Il m’avait plusieurs fois fait de l’œil lors de sa sortie en grand format, et je n’avais jamais craqué. Je me suis rattrapé en cette période estivale, et j’ai lu Dans la gueule de l’ours de James A. McLaughlin.
Rice Moore a besoin de se faire oublier d’un cartel de la frontière mexicaine. C’est donc sous un faux nom qu’il trouve un travail de gardien dans une réserve privée des Appalaches. Avec la ferme intention de faire parler de lui le moins possible. Tout va pour le mieux jusqu’à ce qu’il trouve le cadavre d’un ours, tué par des braconniers. Ils ont juste pris ses pattes et sa vésicule biliaire, très demandées sur le marché asiatique.
Obligé de s’en mêler, il va entrer dans une spirale de confrontation et de violence qui pourrait bien mettre son anonymat à mal.
Voilà un roman qui avait raison de me faire de l’œil. On pourrait craindre une énième mouture du roman de petits blancs des Appalaches, devenus à la mode ces dernières années. Il n’en est rien. A partir d’une structure archi classique mettant en scène un personnage au passé lourd, qui bien entendu va finir par le rattraper, et la confrontation d’un étranger avec des locaux pour le moins hostiles, James A. McLaughlin écrit un roman original qui prend son temps tout en vous attrapant pour ne plus vous lâcher.
Quelques points pour l’originalité du roman. Pour une fois, il ne s’agit pas de trafic de drogue mais de trafic d’animaux sauvages. La galerie des héros hardboiled abimés, marchant en permanence au bord de l’abime est riche, et on pourrait croire qu’on a déjà tout vu et tout lu. Et bien non, Rice Moore arrive à nous surprendre, mais je ne vous dirai pas comment pour ne rien gâcher de votre lecture. Bien que la description de la population locale soit du « déjà vu » pour qui a lu Chris Offut ou David Joy, elle reste intéressante, mais ce qui rend ce roman unique ce sont les magnifiques pages d’immersion totale dans une nature superbement décrite.
Ajoutez que l’intrigue est parfaitement menée et que les scènes de bravoure sont très réussies, et vous avez un roman disponible en poche qui pourra faire votre bonheur cet été (ou plus tard). Pour finir, même si le roman se suffit amplement, il me semble que l’auteur n’a pas complètement fermé la porte à un retour de son héros. Nous verrons.
James A. McLaughlin / Dans la gueule de l’ours, (Bearskin, 2018), J’ai Lu (2022) traduit de l’anglais (USA) par Brice Matthieussent.
Très beau roman, je l’avais rapproché de celui de Wilkins, Ces montagnes à jamais, encore plus fort peut-être, là :
FB
Je vais voir, merci pour le lien.
J’avoue avoir lâché un Chris Offut, impression de déjà lu? mais Dans la gueule de l’ours, pas question d’arrêter. Pas mal d’ambiguïtés là dedans, et la nature, franchement, quelle immersion. Des scènes difficiles, plus dans l’évocation que décrites, mais brrr. Une suite? Ah mais oui, pourquoi pas, tiens?
Il faut lire les premières nouvelles d’Offut, qui a été un des premiers, traduits au moins, à écrire sur cette région avec Woodrell.
Comment ça, pourquoi pas ? J’ai noté que tu nous accompagnais, Marilyne et moi, pour notre LC de ce titre calée pour le 27 septembre ! 🙂
J’ai justement prévu de l’emporter dans ma valise !
Bonne lecture.
Je suis d’accord, un roman original et un univers dont on a du mal à sortir après lecture. Moi qui saute facilement d’un livre à l’autre, ça m’a frappée !
Tout le monde est d’accord, j’ai bien fait de craquer.
Il est excellent et m’a surpris plusieurs fois, ce roman ❤
C’est vrai qu’il réserve quelques surprises.
Surtout que je m’attendais à du conventionnel, je ne te dis pas les yeux que j’ai fait 🙂
Moi , c’est la couverture qui m’avait fait de l’oeil, comme quoi… Je l’ai lu deux fois, j’envisage une troisième et en tout cas, j’espère vivement une suite ! Certains bouquins cachent de ces mystères …