Un thriller aux Arènes ? Ça s’essaye. City of windows de Robert Pobi.
Le docteur Lucas Page est une sorte de génie, professeur d’astrophysique, il a la capacité unique de modéliser instantanément tout son environnement de façon mathématique et d’en tirer les conclusions qui s’imposent. C’est comme ça qu’il a, des années auparavant, travaillé pour le FBI. Il a failli en mourir et s’est retrouvé avec quelques prothèse métalliques. Cela n’a pas arrangé sa misanthropie, et il s’est bien juré de ne plus jamais approcher, de près ou de loin, les agents fédéraux.
Jusqu’à ce qu’on sniper commence à faire des cartons sur des membres de son ancien employeur dans les rues de New York, alors que des conditions météo ont transformé la ville en petite Sibérie. Parce que la première victime est son ancien coéquipier, et parce qu’il ne se sent jamais aussi vivant, même diminué, que face à un tel défi, il accepte de participer à la traque.
Soyons honnête, si j’étais tombé sur le résumé que je viens de pondre je n’aurais sans doute pas lu le bouquin. Parce que la traque du super sniper par le super flic … Est-ce que j’aurais pour autant raté un grand roman ? Non. Est-ce que j’aurais raté une lecture agréable, un bouquin bien fait qui se lit tout seul ? Oui.
C’est sans doute mieux que le thriller de base (mais en lisant très peu après quelques désillusions, je suis mal placé pour juger). Pas mal écrit, bien construit, efficace, on a envie de tourner les pages. Si l’auteur joue assez joliment avec les clichés, il n’évite pas quelques ficelles bien grosses et des cliffhangers de fin de chapitre qu’on a déjà vu. De même les deux super-humains face à face, le sniper et le cerveau offrent quelques facilités scénaristiques et maintiennent d’une certaine façon le lecteur à distance.
Cependant le ton alerte, la critique, certes pas nouvelle mais quand même bienvenue et plutôt inhabituelle dans la littérature fortement burnée du thriller à armes à feu, de la putasserie des media et des incohérences du lobby des armes, et l’humour découlant de la mauvaise humeur assez systématique de deux ou trois personnages allègent et vivifient le tout et en font un roman plutôt recommandable.
Une bonne lecture si on veut du rythme et pas trop de maux de tête.
Robert Pobi / City of windows (City of windows, 2019), Les arènes/Equinox (2020), traduit de l’anglais (USA) par Mathilde Helleu.
Je garde plutôt un bon souvenir de son premier roman, « L’Invisible », paru il y a des lustres chez Sonatine. Avec le même genre de petites réserves (un super flic, déjà, du déjà-vu dans les éléments d’intrigue de base, et quelques facilités scénaristiques) que tu mentionnes, qui n’en faisait pas un livre exceptionnel, mais tout de même, dans le genre, un livre au-dessus de la moyenne. Surtout que la fin était impressionnante, très réussie.
Assez tenté je suis donc par ce nouveau !
Ca a l’air d’être du même genre, un écrivain très efficace pour vous faire tourner les pages, et pas putassier, sans être un génie.
Je découvre cet auteur,ce livre m’a beaucoup déçu;l’intrigue traîne en longueur.Une critique de l’Amérique,ses excès,sa cassure.Pour le suspense,lisez plutôt un Michael Connelly.
Bon, j’avais trouvé que c’était un bon divertissement sans plus. J’ai lu pas mal de Connelly il y a bien des années, j’ai beaucoup aimé, et puis je me suis lassé, entre autres de sa manie de la fausse fin à 30 pages de la vraie.
En accord avec toi sur les Connelly à force; merci de répondre et tes critiques sur le vrai Noir bien écrit.
C’est quand même la moindre des choses que de répondre à ceux qui prennent la peine de laisser un commentaire. Merci à toi.