J’avais beaucoup aimé Donbass le premier roman de Benoît Vitkine. Il confirme son talent avec le suivant : Les loups.
2012. Olena Hapko, la Chienne ou la Princesse de l’acier, selon qui en parle vient d’être élue Présidente de l’Ukraine. Dans 30 jours à Kiev ce sera son investiture. D’ici là il va falloir résister à la pression des loups, les autres oligarques, ses concurrents ou ses alliés selon les circonstances. Elle a promis d’assainir le pays, de supprimer les passe-droits et la corruption … Autant de promesses auxquelles elle ne croit pas complètement et qui font bien rire ses collègues. Et puis il y a Moscou, jamais très loin à la manœuvre en Ukraine.
Alors résister certes, mais peut-être simplement survivre.
Un roman noir sur l’Ukraine, difficile d’être davantage d’actualité … Et quand en plus c’est un excellent roman noir sur l’Ukraine, il ne reste plus qu’à se précipiter.
Le roman précédent décrivait la réalité du Donbass en se situant au ras de la boue, dans le quotidien de ceux qui subissent. S’il ne les oublie pas dans ce nouvel ouvrage Benoît Vitkine diversifie et alterne les points de vue. On passe des luttes entre oligarques à l’aperçu de la vie d’une ancienne institutrice, des manœuvres de Poutine et de ses services secrets aux difficultés dans une petite ville de province.
On pourrait craindre que ce récit de luttes d’influence et de pouvoir soit désincarné, il n’en est rien. L’auteur soigne toujours autant la construction de ses personnages, et c’est à travers leurs histories qu’il « fait passer » tout ce qu’il sait en tant que journaliste en poste à Moscou. Jamais le côté reportage ne prend le pas sur le romanesque, il est là pour lui donner une consistance, une vraisemblance, et pour rendre encore plus passionnante une histoire déjà prenante en elle-même.
Comme avec Donbass, on se régale à la lecture et on referme le livre un peu moins ignare, à défaut d’être moins bête.
Benoît Vitkine / Les loups, Les arènes/Equinox (2022).
Je prends.En commençant peut-être par Donbass.
Les deux sont totalement indépendants, on peux les lire dans l’ordre qu’on veut.
Moi aussi je prends… les deux. On a envie de connaître, d’en savoir un peu plus (surtout quand on ne sait rien). Merci, une fois de plus, Jean-Marc Laherrère, de votre accompagnement.
De rien, tout le plaisir est pour moi.
On en rêve depuis 50 ans. Les chars russes roulent vers l’Ouest, à travers le Donbass, de toute la puissance de leurs moteurs diesel, précédés par les frappes tactiques de l’Aviation du Front, voire des frappes nucléaires tactiques.
Ils ne sont plus qu’à « deux ou trois étapes du Tour de France » de Paris pour venir démettre l’Omacron et toute sa clique atlantiste. Hourra pobieda !
Ouaif … Les chars m’ont rarement fait rêver. Pourvu, déjà, qu’ils ne fassent pas de conneries supplémentaires à Tchernobyl … Question intéressante : Comment no grands pourfendeurs d’immigrés vont accueillir les réfugiés ukrainiens ?
Hello Jean Marc,
Je viens de finir « Les loups », j’ai beaucoup aimé ce grand roman politique sur l’Ukraine. Je l’ai trouvé très différent de « Donbass », j’ai d’ailleurs préféré Les loups. Ca m’a fait penser à Thomas Bronnec ou au grand Jérôme Leroy avec « Les derniers jours des fauves ».
Merci pour la chronique qui m’a donné envie de le lire.
Exact, il y a une parenté.