La vague arrêtée

Une belle découverte chez Métailié avec un nouvel auteur vénézuélien, Juan Carlos Méndez Guédez, et une nouvelle enquêtrice présentée dans La vague arrêtée.

Magdalena est vénézuélienne et vit à Madrid. Sorcière, elle a des dons qui lui viennent de son culte à la déesse guerrière María Lionza. Détective privée dure à cuire, elle a aussi un don qu’elle pour la castagne. Et si elle sait se montrer aimante, il vaut mieux ne pas lui marcher sur les pieds.

Elle est contactée par un sale con, politicien catho tendance Opus Dei parce que sa fille Begoña, la petite dernière et rebelle de la famille ne donne plus de nouvelles depuis un mois. Dernier contact : elle a tiré de l’argent pendant quelques mois à Caracas. Depuis plus rien, et le papa est inquiet, très inquiet. Dans une ville où la violence règne dans les rues et où elle a perdu beaucoup de ses repères Magdalena va avoir besoin de toutes ses ressources pour ramener Begoña entière et sauver sa propre peau.

Première chose qui a son importance, n’ayez pas peur, l’auteur n’est pas un charlatan, si Magdalena a des dons de sorcière qui peuvent l’aider, ce n’est pas de là que va venir le résolution de l’intrigue, pas de Deus ex Machina trop facile. Comme l’irlandais John Connolly, il se sert du fantastique pour épicer son récit, y ajouter une couleur fort bienvenue mais discrète.

Ceci étant dit, on a là un excellent roman pour qui ne craint pas le baroque et une atmosphère plus latine que scandinave. Une intrigue survoltée, la description d’une ville et d’un pays livrés au chaos, où les milices plus ou moins liées au pouvoir font la loi, où la police fait arbitrairement usage de la force, où la vie humaine ne vaut pas cher et où tout se monnaye. Et pourtant une ville où une odeur, une phrase musicale, un regard entre deux passant peut faire revenir dans l’esprit de Magdalena la magie de la jeunesse perdue.

Et puis il y a Magdalena, personnage extraordinaire que l’on aime instantanément. Sa vitalité, sa sensualité, sa liberté … Et surtout la dent dure qu’elle a contre tous les cons et malotrus qu’elle croise. Ne serait-ce que pour ce qu’elle fait subir à l’abruti de père, le roman vaut qu’on le lise, c’est jouissif !

Vous m’avez compris, n’hésitez pas, hâtez-vous de découvrir une nouvelle privée hard-boiled unique en son genre.

Juan Carlos Méndez Guédez / La vague arrêtée, (La ola detenida, 2017), Métailié (2021) traduit de l’espagnol (Vénézuéla) par René Solis.

20 réflexions au sujet de « La vague arrêtée »

  1. Ortiz

    Une détective femme,c’est tentant, et en plus face à un politicien de l’Opus dei. Le prénom de Magdalena n’a peut-être pas été choisi par hasard par l’auteur.Une Magdalena qui n’a rien d’une Marie Madeleine visiblement.
    Je le note,vu votre article.

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    1. actudunoir Auteur de l’article

      Alors Opus Dei, c’est moi qui l’ai déduit, ce n’est pas dit ouvertement, mais ça y ressemble fort. Et ce n’est que le début du roman, mais c’est assez drôle.

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      1. cush

        Merci pour ta chronique car sans elle je passais à côté de ce roman. J’ai adoré de la première à la dernière page. Les personnages y sont sublimes, à commencer par celui de ville de Caracas décrite avec une magnifique nostalgie.
        Et la privée, quelle privée ! C’est déjà assez rare que le rôle soit tenue par une femme, mais par une femme de plus de 40 ans c’est vraiment une très bonne idée. Le personnage est très attachant avec ses doutes, ses idées préconçues, ses rapports aux hommes.
        Enfin, la coloration fantastique est bien exploitée et pas du tout grand quignolesque.
        Si c’est le début d’une série je risque de la suivre compulsivement !

  2. cush

    Etant donné qu’on pas mal de points communs coté lecture et séries deux questions me taraudent depuis un moment. Je ne vois aucune critique du monumental La compagnie de Robert Littell. Est-ce parce que tu l’as lu avant la création de ton blog ? De même, nulle mention de la série Longmire. Sans doute par manque de temps ?

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  3. cush

    La compagnie est au roman d’espionnage ce que la La griffe du chien est au polar. Pas moins ! C’est époustouflant, d’ailleurs ces deux romans ont quelques points communs : on suit un personnage sur plusieurs décennies et l’histoire colle au plus près de la réalité.
    Dans la compagnie on assiste à la création de la CIA juste après la seconde guerre mondiale et on y croise de nombreuses personnalités tout ce qu’il y a de plus réelles : Kim Philby, les frères Kennedy préparant l’invasion de la baie des cochons, etc. Le roman se termine avec l’envoi discret de « conseillers techniques » en Afghanistan dans les années 80. Entretemps on revisite toute l’histoire américaine de l’autre conté du miroir : trahison, meutres, reversement de régimes…
    Quant aux Longmire, désolé je voulais parler de la série télé, j’aurai dû être plus clair ! Elle est tout à fait recommandable et l’acteur principal est épatant.

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  4. cush

    Longmire a été diffusée par un média américain qui a stoppé sa diffusion avant qu’elle ne soit reprise par Netflix. Malheureusement elle ne figure plus dans son catalogue. Sur les 6 saisons diffusées, deux sont disponibles en DVD et en français. Sinon, il y a toujours les sites de streaming. Les deux DVD comportent 12 épisodes chacun qui sont fortement inspirés des romans.

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  5. cush

    Le personnage de Vic est raté, on est très loin de la Terreur, l’actrice la joue comme une cruche. Il y a moins d’humour que dans les livres, mais la nature est vraiment au centre de la série, les indiens aussi. Ferg y est comme dans les romans et l’humanité de Walt est très bien retranscrite.

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  6. cush

    Je suis en train de la regarder à nouveau et si tu acceptes l’idée que la version télé prenne quelques libertés avec les livres la série est assez sympa. C’est pas un chez d’œuvre mais tu passes un bon moment. Walt y est très attachant, Ferg plus vrai que nature et Caddie sublime !

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