Ainsi Berlin

Après un roman très remarqué, Laurent Petitmangin revient avec Ainsi Berlin, tout aussi remarquable.

Gerd et Käthe font connaissance dans un Berlin sous la chape de plomb nazie. Malgré leur activité contre le pouvoir, ils survivent au nazisme et à la guerre et se retrouvent tous les deux parmi les cadres du parti dans la toute jeune RDA. Käthe est dure, décidée à faire le bonheur de tous, et veut faire exister son pays contre l’ennemi de l’ouest mais aussi contre le grand frère envahissant de l’est.

Amant de Käthe, Gerd a aussi une relation platonique avec une américaine vivant dans Berlin Ouest, Liz. Commence un jeu de dupe, double, triple, entre Käthe et Liz, entre Est et Ouest, avec Gerd au milieu.

200 pages et tout est dit. On assiste à la création de la RDA, on voit le durcissement, la construction du mur. On voit comment des aspirations courageuses et idéalistes se transforment en programme de sélection qui fait froid dans le dos. On ressent comment l’ambition de faire le bien des hommes en tant de groupe amène facilement à ne plus accorder d’importance aux hommes en tant qu’individus. Les jeux doubles, triples s’accumulent. Om comprend luttes pour l’influence, ou au contraire pour conserver une certaine autonomie.

Et tout cela sans aucune leçon, juste au travers des trajectoires des trois personnages qui, bien qu’acteurs et jouets de ces grandes luttes, ne perdent jamais de leur humanité. Et sans sacrifier à aucun moment la cohérence de l’histoire et en jouant superbement des moments de tension et détente.

C’est émouvant, fin et intelligent. A lire sans faute donc.

Laurent Petitmangin / Ainsi Berlin, La manufacture des livres (2021).

4 réflexions au sujet de « Ainsi Berlin »

  1. Meyer Meyer

    Après la claque reçue avec « ce qu’il faut de nuit », j’ai été déçu par ce deuxième livre. Si l’auteur a toujours ce remarquable sens de l’ellipse qui fait la force de son écriture, je suis moins sensible à l’espionnage dans la RDA de l’après-guerre qu’aux travailleurs dans la Lorraine d’aujourd’hui. Cela reste tout de même une bonne lecture mais je suis un peu resté « à l’extérieur » du livre.

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    1. actudunoir Auteur de l’article

      Je comprends qu’on soit moins sensible à la thématique, d’ailleurs j’ai été moins ému par ce roman que par le précédent, mais on y retrouve la même qualité d’écriture.

      Répondre

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