Archives du mot-clé David Gemmell

Mon plaisir coupable à moi

Surprise chez Bargelonne, un polar écrit par le spécialiste de la fantazy avec des gros balaises, de l’humour et de la baston David Gemmell : Chevalier blanc, cygne noir.

GemmellQuelque part dans la banlieue londonienne Bimbo est un colosse qui vit de petit boulots au service du truand local Frank Reardon. Il récupère des sous, fait les gros yeux à ceux qui ne payent pas pour la protection, distribue quelques baffes au besoin, mais généralement, il n’y a pas besoin, sa seule présence est assez intimidante.

Sinon il entretient sa forme, va au parc donner à manger au cygne, discute avec les gamins, essaie d’apprendre à jouer aux échecs avec un vieil antiquaire, et voit ses potes. Jusqu’au jour où, pour aider un ami, il abime un peu un truand qui venait le racketter. Sans savoir que le truand en question était en affaire avec son boss. Reardon qui ne veut pas perdre la face décide alors de donner une leçon à Bimbo, qui lui ne veut pas céder un pouce de terrain. La guerre est inévitable, il va y avoir de la casse.

Ouvrir un David Gemmell, pour moi, c’est comme tomber par hasard au milieu de Le bon, la brute et le truand. Je sais que ce n’est pas ce qu’il y a de plus fin et raffiné au monde, mais si je commence, je ne peux plus m’arrêter. Je ne sais combien de fois, au hasard d’un hôtel, je suis tombé sur ce film, à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit, me disant que j’allais regarder 10 minutes, pour n’éteindre qu’après « Blooooooondy !!!!!!!!!!!!!!! ». (D’ailleurs combien vont regarder le ¼ d’heure de vidéo en lien ?)

Là c’est pareil. Ce n’est pas d’une finesse à toute épreuve, ça ne fait pas mal au crane, on sait comment ça va se terminer, et pourtant ça marche. Parce que David Gemmell est un excellent conteur, qui savait accrocher son lecteur, et qui avait à cœur de lui faire plaisir. Alors une fois de plus j’ai suivi avec beaucoup de plaisir les mésaventures de son colosse, pendant contemporain de Druss, sans la hache. Il y a peu de chance de Gemmell se voit attribuer le Nobel à titre posthume, mais une fois de plus, si vous avez envie de tourner les pages sans trop réfléchir mais avec un grand plaisir, allez-y tranquille. Après vous pouvez revoir pour le vingtième fois Clint, Lee et Eli.

David Gemmell / Chevalier blanc, cygne noir (White knight, black swan, 1993), Bragelonne/Thriller (2018), traduit de l’anglais par Leslie Damant-Jeandel.

Ca castagne avec Druss

Je viens de me faire traiter (très gentiment) d’intellectuel bourgeois par le père Leroy. D’ailleurs j’assume, quitte à prendre lourd … Ben l’intellectuel bourgeois, comme tout le monde, a droit lui aussi a sa petite régression, à son moment de retour en arrière, à son quart d’heure de détente. Surtout quand il a la chance d’avoir des minots qui grandissent en lisant. Gaby vient donc de découvrir (j’y suis pour quelque chose) un des bouquins qui, il y a une vingtaine d’année, m’avait enchanté, à savoir Légende de David Gemmell. Je m’en souviens encore, quatre cent pages de castagne, pour une version médiévale de Fort Alamo qui tient en haleine du début à la fin. Du coup, je lui ai aussi acheté Druss la légende … et je lui ai piqué.

gemmell_ drussDruss est un jeune bucheron pas forcément très fin ni très malin, mal à l’aise avec les autres, coléreux et très costaud. Il ne trouve la paix qu’auprès de sa jeune épouse Rowena. Pas de quoi écrire une histoire … Jusqu’à ce qu’une bande de pillards débarque, massacre son village, trucide son père et enlève Rowena en faisant une seule erreur : laisser Druss en vie. Son père mourant a juste le temps de lui révéler la cache où il trouvera Snaga, la hache de son grand-père, tueur de sinistre mémoire. Avec l’aide d’une sorte de justicier, Druss va partir à la poursuite des ravisseurs, et commencer à forger sa légende.

Attention, c’est de la fantasy style poil aux pattes. Beaucoup de castagne, pas beaucoup de personnages féminins (sauf comme moteur des aventures), glorification du courage, de la résistance à la douleur, de la fidélité, humour de vestiaire de rugby … Même s’il a ses zones d’ombres (toutes petites) Druss est le héros dans toute sa splendeur, plus John Wayne que Harvey Keitel ou Christopher Walken. Donc prière de poser la partie du cerveau trop sujette aux pinaillages avant d’ouvrir le bouquin.

Mais, mais … Quel putain de talent de conteur ! Scrogneugneu, je me suis fait attraper comme il y a vingt ans ! Une fois le bouquin ouvert, impossible de le lâcher, je l’ai lu en deux soirées. Pour le pur plaisir de l’histoire, comme un môme, les yeux écarquillé attendant le prochain exploit de l’insubmersible Druss. Il était une fois … et c’est parti.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas, je conseille quand même de commencer par Légende, premier roman de David Gemmell qui raconte la fin de Druss. Parce ce que quand un grand conteur s’empare d’une histoire style Fort Alamo, ça déménage.

Ici, étrangement, j’ai trouvé une forte influence de la série d’Elric de Moorcock (autre grand souvenir de lectures anciennes), dans la construction qui ressemble à une suite d’histoires sommairement reliées par un mince fil conducteur, et surtout avec Snaga, arme maudite, pendant de Stormbringer d’Elric, avec Druss qui, comme Elric, doit combattre parfois son penchant à la violence … Avec la différence que Gemmell, plus gentil ou plus hollywoodien, (ou moins subtil ?) retombe toujours du côté « du bien » là où Elric est beaucoup plus sombre.

Bref, si vous avez envie d’une bonne récréation et que vous avez un peu de temps devant vous, essayez David Gemmell … d’ailleurs, pour les vacances à venir, j’ai déjà acheté à mon fils la trilogie Waylander, et je sens que je vais la lui emprunter, j’ai besoin de vacances.

David Gemmell / Druss la légende (The first chronicles of Druss the legend, 1994), Bragelonne (2002), traduit de l’anglais par Alain Névant.