Archives pour la catégorie Polars asiatiques

La nuit du hibou

Alors qu’ici et là on lit des critiques fort élogieuses, après m’être copieusement ennuyé avec Le jardin de Hye-Young Pyun, je suis encore totalement passé à côté de La nuit du hibou. Je crois que nous sommes incompatibles.

L’avocat Lee Ha-in débarque dans un bourg en lisière de forêt à la recherche de son frère, disparu depuis peu alors qu’il était gardien de la forêt. C’est du moins ce qu’il a prétendu lors du dernier coup de téléphone à leur mère. Des recherches peu actives tant les relations entre les deux frères sont exécrables. Le nouveau gardien, un alcoolique, ne sait rien, il vient d’arriver. Au village les questions de Ha-in se heurtent à un silence hostile. Se passerait-il de drôles de choses dans cette forêt ?

J’imagine qu’il faut lire ce roman comme un conte, une métaphore que je n’ai pas saisie, tant les situations décrites ne tiennent pas la route, et tant il est impossible de s’attacher au moindre personnage. Aucune chaleur, aucune empathie, aucune rage, pas la moindre émotion. Mais un vrai sentiment d’étrangeté.

Le problème est que je suis sans doute trop rationnel. En avançant, quand j’ai vu que l’atmosphère cauchemardesque ne semblait aboutir sur aucune résolution, ou aucune explosion, que tout resterait brumeux, j’ai commencé à me désintéresser complètement de l’histoire, après m’être désintéressé des personnages. D’où le décrochage complet.

J’en conclut que Hye-Young Pyun et moi sommes incompatibles, ce fut ma dernière tentative.

Hye-Young Pyun / La nuit du hibou, ( ???, 2012), Rivages/Noir (2022) traduit du coréen par Lee Tae-yeon et Pascale Roux.

Le loup d’Hiroshima

Pour changer, j’ai sorti un livre qui se trouvait sur ma pile depuis quelque temps. Bonne pioche avec Le loup d’Hiroshima de Yûko Yuzuki.

Eté 1988, le jeune flic Hioka est nommé dans le groupe anti yakuzas de la ville d’Hiroshima. Il se retrouve sous les ordres du commandant Ogami, une véritable légende. Flic aux méthodes très peu orthodoxes, soupçonné de proximité avec certains yakuzas, craint par ses supérieurs, ses résultats exceptionnels le rendent intouchable.

Alors que le jeune homme tente de se faire aux méthodes extrêmes de son supérieur, à l’opposé de ce qu’on lui a appris à l’école, des incidents éclatent entre deux gangs locaux rivaux et éviter le bain de sang semble impossible.

C’est une expérience de lire ce roman. L’écriture y est aussi raide que la hiérarchie dans la police japonaise, et que les rapports sociaux décrits dans le roman. Ce n’est pas une écriture qui fait se pâmer ni s’extasier, mais la lecture est passionnante pour tout ce qu’elle décrit de la société japonaise, en passant par le filtre de la lutte entre la police et les yakusas.

On découvre une ville, un système de valeurs qui nous est en grande partie étranger, des fonctionnements complètement exotiques pour le lecteur français, et en même temps une corruption et des pulsions qui sont elles bien universelles.

Comme de plus l’histoire est bien menée, le suspense efficace et les personnages attachants, c’est une vraie découverte, autant littéraire que géographique et sociologique à côté de laquelle il serait dommage de passer.

Yûko Yuzuki / Le loup d’Hiroshima, (The blood of wolves, 2015), Folio/Policier (2021) traduit du japonais par Dominique et Frank Sylvain.

Le serveur de Brick Lane

Un nouvel auteur anglo-indien chez Liana Lévi, Ajay Chowdhury et son premier roman Le serveur de Brick Lane.

Kamil Rahman est serveur au Tandoori Knights, Brick Lane, London, restaurant appartenant à deux amis de ses parents, originaires comme lui de Calcutta. Pourtant quelques semaines auparavant, il était inspecteur de police dans sa ville natale. Jusqu’à ce qu’une enquête tourne mal et le voit affronter des gens trop puissants pour lui.

Quand le richissime Rakesh Sharma chez qui ils étaient allés faire fournir un service de traiteurs est retrouvé mort à la fin de la fête, Kamil se dit que c’est peut-être le moment proposer ses talents à la police anglaise. Mauvaise idée … Mais Kamil est têtu.

Si je devais résumer je dirais : Peut mieux faire.

Le gros reproche que je ferais à ce roman est d’être un peu trop sage. On ne sent pas le bruit, le chaos, les senteurs de Calcutta. On ne ressent pas le côté cosmopolite de Brick Lane ou la frustration d’un personnage comme vous et moi face à l’impunité des puissants. L’auteur nous dit tout ça, mais d’une écriture encore un peu sage, ou scolaire ; à moins que ce ne soit l’envie de rendre hommage aux grands anciens british (de Poirot à Holmes). Toujours est-il que l’émotion ne passe pas. Et puis j’avoue que s’il faut regarder du côté des anglais je suis plus Robin Cook qu’Agatha Christie, plus Ted Lewis que Conan Doyle. Bref pour moi ça manque de force et de folie.

Sinon, il faut reconnaître que le personnage principal est attachant, la description de la corruption en Inde intéressante, le quotidien des immigrés indiens à Londres, dans leur grande diversité est bien décrit, et le roman donne faim, ce qui est la moindre des choses pour une histoire se déroulant en partie dans un restaurant.

Donc je ne me suis pas ennuyé, mais je ne suis pas enthousiaste. Mais je suis certain que c’est un roman qui va toucher un public qui ne veut pas trop de noirceur dans les polars.

Ajay Chowdhury / Le serveur de Brick Lane, (The waiter, 2021), Liana Lévi (2021) traduit de l’anglais par Lise Garon.

Le sniper, son wok et son fusil

Rentrée en fanfare et feu d’artifice à la série noire avec Le sniper, son wok et son fusil du taïwanais Chang Kuo-Li.

Ai Li, dit Alex, a quitté un temps son wok et le riz sauté qui fait le bonheur des touristes et des habitants dans le Cinque Terre pour venir abattre, sur la place de la fontaine de Trevi, la cible que lui a indiqué son contact taïwanais. Il ne sait pas qu’il est lui-même la cible d’un autre sniper.

A Taïwan, le superintendant Wu se retrouve, à 12 jours de la retraite, avec un suicide louche et un meurtre. Deux militaires. Il a donc l’armée dans les pattes, lui qui veut finir sa carrière proprement. Et ce n’est que le point de départ.

Voilà de quoi vous requinquer si vous avez un peu le moral dans les chaussettes. De l’action en veux-tu en voilà, de l’humour, une belle construction, classique avec ses aller-retours vers le passé, mais diablement efficace, des personnages attachants, des recettes qui vous donnent l’eau à la bouche, du suspense, une écriture dynamique … Et toute ressemblance avec les magouilles infernales connues ici sous le nom des « frégates de Taïwan » est forcément le pur fruit du hasard.

Un vrai pur plaisir de lecture au premier degré, et en plus c’est loin d’être bête. Ce serait vraiment dommage de passer à côté.

Chang Kuo-Li / Le sniper, son wok et son fusil, (炒飯狙擊手, 2017), Série Noire (2019) traduit du mandarin (Taïwan) par Alexis Brossollet.

Le placard

Les planificateurs, puis Sang chaud, deux polars très originaux du coréen Kim Un-Su. Original, Le placard l’est sans le moindre doute. Quant à le classer dans la catégorie polar …

Le narrateur est un jeune homme que rien ne distingue des autres. A force de travail il a réussi un concours qui lui a valu un travail à l’Institut. Et s’est rapidement aperçu que ce travail consistait à rester à son bureau sans rien faire, sans se faire remarquer, comme tous ses collègues. Mais notre narrateur a un problème majeur, il ne supporte pas l’ennui.

En se promenant dans les couloirs il a remarqué qu’un placard était fermé par un cadenas à combinaison. Pour passer le temps, il a essayé, en partant de 000, et a fini par l’ouvrir et a commencé à lire les dossiers qui y sont rangés. Il s’est ainsi fait remarquer par le redoutable et mystérieux Dr Kwon.

Le voilà plus ou moins responsable du sort des personnes décrites dans les dossiers. Tous mutants, d’une façon ou d’une autre. Hybrides humains animaux ou plantes, victimes de sommeil durant des mois, de perte de périodes entières de temps … Sa vie a changé à jamais, et ce n’est qu’un début.

J’ai beaucoup de mal à me faire une idée sur ce roman, et à savoir si je le recommande ou pas. Il ressemble davantage à une série de nouvelles, plus ou moins reliées par le mince fil conducteur de la vie du narrateur.

Certains passages sont poétiques, il y a de la SF, du fantastique, un peu de polar (assez peu), des passages édifiants sur les rapports de hiérarchie et la lâcheté et la mesquinerie du monde du travail coréen … certains chapitres sont enthousiasmants, d’autres m’ont laissé assez froid. Si je comprends l’intention derrière certains chapitres, je la décerne moins dans d’autres, et je m’interroge sur le choix de la structure globale du roman. Je me suis parfois demandé : « mais qu’a donc voulu dire l’auteur ? ». Peut-être un manque de références culturelles coréennes ?

Le final est totalement inattendu, mais pouvait-il en être autrement quand on est étonné et surpris tout au long du roman ?

Comme vous pouvez le constater je continue, une fois le roman refermé, à me demander ce qu’a vraiment voulu communiquer l’auteur, et même si j’ai vraiment aimé ce livre ou non. Mais finalement, une œuvre qui vous fait vous poser autant de questions ne peut pas être totalement inintéressante.

Kim Un-Su / Le placard, (캐비닛, 2006), Matin calme (2021) traduit du coréen par Choi Kyungran et Pierre Bisiou.

Une enquête du vénérable juge Ti

Une petite friandise (c’est de saison) avant d’attaquer la rentrée. Une enquête du vénérable juge Ti de Xiaolong Qiu.

Il y a bien longtemps, le vénérable et très respecté juge Ti a pris parti entre deux prétendants dans une lutte de succession, ce qui lui vaut d’être envoyé en province. Mais la veille de son départ un messager lui demande d’enquêter sur une affaire sensible. La très belle poétesse et courtisane Xuanji est accusée d’avoir battu sa servante à mort. Torturée elle a avoué, mais ses aveux laissent de nombreuses zones d’ombre, et des hommes très influents étaient de ses proches. Sous prétexte de publier un recueil de ses poèmes, le juge Ti secondé par le fidèle Yang Rong finira par découvrir la vérité.

Une friandise en forme d’hommage, à l’écriture délicieusement surannée, sans Chen Cao (ou presque, je vous laisse trouver où il pointe son nez, lui qui naitra des siècles plus tard). Cette novella se lit avec le sourire, mais laisse un arrière gout amer, tant ce sont toujours les mêmes qui payent les pots cassés des puissants.

Xiaolong Qiu / Une enquête du vénérable juge Ti, (The shadow of the empire, 2019), Liana Lévi/Piccolo (2020) traduit de l’anglais (USA) par Adélaïde Pralon.

Carnets d’enquête d’un beau gosse nécromant

Je continue à picorer dans les publications de la nouvelle maison d’édition Matin Calme qui publie des polars coréens. Avec un roman complètement déjanté, Carnets d’enquête d’un beau gosse nécromant de la très jeune Jung Jaehan.

Le cabinet secret du Beau Gosse, haut lieu du chamanisme à Séoul : Nam Hanjun, dit beau-Gosse, fan de fringues de luxe, le Chaman ; Hyejun, sa petite sœur, hackeuse de génie ; et Sucheol, grand et costaud, fan de paintball et d’armes factice, détective privé. Leur activité : la divination, au profit de tous ceux qui peuvent payer. En réalité de faux chamans, mais de vrais escrocs … Quoi que, comme ce sont d’excellents détectives, leurs conseils sont en général de très bonne tenue.

Tout roule, l’argent rentre, jusqu’à ce qu’ils découvrent, lors d’une chasse aux faux fantômes, un vrai cadavre dans un égout. Et se prennent dans les pattes Ye-eun, inspectrice, spécialiste d’arts martiaux, très obstinée, à la recherche d’une jeune fille qui a disparu.

Ces Carnets d’enquête d’un beau gosse nécromant ont les défauts de leurs qualités.

Ca va à fond, ça part dans tous les sens, il y a une énergie et un humour très communicatifs. Et ça manque un peu de tenue, l’attelage de chevaux fous échappe parfois au cocher. On lit à propos de l’auteur qu’elle a écrit un roman publié sur le web, par chapitres, à l’image des feuilletonistes (je n’ai pas compris si c’était celui-ci ou un précédent). Cela se sent, il y a cette énergie, ce besoin de vous donner envie de lire le suivant, mais si chaque chapitre se tient a le bon rythme, l’accumulation est parfois un peu chargée et parait s’essouffler. Ce n’est pas pareil de courir 8 fois le 100 mètres en 8 jours, ou de courir un 800 d’un coup.

Ceci étant dit, c’est quand même un roman intéressant, vif, amusant, le style est très direct, les description visuelles, l’auteur s’amuse à interpeler le lecteur, à revenir en arrière pour expliquer une scène. Donc on ne risque pas de s’endormir à la lecture.

Il y a surtout la description de Séoul et de ses habitants, très intrigante pour un lecteur peu au fait des coutumes du pays. On vit au rythme des sorties et des envies superficielles d’un enquêteur assez immature, du moins en apparence, dont on soupçonne peu à peu qu’il cache des secrets (révélés dans de prochains épisodes ?). Et on découvre une société coréenne étonnante, à la pointe de la technologie, et en même temps prête à croire le premier charlatan venu, et ce, visiblement, du plus pauvre et du moins éduqué aux plus hauts dirigeants, économiques et politiques. On entrevoit aussi ici des inégalités flagrantes que ceux qui ont vu Parasites connaissent déjà. Et ici comme ailleurs, les puissants semblent intouchables et peuvent profiter à leur aise des plus pauvres.

Un premier roman prometteur, qui semble appeler de nouvelles aventures que je découvrirai avec plaisir quand elles arriveront chez nous, en espérant que l’auteur aura alors gagné un peu de sérénité et saura canaliser sa fougue sans la perdre.

Jung Jaehan / Carnets d’enquête d’un beau gosse nécromant, (미남당 사건수첩, The minamdang case note, 2018), Matin Calme (2020) traduit du coréen par Han Yumi et Hervé Péjaudier.

Sang chaud

Je n’avais pas encore eu l’occasion de me pencher sur la collection Matin Calme qui publie des polars coréens. C’est maintenant fait avec Sang chaud de Kim Un-Su.

KimBusan, grande ville, port important, face au Japon. Les trafics, tous les trafics ont été partagés entre différents clans. Celui du quartier de Guam tient le port et la plage, la contrebande et tous les commerces autour de la saison estivale. Son chef, Père Sohn, refuse de toucher à la drogue et mène ses affaires en bon père de famille. C’est aussi en père de famille parcimonieux qu’il gère ses troupes, dont Huisu, la quarantaine, son bras droit qui est manager en titre du grand hôtel sur la plage.

Le pauvre Huisu est en plein doute. Après plus de 20 ans de vie de truand, il vit à l’hôtel, n’a pas un sou en poche, aime toujours sans se l’avouer, son amour de jeunesse, ancienne prostituée reconvertie en patronne de bar, et ne voit vraiment pas comment il va pouvoir sortir de la spirale de cuites et boulots ingrats au service de Père Sohn. A moins qu’une occasion de voler de ses propres ailes ne se présente.

De Kim Un-Su j’avais déjà apprécié Les planificateurs. Ce nouveau roman, totalement différent, est à la fois très classique dans sa thématique : Ascension et chute d’un truand (on en a lu des dizaines), et totalement original dans son écriture et sa construction.

J’ai mis un peu de temps à rentrer vraiment dans le roman, même si dès le départ l’écriture est vive, avec des moments assez drôles, pittoresques à la limite du grotesque. Et puis petit à petit on s’attache à Huisu dont les préoccupations sont universelles, et qui traverse une crise existentielle commune à tous, et pas seulement aux truands coréens du port de Busan.

Et tout en gardant son écriture vive, et une belle capacité à saisir les détails drôles dans toute situation, le ton et l’ambiance se font plus sombres, la noirceur plus marquée, et la mainmise, ici comme ailleurs, de ceux qui ont le pouvoir et l’argent sur les vies des autres se fait de plus en plus sentir. La montée de la tension et de la violence est superbement maîtrisée et le lecteur est emporté dans un rythme de plus en plus frénétique, avec de grosses explosions de violence.

Une très belle découverte, je crois que je vais suivre très attentivement le travail de cette nouvelle collection.

Kim Un-Su / Sang chaud, (Tteugeoun Pi 뜨거운피, 2010), Matin Calme (2020) traduit du coréen par Kyungran Choi et Lise Charrin.

Le jardin

On ne peut pas dire que les polars coréens traduits en français courent les rues. J’étais donc content de lire Le jardin de Hye-Young Pyun. Mais je suis resté de marbre.

PyunOgui se réveille à l’hôpital. Paralysé et incapable de parler. Son dernier souvenir, l’accident de voiture. Il apprend que son épouse est morte sur le coup. Alors qu’il revient à la vie, la seule personne à venir le voir régulièrement est sa belle-mère avec qui ses relations n’étaient pas mauvaises, mais distantes.

Une fois de retour chez lui, c’est elle qui va devoir s’occuper de lui, tâche qu’elle réalise avec un dévouement qui fait l’admiration de tous, jusqu’à ce que, petit à petit …

J’ai vu ici et là des critiques enthousiastes, qui toutes notaient la distance, le ton froid de l’auteur. J’avoue que c’est ça, en premier lieu, qui m’a complètement laissé en dehors du roman. On a beau être censé être dans la tête du narrateur qui vit quand même des choses assez éprouvantes, c’est tellement distancié, il y a un tel manque d’émotion, de quelque émotion que ce soit (peur, colère, amour, envie …) dans la description du quotidien ou dans les flashbacks qui décrivent sa vie d’avant que je me foutais complètement de ce qui pouvait lui arriver. Qui de plus est très prévisible.

Là aussi il y a quelque chose qui m’a laissé complètement en dehors du bouquin, c’est que si on a quelques surprises, petites, dans les révélations de ce qu’était la vie de Ogui avant l’accident, on voit venir le dénouement de loin. Et donc aucun suspense, aucune tension, aucune émotion pour moi, ni peur, ni effroi, rien.

Si vous voulez flipper, mais vraiment flipper, avec quelqu’un qui se trouve complètement aux mains de celui ou celle qui le soigne, je ne saurais trop conseiller Misery bien entendu, que j’imagine tout le monde a au moins vu au cinéma, mais surtout le génial et moins connu Côté jardin d’Alain Monnier qui, je vous le garantis, va vous mettre autrement les tripes à l’envers.

Hye-Young Pyun / Le jardin (The Hole, 2016), Rivages/Noir (2019), traduit du coréen par Lim Yeong-Hee et Lucie Modde.

Avis de décès

Ce n’est pas une nouvelle, je ne suis pas fan de thriller. Mais un thriller chinois, ça se tente, pour voir. Avis de décès de Zhou Haohui ne m’a pas convaincu, pas du tout, chinois ou autre, je reste allergique au genre.

HaohuiVille de Chengdu, capitale de Sichuan (c’est gougueule qui me l’a dit). Zheng Haoming, sergent de la police de la ville est trouvé assassiné chez lui. 18 ans après une affaire qui avait secoué la police locale, il enquêtait toujours et semblait avoir trouvé de nouveaux indices concernant les meurtres de trois policiers. L’affaire avait été complétement étouffée, et à part la cellule spéciale formée pour l’occasion, dont faisait partie Zheng Haoming, personne ne s’en souvient.

Il va bien falloir déterrer le dossier et reformer une nouvelle cellule d’investigation alors qu’un tueur particulièrement déterminé et machiavélique recommence à défier la police.

Soyons bref et efficace : Si vous voulez absolument lire un thriller, lisez américain, après tout, mieux vaut l’original que la copie. Quand je veux me vider la tête je lis un Stephen Hunter, bien bourrin. Et si vous voulez lire un polar qui vous apprenne quelque chose sur la Chine d’aujourd’hui, lisez plutôt Qiu Xiaolong.

Ici on a un bouquin tressé avec de très grosses ficelles, voire des cordes, qui n’a d’étonnant que les relations très hiérarchiques et raides au sein de la police de Chengdu. Pour le reste, tueur super intelligent, procédés littéraires gros comme des maisons pour épaissir le mystère, style, j’ai un narrateur omniscient qui raconte tout, et hop, je change de point de vue pour que le lecteur ne sache pas comment on se retrouve avec un nouveau cadavre, apparemment en présence des flics, et hop voilà un mystère qui épaissit. Quant à la façon dont le « cerveau » sorti du chapeau arrive à exécuter ses victimes … Je préfère ne rien en dire tant elle est au-delà de toutes les limites de la vraisemblance.

D’un simple point de vue de l’intrigue, quand on multiplie les questions et les apparentes impossibilités, il faut être très fort pour ne pas décevoir le lecteur à la fin. Si vous ne connaissez pas, lisez La caverne aux idées ou Clara et la pénombre de José Carlos Somoza. Là c’est raté, on n’y croit pas un instant, donc on ne peut que se sentir floué.

Et on ne saura rien de plus sur la vie dans la province du Sichuan, sinon qu’on ne rigole pas avec le devoir et la hiérarchie dans la police. Je m’arrêterai donc là dans ce qui est annoncé comme une trilogie.

A noter en prime, cette traduction, faite à partir de la version anglaise … Je croyais qu’on ne faisait plus ce genre de choses.

Zhou Haohui / Avis de décès (Si wang tong zhi dan : an hei zhe, 2014), Sonatine (2019), traduit du chinois à partir de la version anglaise par Hubert Tézenas.