Le tueur au caillou

Dès son premier roman traduit, Alessandro Robecchi s’est affirmé comme une auteur italien à suivre, et à d’ailleurs gagné le prix Violeta Negra décerné lors de Toulouse polars du Sud. Avec ce troisième roman Le tueur au caillou, il confirme qu’il est un grand du polar italien qui compte quelques maestros.

Un boucher « de luxe », propriétaire de plusieurs boucheries très connues à Milan est abattu dans la rue, un soir. Le tueur a laissé un caillou sur le cadavre. L’homme était inconnu des services de police, aimé de tous, il payait ses impôts … Un grand mystère. C’est ensuite un promoteur en vue qui est abattu, avec une autre arme, mais toujours avec un caillou. Lui par contre avait quelques casseroles, mais surtout des appuis politiques puissants.

La grande bourgeoisie milanaise à peur, les journaux en font des tonnes, et Flora de Pisis, la grande prêtresse de l’émission bien putassière de notre ami producteur Carlo Monterossi ne reculera devant aucune vulgarité pour faire de l’audience et faire pleurer dans les chaumières.

De leur côté, les flics milanais, à la tête desquels se trouvent le brigadier Carella et le sous-brigadier Ghezzi que les habitués de l’auteur milanais connaissent déjà sont dessaisis de l’enquête au profit d’un grand cirque romain et d’un profileur israélien. Dessaisis ne veut pas dire inactifs, et Carlo, comme toujours, va se retrouver mêlé à l’affaire.

Alessandro Robecchi s’améliore de roman en roman, et pourtant le premier était déjà très bon. Là on passe au niveau supérieur. Il reste l’écriture vive et l’humour qui vient teinter le désespoir de plus en plus grand de Carlo et des flics. La critique de la société, jamais pesante, se fait impitoyable. Les médias, le grand cirque des réseaux sociaux sont cloués au pilori sans jamais tomber dans la leçon pesante.

Le sort des plus humbles est au centre du roman, sans pathos, sans angélisme, avec une tendresse et une humanité qui vous prend aux tripes. La morgue de ceux à qui la vie a tout donné est décrite d’une manière éclatante, d’autant plus que c’est ici au travers d’un personnage inoubliable.

Décidément un très grand auteur, un des maîtres du polar italien pourtant très riche. Et bonne nouvelle pour ceux qui n’ont pas lu les deux premiers, ils se lisent, pour l’instant, tous indépendamment, même s’il est parfois fait allusion aux romans précédents.

A lire absolument.

Alessandro Robecchi / Le tueur au caillou, (Torto marcio, 2017), l’aube noire (2023) traduit de l’italien par Paolo Bellomo et Agathe Lauriot dit Prévost.

9 réflexions au sujet de « Le tueur au caillou »

  1. Jourdan

    Connaissais pas du tout cet auteur. Un thème intéressant entre autres, le traitement glauque des médias de ce crime.
    C’est noté. Merci.

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  2. marilys

    je viens de le finir
    j’approuve complètement ton commentaire. très bon policier . des personnages attachants et une critique de la Tv notamment l’italienne avec les méfaits de Berlusconi!
    decideent j’aime beaucoup les auteurs italiens
    bon week-end

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  3. Claude MAURICE

    Bonjour, commentaire un peu tardif : c’est -à mon humble avis- le meilleur des 3 traduits en français, j’ai lu en italien son bouquin « Flora » … également madone de la télé réalité…. excellent aussi , même style, même milieu TV etc A lire dès traduction !

    Répondre

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