L’année 2019 avait commencé sur les chapeaux de roues, là une fois de plus je suis moyennement convaincu. Par Le magicien de Magdalena Parys.
Dans un immeuble squatté par les Roms, à Berlin, la police découvre un cadavre mutilé. Frank Derbach, un obscur employé aux archives, qui fut, en son temps, employé par la Stasi.
Dans le même temps, à Sofia, Gerhard Samuel, photographe et vidéaste de presse meurt d’une crise cardiaque. Il connaissait Frank Derbach, et a laissé à la réception de son hôtel des papiers pour sa belle-fille, journaliste à la télévision allemande.
Le commissaire Kowalski devrait être en charge de l’enquête à Berlin, mais il est écarté, de façon incompréhensible, pour que l’affaire soit confiée à un policier totalement incapable.
Que cache toutes ces manœuvres ? Et quel est le lien avec Christian Schlangenberger, ancien membre de la Stasi qui est en train de devenir l’homme politique en vue et en vogue ?
J’avais très envie d’aimer ce bouquin. Parce que j’aime habituellement les publications de chez Agullo, parce qu’on m’avait dit beaucoup de bien du précédent roman de cette auteur que je n’ai malheureusement pas lu, et aussi et surtout parce que quelqu’un capable de citer Terry Pratchett et Poutine en exergue de chapitres est forcément quelqu’un d’intéressant.
Et il y a beaucoup de bon dans Le magicien. Les personnages sont intéressants, même si, malgré les fréquents retours en arrière pour expliciter leur passé, on reste un peu à leur surface. La thématique est également passionnante. Je n’avais jamais lu de polar sur la reconversion des anciens de la Stasi, ni sur les assassinats des habitants des pays de l’Est tentant de passer à l’ouest par la frontière bulgare.
Mais je ne suis pas totalement convaincu, plusieurs choses me gênent.
Tout d’abord l’intrigue et la façon de raconter l’histoire. L’auteur a multiplié les allers-retours chronologiques, pas seulement vers le passé ancien (ceux-là sont utiles), mais en rembobinant plusieurs les actions récentes, et je ne vois vraiment pas ce que ça apporte, sinon une complexité artificielle. Et surtout je n’ai pas cru une seconde à la résolution du mystère, qui nous sort un personnage miracle dans les dernières pages. Un peu facile et pas très cohérent avec le reste.
On en arrive ensuite à l’écriture. Première gène, elle use et abuse d’un procédé qui finit par être agaçant : on suit un personnage, et elle annonce alors ce qui va lui arriver, ou ce qui est déjà arrivé mais que ce personnage ignore, sous la forme « il/elle ne le savait pas encore, mais bidule était déjà mort(e) ». Une fois pourquoi pas, à la cinquième, ça lasse.
Et cela renforce mon impression sur l’écriture. Celle que Magadalena Parys n’a pas su, ou voulu, choisir un ton. On est parfois dans le burlesque, parfois dans le dramatique, elle prend une certaine distance qui, j’imagine, est censée donner un côté comique. C’est d’ailleurs traduit par ces exergues où l’on trouve donc Pratchett au côté de Poutine, Staline, Kennedy et bon nombre d’auteurs allemands, russes … Le problème est que ça aurait sans doute fonctionné sur un roman court. Sur 500 pages, ça m’a fatigué. Ou je suis imperméable à l’humour polonais. Ou j’étais de mauvaise humeur. Mais le résultat est qu’au final, j’ai fini par trouver le procédé lourd.
Donc de bonnes idées, des personnages intéressants, que j’aurais aimé voir plus fouillés pour certains, mais un style qui m’a complètement sorti de l’histoire, et une intrigue pas convaincante.
Magdalena Parys / Le magicien (Magik, 2016), Agullo Noir (2019), traduit du polonais par Margot Carlier et Caroline Raszka-Dewez.