Un grand format chez In8, et un beau titre, Gueules cassées de Dominique Delahaye.
Bord de Seine quelque part en banlieue. Julien, Cindy et Simon vivent dans une péniche, petits boulots et galères. Leur copain Issa est souvent avec eux mais vit avec sa famille dans une des barres voisines. Une sœur qui bosse, un frère qui veut enregistrer un album et un autre, le plus jeune, qui tourne mal, se mettant au service du caïd du coin, Kodama.
Et autour de la zone désaffectée qui attise les convoitises, un architecte prêt à tout, de l’argent sale en quête de blanchiment, des politiques tiraillés entre les réels besoins de la collectivité et les pots de vin qui pourraient assurer leur réélection. Une situation explosive, ne manque plus que l’étincelle.
Je ne vais pas prétendre que l’on a là le polar de l’année, mais c’est du bon boulot solide. Le lieu et les enjeux associés sont bien décrits, les personnages attachants, décrits avec beaucoup d’humanité et de tendresse, sans cacher leurs contradictions et leurs failles. L’intrigue se déroule bien, sans concession ni à un happy end forcé, ni à une noirceur exagérée.
Ajoutez quelques scènes bien rudes et d’autres très émouvantes et vous avez un très bon polar social, qui ne cache pas ses valeurs mais ne fait jamais passer le message au détriment de l’intrigue ou des personnages. Que demander de plus ?
Dominique Delahaye / Gueules cassées, In8 (2022).