Voici donc le dernier roman de John Le Carré, publié par son fils après sa mort : L’espion qui aimait les livres.
Julian a laissé un boulot très lucratif à la City pour reprendre une librairie dans une petite ville. Une vie calme, voire morne en perspective. Jusqu’à ce que Edward, gentleman au léger accent difficile à identifier fasse irruption dans sa librairie.
Plus loin, à Londres, Stewart Proctor, haut placé dans le service d’espionnage britannique, se voit confier une mission urgente et délicate. Des fils se tissent, mais qui est l’araignée et qui sera sa victime ?
Ce n’est peut-être pas le roman le plus dense de John Le Carré. Mais bon sang, quel talent. Dès le premier chapitre, le lecteur est attrapé, happé et enchanté. Et cela ne changera pas jusqu’à la dernière page. Alors certes il n’y a pas la tension de L’espion qui venait du froid, mais on ne peut qu’être emballé par l’ironie du propos, la simplicité et l’élégance de l’écriture et la limpidité d’une trame pourtant complexe.
Avec un côté très désenchanté sur le rôle des services secrets britanniques, leurs rivalités internes, leur hypocrisie, les buts pas toujours très clairs qu’ils poursuivent.
Classe, pertinent et mélancolique, heureusement que son fils est allé rechercher ce texte qui nous permet d’entendre une dernière fois la voix du maître.
John Le Carré / L’espion qui aimait les livres, (Silverview, 2021), Seuil (2022) traduit de l’anglais par Isabelle Perrin.