satisfait d’être resté un grand gamin plutôt lâche, auteur à succès de livres pour enfants, et très heureux de vivre à New York. Mais il ne sait pas dire non à la très belle et très sensuelle Tyler Vaught qui l’a épousé puis largué au bout de six mois. Alors quand Tyler lui demande d’aller enquêter pour savoir comment Max est mort à Harding, nouveau Mexique, il accepte. Même si Max était le salaud pour qui Tyler l’avait quitté. Même si son élégance très new yorkaise ne fera pas fureur dans l’ouest. Même si à Harding les faits d’armes des deux grands-pères violents de Tyler sont encore célébrés … Et bien entendu, le pauvre Jimmie va tomber en plein règlement de compte à OK Corral.
Excellente idée que cette réédition. Ne vous laissez pas prendre par le démarrage du bouquin, avec le ton badin et un poil agaçant du narrateur. Ca commence tranquille, plutôt drôle avec distance et dandysme. Et puis petit à petit le récit devient de plus en plus sombre.
L’auteur réussit parfaitement son polar, y intègre très bien une partie western, et montre ainsi à ceux qui auraient encore pu en douter que ces deux genres sont très proches. Sous des dehors faussement détachés il montre d’un côté le passage, en apparence, d’un monde « sauvage » où règne la loi des colts à un monde plus policé régi par le droit, mais gratte aussi sous la surface et nous montre la réalité sous les beaux mots.
Ajoutez que l’auteur sait parfaitement jouer avec les clichés, et en particulier celui de la femme fatale, glisse un bel hommage aux bibliothécaires et à la lecture, et construit fort bien son intrigue, et vous avez une manière plaisante et instructive de commencer vos lectures de l’année.
Glendon Swarthout / 11h14 (Skeletons, 1979), Gallmeister/Totem (2020), traduit de l’anglais (USA) par F.M. Watkins, revu par Marc Boulet.
Excellent roman en effet, je l’ai lu dans la version Série noire, suite à la recommandation de François Guérif dans son livre d’entretiens.
Comme je ne connaissais pas la première traduction, je ne sais ce que la nouvelle apporte, mais c’est effectivement excellent.
Je l’ai noté aussi car il me tente !
Tu peux y vazy.
Jyva !
Je suis en plein dedans, j’ai exactement le même ressenti que toi. Ça démarre un peu bizarre, tu te poses des questions sur ce personnage fort décalé et au final, plus tu avances plus tu accroches, l’intrigue prenant de l’épaisseur et de la profondeur.
Tu vas voir c’est de mieux en mieux.
Franchement, je me suis régalé! Quelle classe ce Swarthout! Comme dans Le Tireur, il conjugue à merveille la vieille Amérique, peuplée de colts et de règlements de comptes et celle du début du XXème siècle, des lois naissantes et des premières automobiles.
Par contre, je serais curieux de voir le texte original et les mots utilisés pour les « Mexicains »…
Bonne question que je ne m’étais pas posée … Sinon c’est vrai, je ne connais que ces deux textes de lui (Le tireur et celui-ci) et j’ai adoré les deux.
Salut Jean-Marc! Bénis soient les enfants et les bêtes, de Swarthout, est vraiment classe aussi; quand quelques gamins sans gloire domptent la poussière de l’Arizona, se jouent des codes du western et annoncent certains Losers chers à Stephen King, c’est touchant! La classe que Gallmeister ressorte ce genre de pépites.
Je note, tu sais chez qui c’est publié ?
C’est sorti chez Gallmeister. Désolé pour cette réponse trop tardive.
J’espère que tu vas bien.
Bonnes lectures.
Lucien
Je note.
Ici ça va, mais c’est long et c’est pas fini ! Et par chez vous ?
Salut! Ça se passe pas trop mal par ici: lectures, course à pied pour rester tendu et alerte et visionnage de la trop courte série Hap and Leonard pour ne pas oublier le Texas. Ici, à Montbéliard, la Peuge est à l’arrêt – peut-être pas pour les bonnes raisons – mais ça fait du bien!
J’espère que tout va pour toi! Bonnes lectures et Merci pour tes mots.
Lucien
Il y a une série Hap et Leonard ? Pas trop édulcorée ?
Ici ça va, sauf que sans les copains on dépérit quand même un peu, petit à petit …
Non, ça va encore. Les acteurs qui incarnent Hap et Leonard. Il n’y a « que » 3 saisons, qui correspondent aux 3 premiers bouquins de la série. La saison consacrée au Mambo des deux ours est vraiment cool!
Dommage, pas le temps de regarder des séries, ça fait des semaines que je n’arrive pas à terminer la première saison de True Detective, pourtant passionnante … Et je relis le 87° District, c’est simplement génial.
Ouais! La 1ère saison de True Detective est géniale! Elle m’a envoûté! Je n’ai jamais lu le 87° District…j’ai tellement de lacunes…
Il ne me reste plus qu’un épisode, je vais y arriver ! Le 87 ° c’est tout simplement génial. J’en suis au 40° dans ma relecture de l’intégrale, un vrai régal.
Je viens de lire ton billet sur True Detective. La Classe!! C’est vraiment une bombe cette série!! Il y en a combien des 87° District?
Si je ne me trompe pas … 55, et ça couvre toute l’évolution de Manhattan de 1956 à 2005. Ed McBain c’est permis deux entorses à la « réalité ». Tout d’abord Manhattan s’appelle Isola, pour ne pas avoir à s’embêter avec des changements mineurs que pourraient lui reprocher les lecteurs, et ensuite ses personnages vieillissent très très lentement … En 50 ans ils doivent prendre moins de 15 ans. Après, c’est tout simplement génial.