Carlo Lucarelli quitte l’Ethiopie et revient en Italie dans les années cinquante avec Une affaire italienne.
Il neige pour ce Noël 1953 à Bologne. Le commissaire De Luca, qui a été un des meilleurs flics de la police italienne pendant la période fasciste est au placard. Jusqu’au meurtre de la jeune veuve d’un universitaire mort quelques temps auparavant dans un accident de voiture. Assisté, (ou surveillé ?) par le jeune Giannino, obligé de mener l’enquête de façon officieuse, de Luca va s’apercevoir que dans cette Italie en pleine guerre froide, où le jazz vient le disputer à la musique italienne, les apparences sont souvent trompeuses.
Je ne connaissais pas les précédents romans ayant le commissaire De Luca pour héros. Mais c’est visiblement un personnage que les lecteurs italiens connaissent bien. Un personnage intéressant d’emblée, par son ambigüité, comment trouver sympathique un flic qui fut au service du fascisme ? Comment l’héritage du fascisme est-il vécu en Italie ? Une question qui mérite d’être posée dans un pays qui a élu une petite-fille de Mussolini, se réclamant ouvertement de son héritage …
Bref, le personnage principal est déjà intéressant. L’époque est passionnante et Carlo Lucarelli réussit à la récréer dans ses différentes composantes sans écrire un pavé. Bologne sous la neige, l’opacité et l’impunité des services secrets italiens, le poids de la guerre, la gastronomie, la guerre froide, le regard sur l’homosexualité, le racisme … sans compter de fort belles pages sur la musique.
Rassurez-vous, l’auteur est un grand connaisseur du polar et il sait aussi construire une intrigue qui cache quelques jolies surprises. Encore un bon polar italien, dans une production très riche.
A se demander pourquoi on fait tant de foin sur la vague scandinave sans jamais parler de la richesse du giallo, alors qu’il est quand même plus agréable d’aller déguster des pâtes aux cèpes avec un vieux chianti que de manger du hareng fumé avec un aquavit non ?
Carlo Lucarelli / Une affaire italienne, (Intrigo italiano. Il ritorno del commissario De Luca, 2017), Métailié (2021) traduit de l’italien par Serge Quadruppani.
Il me tente bien 😉
N’hésites pas, c’est tout bon.
Pour la bouffe, tout dépend de la qualité des ingrédients et de la préparation… Pour le pinard, on peut éventuellement (mais faut pas exagérer non plus) reprendre le « Qu »importe le flacon… » (on ne parle pas d’importation, bien sûr…). Que de points de suspension…
Moui, si on veut. Après je suis trop du sud et latin pour être vraiment objectif, je le reconnais.
moi j’ai lu Carlo mais en Ethiopie et j’avais trouvé ça vraiment bien donc je suis ravie de voir qu’i a écrit un nouvel opus (quelle idée de quitter l’Ethiopie!) merci !
Il faut dire qu’en France on n’a pas traduit le quart de ses romans, donc De Luca est un personnage bien connu des lecteurs italiens.
C’est dans la tradition des romans de Camilleri?
C’est un tout autre ton et style. Et puis c’est le Nord, et une autre époque.
Le Sud est plus chaud que le Nord, c’est un fait, mais j’apprécie les deux, bien entendu, je choisis mes auteurs et j’évite au maximum les pubs qui me poussent à lire tel auteur, bien que ce ne soit pas toujours facile, nous sommes manipulables à l’insu de notre plein gré 😆
Je note cet auteur que je ne connais pas et qui doit être loin des romans « tout public » qu’on pousse en tête de gondole pour monsieur et madame tout-le-monde. 😉
Je sais , je caricature, mais il est vrai que la mode du polar scandinave m’a un peu gavé. Et non, ce n’est pas le roman mis en avant sur les tables des gares ou des Leclerc.