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Sale nouvelle.

En ce moment, on cherche plutôt les bonnes nouvelles, et voilà que nous tombe sur le coin du nez la mort de Bertrand Tavernier. Sale tuile.

Je n’ai jamais pu le rencontrer en vrai, mais toute personne ayant vu un de ses films, ayant lu un de ses livres, ou l’ayant entendu par hasard à la radio sait une chose : C’était un merveilleux raconteur et passeur d’histoires.

Chaque fois que je suis tombé sur sa voix reconnaissable entre mille à la radio j’ai systématiquement écouté le programme jusqu’au bout. Il avait la verve, la culture immense, la passion et la manière de faire tout passer. Il savait être à la fois très pointu dans ses analyses, jamais pédant, et mettait systématiquement en avant le plaisir du spectateur quand il parlait des films des autres.  Un plaisir, un savoir et une passion qui sautent aux yeux dans son livre Amis américains. Un plaisir qui éclate à la lecture de sa collection de westerns chez Actes Sud.

Et puisqu’on parle de westerns, aucune pédanterie chez lui, aucun mépris pour aucun genre. Et comme cela se sentait dans ses films !

Pour les amateurs de polars il reste celui qui a su adapter deux monstres, 1275 âmes de Jim Thompson et Dans la brume électrique de James Lee Burke. Deux adaptations pour moi excellentes. Parce que l’idée de transposer le Texas poisseux du grand Jim dans l’Afrique coloniale de Coup de torchon était géniale. Parce que faire incarner Robicheaux par Tommy Le Jones l’était tout autant.  J’ai adoré les deux, alors qu’il est toujours casse gueule d’aller voir l’adaptation d’un roman qu’on a beaucoup aimé.

Et puis je n’ai pas vu tous ses films, mais tous ceux que j’ai vus m’ont plu. C’est peut-être lui qui a donné ses plus beaux rôles à l’immense Noiret. Magistral dans Que la fête commence, jubilatoire dans La fille de Dartagnan (vu et revu dans la période cape et épées de mes gamins), magnifique dans La vie et rien d’autre. Sans compter un de mes souvenirs de cinéclub, Romy Scheider bouleversante dans La mort en direct, salement prémonitoire.

Monsieur Bertrand Tavernier, avant ce jour sinistre, vous n’aviez apporté que du bonheur dans ma vie, merci pour tout.