Gallmeister a donc décidé de ne plus se cantonner aux US et publie un polar italien, L’île des âmes de Piergiorgio Pulixi.
Après quelques ennuis à Milan, en guise de punition, l’inspectrice Eva Croce est envoyée en Sardaigne. Elle sera obligée de faire équipe avec la locale, Mara Rais, qui a de bonnes raisons de ne pas faire confiance à ses collègues féminines. Si l’on tient compte des fantômes d’Eva, et de la langue de pute de Mara, la collaboration risque d’être explosive.
Et pourtant elles vont avoir besoin de s’entendre quand une jeune femme disparaît, et qu’on craint qu’elle ne soit assassinée. Comme les deux précédentes, bien des années plus tôt. Deux meurtres qui semblaient rituels, dont les victimes n’ont jamais été identifiées, et qui sont tombées dans l’oubli. Seul Barrali, un vieux flic qui se meurt d’un cancer cherche toujours, obsédé par ces meurtres.
J’ai trouvé du très bon et du moins bon dans ce roman. Ce qui fonctionne bien : les descriptions des beautés de l’île, du bleu incroyable du ciel et de la mer, des vallées encaissées et perdues, de la forêt primitive, du respect que peut imposer une telle nature. Les dialogues sont également bons, et la langue acérée de Mara fait merveille. Pour finir la découverte de populations rurales comme hors du temps est très intéressante.
Ce qui marche moins bien, c’est quand il s’agit de décrire les réflexions ou émotions des personnages. Ils ont un peu trop souvent « le souffle coupé » par la beauté des paysages ou « le sang qui se glace » face à l’horreur. Et l’auteur nous détaille trop ce qu’ils font et pourquoi, comme quand, lors d’un interrogatoire, il nous explique bien que l’une des inspectrice se force à avoir l’air méchante alors qu’en fait non, elle voudrait aider mais il faut obtenir des résultats … Comme s’il ne faisait pas confiance à sa construction du personnage, ou à la sagacité du lecteur. Cela donne une impression de maladresse, de défauts de débutant encore un peu scolaire. Et puis, parfois, il se laisse emporter par le lyrisme et certaines descriptions sont un poil lourdes à mon goût.
Du bon et du moins bon donc, mais le bon l’emporte. En espérant qu’il a un bon éditeur qui l’aide à s’améliorer pour les romans suivants.
Piergiorgio Pulixi / L’île des âmes, (L’isola delle anime, 2019), Gallmeister (2021) traduit de l’italien par Anatole Pons-Reumaux.
Je suis toujoirs épatée par vos commentaires intelligents , précis jamais malveillants et qui permettent de bien savoir si on va se lancer dans la lecture… Rare de se tromper.
Merci, c’est toujours un plaisir de vous lire, et les coups de gueule aussi.
Bonne soirée
Merci, je vais rougir.
Je souscris au message précédent. Cruel dilemme, mon libraire m’a chaudement recommandé ce livre, tout comme moi, nous, il adore la littérature italienne, tu sembles pour ta part moins enthousiaste. Que faire !!!
C’est quand même bien au final, mais pour moi on est loin d’un Varesi ou d’un De Giovanni, très loin, dans la qualité de l’écriture. J’ai trouvé quelques lourdeurs et maladresses. J’attends de voir d’autres critiques pour voir si je suis le seul à être un peu « sévère ».
Hésitation ! mais je m’abstiendrai.
Merci, je vais attendre que l’auteur s’améliore, il y a trop d’excellents livres à lire avant.
C’est vrai que ce n’est pas ce qui manque.
Ah, les phrases toutes faites… ça passe ou ça casse, ici, ça casse… Bon, entre nous, ce n’est pas comme si je l’avais surligné au fluo et que j’allais le lire… manque de temps et déjà bien du retard dans les lectures que tu m’as plus que conseillées (sinon, panpan cucul, je sais, j’ai peur terriblement 😆 )
Disons que pour moi ça coince un peu, je n’irais pas jusqu’à dire que ça casse.
ouf 😆
Roman un peu trop délayé effectivement avec des situations et des personnages mille fois vus ailleurs. pas la peine de nous expliquer le numéro du bon flic et du méchant flic et des ficelles d’un interrogatoire.
Le plus intéressant c’est l utilisation des croyances populaires très riches de la Sardaigne (et très « primitives ») . il est utile de regarder sur le net des photos de masques qui sont au centre de l’histoire.et d’écouter quelques chants sardes (a tenore) . ça met dans l’ambiance ..
J’ai été très déçu par la fin qui se termine sur une pirouette .
P.S. Pour un roman autrement plus construit sur la Sardaigne le très désarçonnant « La théologie du sanglier » de Nemu. je l’avais lu juste avant . Ceci explique mes réserves sur celui-ci
Entièrement d’accord, avec les commentaires sur ce roman, et avec l’enthousiasme pour La théologie du sanglier, complètement loufoque et pourtant très cohérent, étonnant, dépaysant, une vraie bonne lecture.