L’été, l’occasion de lire autre chose que des polars. De la SF encore avec Les temps ultramodernes de Laurent Genefort.
Paris, 1925. Mais pas tout à fait notre Paris. La découverte de la cavorite, ce métal dont les radiations annihilent la gravité a permis de construire des paquebots volants, et même d’aller coloniser Mars. Toute une industrie, mais aussi tout un trafic s’est monté autour de son extraction et son utilisation. Jusqu’à ce que les Curie démontrent que la durée de vie de ces radiations était beaucoup plus courte que prévue, et que les gisements semblent s’épuiser. Ce qui a créé la crise mondiale de 1923.
C’est dans ce contexte de luttes, où anarchistes et fascistes se battent dans le rues que des destins vont se croiser. Renée, institutrice venue travailler à la capitale. George aux ambitions artistiques qui va rencontrer les différents mouvements d’avant-garde et les anarchistes. Marthe jeune femme passionnée de sciences. Peretti, flic proche de la retraite qui veut finir sur un coup d’éclat … et quelques personnages plus sinistres. Sans compter un martien blessé. La poudrière est prête, ne manque plus que l’étincelle.
Commençons tout de suite par un tout petit bémol, les lecteurs de polars ne seront pas enthousiasmés par la partie policière, menée par le flic et la journaliste scientifique. A moins de trouver un charme suranné à un déroulé de l’enquête qui ressemble plus à un Tintin qu’à une aventure de Harry Hole … c’était juste pour éviter tout malentendu.
Mais il serait dommage de passer à côté de cette superbe création mêlant des personnages et des conflits bien réels (on croise les Curie, on entend parler de Breton, Clémenceau, Pétain et bien d’autres), un imaginaire martien très « old school », et les conflits et luttes de classes qui, bien que revus à la sauce de cette France sous cavorite, rappellent des événements bien réels, et remuent des thématiques très actuelles.
C’est d’ailleurs un des grands plaisirs de la lecture, outre la magnifique création de mondes si différents et pourtant si proches, de réfléchir et de voir comment tel ou tel événement, telle ou tel personnage trouve un écho dans ce qu’il s’est passé au début du XX° siècle, mais aussi aujourd’hui.
Laurent Genefort fait le pari qu’il s’adresse à des lecteurs curieux et intelligents, et il le fait sans jamais sacrifier son écriture ou la fluidité de son récit. Et c’est ma foi fort agréable. Bref un très beau roman, qui devrait pouvoir séduire même les lecteurs allergiques à la SF.
Laurent Genefort / Les temps ultramodernes, Albin Michel/Imaginaire (2021).
Bonjour jean-marc
j’ai aussi beaucoup apprécié le nouveau roman de Laurent Genefort avec aussi des thèmes si actuels comme la question de la ressource énergétique ou encore le thème du féminisme. Ce roman aux atours steampunk est bien plus que cela et c’est là toute sa richesse et intérêt. Merci encore à Laurent Genefort pour ce livre et à toi pour le mettre en avant.
Pour écouter ma chronique
https://rcv-lille.radio-website.com/podcasts/chronique-livres-202/chronique-du-livre-les-temps-ultramodernes-de-laurent-genefort-1083
De rien … J’irai écouter ta chronique.
Ah ah, je reconnais la cavorite. Elle est appaue pour la première fois en 1901 avec H. G. Wells, The First Men in the Moon, que je viens enfin de lire
Là j’avoue que je n’avais pas la référence. Il y en a sans doute pas mal qui m’ont ainsi échappé.
Je vous recommande l’ecoute en pldcast de l’emission mauvais genres sur france culture où laurent genefort etait invité et où il évoque notamment la covorite. tres intéressant
cavorite pardon
J’irai écouter, j’avais vu le lien sur Bibliosurf.