Chez certains écrivains le talent, l’envie, l’énergie semblent inépuisables et insensibles à l’usure du temps. John Le Carré est de ceux-là. Retour de service le prouve une fois de plus.
Nat est un ancien des services secrets britanniques, il a roulé sa bosse et recruté des agents un peu partout en Europe, en commençant par Moscou. Mais aujourd’hui il semble que l’avenir ne lui réserve plus qu’un placard plus ou moins ennuyeux, à la tête d’un service de bras cassés, le Refuge qui dépend du département Russie. Au Refuge, seule Florence, jeune stagiaire impétueuse et idéaliste pourrait le réveiller de sa léthargie quand elle monte un dossier pour faire tomber un oligarque ukrainien pas vraiment net.
Heureusement il reste à Nat le soutien critique mais précieux de son épouse, avocate au service des droits de l’homme, et le badminton auquel il excelle. C’est en jouant qu’il rencontre un jeune homme Ed qui devient son adversaire attitré. Ed ne se confie guère sur son travail, mais expose sans filtre ses convictions : européen et germanophile, il hait le Brexit, Trump et Poutine.
Comment Nat pourrait-il deviner qu’il va tomber en pleine opération d’espionnage et de contre-espionnage, comme au bon vieux temps de son séjour à Moscou ?
Je vais commencer par enfoncer quelques portes ouvertes : John Le Carré est un génie, et son génie n’a disparu ni avec la disparition du mur, ni avec l’âge. Voilà c’est fait.
Ses intrigues sont toujours aussi cohérentes et tordues, son analyse du monde, de ses conflits, des jeux de pouvoir à l’intérieur du pays, des services, et entre puissances toujours subtile et éclairée, et en plus, par rapport à ses grands romans de la guerre froide (qui étaient déjà géniaux), il a gagné avec l’âge une légère distance et un humour so British qui, si c’était possible, augmentent encore l’immense plaisir que l’on éprouve à la lecture de ses romans.
Plongez vous dans les remous du Brexit et de la présidence Trump, vus par un espion désabusé. Et constatez comme tous ses lecteurs : John Le Carré est un génie, et son génie n’a disparu ni avec la disparition du mur, ni avec l’âge.
John Le Carré / Retour de service, (Agent running in the field, 2019), Seuil (2020) traduit de l’anglais par Isabelle Perrin.
Il y a quelques années que je n’ai pas lu un Le Carré, je ne sais pas trop pourquoi, mais là tu me tentes vraiment et je vais faire un détour par mon libraire. Merci.
Celui-ci, et vraiment si tu as le temps L’héritage des espions vaut le détour.
Je suis passé chez mon libraire qui avait le même conseil que toi, deux avis avertis, et en plus l’héritage des espions existe en poche et voilà deux Le Carré dans la musette.
De quoi lire intelligent pendant les vacances.
Je n’ai jamais lu un Le Carré de ma vie… Va falloir essayer de le faire 😆 Ajoute-le sur ma pile de ce que je dois lire impérativement 😀
Il faut absolument lire ses romans de l’époque de la guerre froide. La série où apparait Smiley. L’espion qui venait dru froid peut-être pour commencer …
J’avais lu l’an passé l’héritage des espions.
Mon premier le carré.
Donc cette année au cœur du Morvan ça sera retour de service.