Ceux qui ont lu les premiers romans de Jacky Schwartzmann peuvent légitimement se poser la question suivante : Cet homme n’est-il pas un peu fou ? Pyongyang 1071 répond à cette question, sans la moindre ambiguïté : Oui.
« J’ai décidé d’aller à Pyongyang lors d’une soirée créole. » De là à imaginer que le rhum n’était pas étranger à cette décision, il n’y a qu’un pas, que le lecteur franchira allègrement.
Pourquoi cette certitude que l’auteur est fou ? Parce que lors de cette soirée il décide d’aller courir le marathon de Pyongyang. Déjà courir un marathon … c’est-à-dire souffrir, longtemps, courir même pas après une balle, un ballon ou l’objet de ses désirs, que voilà une idée bien étrange. Mais en plus associer cette torture à un voyage guidé en Corée du Nord, c’est associer l’infernal au désagréable.
Et pourtant c’est un vrai plaisir pour le lecteur de suivre la préparation, la course, le voyage de Jacky Schwartzmann qui ne perd rien de la vivacité de son style et de son humour quelles que soient les circonstances.
En résulte un récit drôle, vif et très pertinent, critique bien entendu sur le pays, non pas visité, mais montré comme un zoo ou un musée sans aucune possibilité d’échanger avec quiconque, sauf les guides officiels ; mais également très critique envers ses compagnons de voyage.
Et je partage pleinement une des conclusions de l’auteur, même si je n’ai jamais, au grand jamais, couru ne serait-ce que le début du commencement d’un marathon, et que je ne mettrai sans doute jamais les pieds en Corée du Nord : « Au fond, le plus dur dans ce voyage, le plus pesant, ce ne sont pas les contraintes liées au régime et au folklore. Non. C’est le voyage organisé. »
Un voyage qui, grâce au talent de l’auteur, a au moins eu le mérite de me faire beaucoup rire, bien plus qu’une conférence connaissance du monde.
Jacky Schwartzmann / Pyongyang 1071, Paulsen (2019).