Un nouveau venu dans le monde du polar, et une nouvelle destination avec Lire les morts de l’écrivain originaire de la Grenade Jacob Ross.

Michael Digson vit sur l’ile de Camaho dans les Caraïbes (l’ile de la Grenade ?). Sa mère a été tuée alors qu’elle prenait part à une manifestation, il a été élevé par sa grand-mère. Il n’a aucune relation avec son père, personnage haut placé de l’ile. Le jour où il assiste à l’agression d’une jeune femme, Chilman, vieux flic atypique, remarque ses exceptionnelles capacités d’observation et fait tout pour l’intégrer dans la brigade criminelle qu’il veut créer.
Entre autres affaires, Michael va hériter d’une disparition qui hante son mentor, celle d’un jeune homme que tout le monde, sauf sa mère, croit parti à l’étranger. Il devra aussi s’occuper de nombreuses affaires de violences faites aux femmes, et continuera à élucider les circonstances de la mort de sa mère.
Si j’avais un léger reproche à faire à ce roman, ce serait de manquer localement de structure. Ça part un peu dans tous les sens, et on a parfois du mal à se raccrocher à la structure du récit. Mais c’est peut-être voulu, pour souligner le chaos et le manque d’organisation du pays.
Ce petit bémol mis à part voilà un auteur et un livre très intéressants.
Il nous fait aborder des lieux inconnus du lecteur de polar français (du moins à ma connaissance). Belle description d’une ile, de ses beautés, de son chaos, de la misère, de la précarité, mais aussi de certaines solidarités. On sent la chaleur, l’omniprésence de l’océan, les parfums. L’accent est mis sur les violences subies par femmes, là comme ailleurs, et sur le poids de certaines églises à la limite de la secte.
Mention spéciale à la langue, qui passe de l’anglais « classique » au créole dans les dialogue (et bravo au traducteur) apportant une musicalité spécifique.
Une belle découverte.
Jacob Ross / Lire les morts, (The bone readers, 2016), Sonatine (2020) traduit de l’anglais (Grenade) par Fabrice Pointeau.