La maligredi

La maligredi, nouveau roman de Gioacchino Criaco emprunte visiblement à ses propres souvenirs d’enfance et d’adolescence. Une nouvelle réussite de l’écrivain calabrais.

Africo, dans l’Aspromonte calabrais. Un village nouveau où ont été relogés les habitants d’Africo, anciennement plus haut dans la montagne, détruit par des inondations. Un village sans gare où l’on doit prendre le train en courant. Un village sans école et presque sans hommes, les adultes étant presque tous partis travailler dans le Nord de l’Italie ou dans le reste de l’Europe. Restent les femmes, les enfants, des bergers, quelques truands et les adolescents.

Niccolino est l’un d’eux. Avec ses deux amis inséparables, Antonio et Filippo ils sont à cet âge où la vie peut basculer d’un côté ou de l’autre.

Un grand, très grand bouquin. Moi qui me suis plaint dernièrement d’avoir des livres intéressants mais sans âme et sans émotion, là j’ai été servi, au-delà de toute espérance. Sans pathos, sans pleurnicherie, sans violons, l’auteur « ose » dire son amour pour sa mère, pour les femmes de son village, il vous fait vivre la solidarité, il vous fait sentir le soleil sur la peau, la liberté d’une journée en bord de mer, le goût incomparable de l’eau d’une source après une longue marche …

Il sait démonter les mécanismes d’oppression, l’hypocrisie des « malandrins » ces truands bouffis de suffisance qui décident, juste parce qu’ils font peur, qui pourra travailler ou non, et dans quelles conditions. Il raconte une révolte. Il fait vivre une langue et une culture.

Et surtout il vous attache à jamais à Niccolino, Antonio et Filippo, à leurs familles, à leurs voisins, à leur terre. S’il en parle si bien, de façon aussi engagée et émouvante, c’est qu’on devine aisément qu’il y a beaucoup de lui dans ces mômes, qu’avec des différences dans le parcours final, c’est son adolescence et celle de ses amis et de ses proches qu’il raconte. Et je vous mets au défi, à la lecture du roman, de ne pas être ému, et de ne pas avoir envie d’aller découvrir l’Aspromonte en compagnie de Gioacchino Criaco.

A découvrir absolument.

Vous pouvez lire ici quelques mots de l’auteur à propos du roman, et du titre.

Gioacchino Criaco / La maligredi, (La maligredi, 2018), Métailié (2022) traduit de l’italien par Serge Quadruppani.

4 réflexions au sujet de « La maligredi »

  1. Ortiz

    Vous en parlez trop bien et c’est tentant,même si on a tendance avec cette canicule à regarder du côté des polars norvégiens.
    Un roman comme on aimerait en lire plus souvent certainement.
    J’irai voir ce qu’a écrit l’auteur par ailleurs .Déjà je note celui-ci.

    Répondre
    1. actudunoir Auteur de l’article

      Tous les romans de Criaco sont assez différents les uns des autres, avec quand même cette région de Calabre toujours plus ou moins présente. Ce dernier est mon préféré.

      Répondre
  2. ubik53

    Merci pour cette découverte. Je viens tout juste de l’achever et c’est un des plus beaux romans (et témoignages) que j’ai lu depuis longtemps
    Depuis le début de l’année, je me replonge dans le roman italien (et pas que du polar) et bon sang que ça fait du bien !

    Répondre

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