Xiaolong Qiu s’attaque à la situation en Chine au début de la crise du COVID dans Amour, meurtre et pandémie.
Chen, l’ex légendaire inspecteur, a été mis au placard, puis en arrêt maladie. Alors que l’épidémie de COVID atteint Shanghai, et que toute critique de l’action du gouvernement conduit tout droit en prison, il est contacté de toute urgence par un officiel de la mairie de la ville : Trois personnes ont été assassinées à proximité d’un des plus grands hôpitaux de la ville. Il faut d’urgence trouver un coupable pour que la peur de la présence d’un serial killer ne vienne pas s’ajouter à la panique créée par la maladie.
On sait que la gestion de la crise par la Chine a été pour le moins autoritaire, et on sait que le pays en a profité pour donner quelques tours de vis supplémentaires dans le flicage permanent de toute la population. Mais le lire, comme ça, aux travers de personnages dont on partage les émotions, la peur, la révolte et le sentiment d’impuissance est une expérience, de mon point de vue, totalement inoubliable et beaucoup plus marquante que tous les articles et essais.
Comme souvent dans les aventures de Chen Cao, l’intrigue est assez minimaliste, prétexte à citer de la poésie, déguster différentes spécialités (même si ici, par temps de COVID c’est de plus en plus compliqué) et surtout dresser un état du pays. Un état qui est de plus en plus inquiétant et qui devient assez atroce avec ce roman qui est sans nul doute le plus sombre et les plus désespéré de la série.
Je ne sais pas d’où l’auteur, qui vit aux US, tire ses informations, mais le portrait qu’il dresse du pays fait froid dans le dos. Mépris de la vie humaine, violence de la répression, corruption, désespoir de la population, servilité totale envers qui détient une once de pouvoir …
Glaçant et indispensable.
Xiaolong Qiu / Amour, meurtre et pandémie, (Love and murder in Covid days, 2022), Liana Levi (2023) traduit de l’anglais (USA) par Françoise Bouillot.