Trente grammes

Cela faisait un moment que j’entendais dire du bien de Gabrielle Massat, et je n’avais pas encore eu le temps de découvrir ses romans. C’est chose faite avec Trente grammes. Belle découverte.

Yannick Gallard, trentenaire, est en train de mourir d’une overdose de doliprane. Overdose non volontaire puisqu’on l’a forcé à avaler les pilules. Mais en fait non, Yannick est sauvé, in extremis, par son amant Phoenix, et va devoir tenter de survivre avec un foie greffé. Inhabituel. Mais tout est inhabituel chez Yannick.

Beau comme un cœur, grand amateur d’art, il travaille pour le plus gros trafiquant, russe d’origine, de Toulouse. Pour lui il découvre des œuvres qui deviennent des investissements ou des moyens de blanchiment pour les truands de la ville. Et il a fait une erreur en vendant un Bacon volé à une grosse trafiquante de drogue. De quoi s’attirer des ennuis. Dernier détail pittoresque, Phoenix, son amant, est le tueur attitré de son boss.

Mais ce n’est pas tout, Yannick a le chic pour se mettre dans des situations inextricables, et y entrainer ceux qui ont la malchance d’être ses proches.

Il est des romans, comme celui-ci, qui vous embarquent dès le premier chapitre. Ici c’est l’humour noir et l’écriture vive qui m’ont accroché dès les premières lignes. Je ne savais pas encore si j’allais lire un roman qui tourne au noir ou une satire souriante, mais je savais que j’irai au bout avec gourmandise. Et je ne me suis pas trompé.

Outre cette écriture vive, une belle description de Toulouse et de ses environs, et un amour de la peinture que Gabrielle Massat fait joliment passer au travers de ses personnages, deux éléments font sortir ce roman du lot et devraient vous inciter à vous pencher sur Trente grammes.

Tout d’abord les personnages, parfaitement construits, et très originaux. Pas de manichéisme, mais la surprise de s’attacher à des individus qui, si l’on regarde objectivement leurs actions, sont tous assez peu recommandables. Voire pire. Mais voilà, ils sont terriblement humains, terriblement cohérents, et on se retrouve à éprouver de l’empathie pour un tueur cinglé, ou pour Yannick que les scrupules n’étouffent pas et pour qui le mot égoïsme semble avoir été créé.

Et puis il y a l’évolution de l’histoire, et le parallèle judicieux entre la dégradation physique de Yannick et le tableau qui se trouve au centre de l’intrigue. Une intrigue qui va peu à peu, sans que l’on s’en rende compte, faire passer le roman de l’humour noir à la noirceur la plus totale. D’une satire grinçante à une histoire d’amour malade et destructeur.

Vraiment une très belle découverte.

Gabrielle Massat / Trente grammes, Le Masque (2021).

2 réflexions au sujet de « Trente grammes »

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