Et juste après la première claque de l’année, la seconde, avec le très sombre Mictlán de Sébastien Rutés.
Un semi-remorque. Avec une remorque frigorifique contenant 157 cadavre, empaquetés et congelés. Au volant, le Gros, et le Vieux. Leur boulot, rouler, rouler, sans jamais se faire arrêter par les flics ou les militaires jusqu’à ce que le Commandant leur dise qu’ils peuvent arrêter. C’est absurde, certes, mais nous sommes au Mexique, où il y a interdiction d’enterrer les cadavres non identifiés en attente d’autopsie. Et le Gouverneur candidat à sa réélection, a dit que la criminalité avait diminué. Donc les cadavres ne doivent pas réapparaitre. Comme des gens très riches, très importants et très dangereux ont intérêt à ce que le Gouverneur soit élu, le Vieux et le Gros savent qu’ils jouent leur vie.
Ce qu’ils ne savent pas, c’est combien de gens tout aussi riches, importants et dangereux ont intérêt à ce qu’il perde l’élection. Mine de rien, c’est un camion de dynamite qu’ils conduisent dans le désert mexicain.
Si vous cherchez un roman drôle et aimable, vous pouvez passer votre chemin. Le constat est désespérant. Violence à tous les niveaux de la société, corruption, mépris de la vie humaine, perte de toute forme d’empathie, méfiance généralisée … Vous embarquez dans le camion fou, en roue libre dans un désert sinistre et vous êtes sans contrôle jusqu’au final.
Dis comme ça, je sens bien que ça ne donne pas très envie. C’est d’ailleurs un roman que je ne conseillerais pas à tout le monde. Il est éprouvant. Mais les amateurs de roman noir exigeant, qui voudraient une lecture singulière, et ressentir, dans leurs tripes, la violence d’un pays qui s’enfonce dans l’horreur doivent absolument tenter l’expérience qu’ils n’oublieront pas de si tôt.
Cerise sur le gâteau, l’auteur nous apprend en fin de l’ouvrage que cette histoire qui a tout de la métaphore part d’un fait réel. Le fameux camion, avec ses 157 cadavres congelés, pour cause de manque de place dans les morgues a bien existé.
Sébastien Rutés / Mictlán, La Noire (2020).
L’affaire ne daterait-elle pas de la fameuse canicule et de tous ces morts ??
J’avais surligné le roman car il me bottait bien, maintenant, yapuka l’acheter et le lire ! 😉
Ce n’est pas précisé par Sébastien en postface.
Mais on pourrait le penser….
Encore un que je note, merci.
De rien.
Pas pour moi, le déprimant en ce moment…
c’est sur que ce n’est pas le roman pour remonter le moral.
Ça m’a l’air de changer des vespasiennes et des soupeurs… (quoique).
Ca change de façon radicale. lieu, temps, style, tout.