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Voyous

Une autre vision d’Edimbourg avec Voyous de Doug Johnstone.

Tyler galère. Il s’est donné pour mission de protéger sa petite sœur, Bean, 7 ans. Pas facile quand on a une mère junkie tout le temps dans les vaps, et un demi-frère, Berry, psychopathe qui vous oblige à l’aider dans les cambriolages de maisons vides. Mais Tyler tient bon.

Jusqu’au soir où ils s’attaquent à la mauvaise maison, et où Barry poignarde une femme qui est rentrée pendant le cambriolage. Manque de chance, s’est l’épouse d’un caïd d’Edimbourg qui s’est acheté une conduite, du moins en apparence. A partir de là, tout dérape.

J’avoue, j’ai eu un peu de mal, mais ce n’est absolument pas le roman qui est en cause, c’est moi qui n’étais pas d’humeur. Pas d’humeur pour tant de noirceur.

Parce que le roman est impeccable dans le genre roman social, bien construit, avec de très beaux personnages, la description de la galère dans les quartiers pauvres de la ville, le choc entre les classes sociales. Et en prime, quand Barry devient de plus en plus cinglé et incontrôlable, une éprouvante montée de la tension et de l’angoisse.

Donc un très bon roman noir qui pour moi est arrivé à un moment où j’avais besoin d’un peu plus de fantaisie et de légèreté. Vous voilà avertis.

Doug Johnstone / Voyous, (Breakers, 2019), Métalié (2023) traduit de l’anglais (Ecosse) par Marc Amfreville.

Le chant des ténèbres

Cela faisait un moment que je n’avais pas lu un polar classique. Et quand on veut du classicisme léché, du qui vous embarque sans coup férir, quoi de mieux qu’un maître britannique ? Ca tombe bien, Le chant des ténèbres, le nouveau Ian Rankin est sorti.

On le sait maintenant, John Rebus est définitivement à la retraite. Sa santé l’a même obligé à déménager au rez-de-chaussée de l’immeuble où il a habité durant des années. Jusqu’à ce qu’un coup de fil de sa fille Samantha, avec qui ses relations sont compliquées, le réveille au petit matin. Son compagnon Keith a disparu. John se décide à partir dans le nord où elle habite pour la soutenir, et faire sa petite enquête.

Dans le même temps, Siobhan Clarke et Malcom Fox se retrouvent à travailler sur le meurtre de Salman bin Mahmoud, jeune et riche étudiant venu à Edimbourg parce qu’il est un fan absolu de James Bond et de son premier interprète Sean Connery.

C’est certain, ce n’est pas le meilleur John Rebus, mais c’est un John Rebus. Et le maître a eu l’intelligence, depuis maintenant de nombreux ouvrages, d’accompagner John de collègues (ou adversaires comme Big Ger) que l’on a autant de plaisir à retrouver que son flic préféré. Alors on lit, heureux de les retrouver tous sous la plume toujours alerte, souvent vacharde, toujours très humaine de leur auteur.

Ne croyez pas la quatrième qui en rajoute, le Brexit ou le racisme n’ont pas une importance si grande que ça dans ce volume, ils sont juste là, faisant partie du tableau, intelligemment cités, comme une touche discrète qui permet de situer l’histoire. Une historie, une fois de plus, de gros sous et de jalousie. Avec en prime l’arrogance des puissants, les difficultés de la vieillesse et la solitude parfois.

A la fois très écossais et complètement universel, la marque des grands.

Ian Rankin / Le chant des ténèbres, (A song for the dark times, 2020), Le Masque (2021) traduit de l’anglais (Ecosse) par Fabienne Gondrand.

La maison des mensonges

Après le choc de la lecture du dernier roman d’Alain Damasio, le pur plaisir du dernier roman du roi d’Ecosse, La maison des mensonges de Ian Rankin.

RankinEdimbourg. Un corps complètement desséché et menotté est découvert dans le coffre d’une voiture abandonnée. Il s’avère qu’il s’agit de celui de Stuart Bloom, détective privé disparu depuis 2006. A l’époque la police avait fait chou blanc dans ses recherches. Depuis les parents du jeune homme n’ont cessé de crier que les flics n’avaient pas fait leur boulot. Parce que Stuart n’appartenait pas à une famille riche, et parce qu’il était homo.

Siobhan Clarke et Malcom Fox font partie de l’équipe qui enquête pour trouver le coupable, reprendre le travail de 2006 et voir si effectivement il avait été bâclé, ou pire, détourné. Ce qui va les amener à fouiller dans les poubelles de l’époque, une époque où John Rebus faisait encore partie de la police, buvait comme un trou, et était déjà obnubilé par Cafferty, le caïd de la ville. Un John Rebus qui se retrouve alors au centre des attentions, une fois de plus.

Comme toujours, un immense plaisir de retrouver l’irascible John Rebus. D’autant plus irascible qu’il a dû arrêter de fumer, et qu’il a réduit drastiquement sa consommation de bières pour passer au thé. Avouez qu’il y a de quoi altérer son humeur. Si vous ajoutez qu’il est toujours la cible, parfois au travers de ses amis de deux ripoux qui sont maintenant à l’anticorruption, et que l’enquête en cours va mettre en doute son honnêteté et son implication au travail de l’époque, vous imaginez que, comme on dit poétiquement, il va y avoir de la merde dans le ventilo.

On retrouve la bande, les échanges verbaux tendus entre John et son ennemi intime Cafferty, les balades dans Edimbourg, la peinture de la société écossaise telle qu’elle évolue, la pugnacité teigneuse de Clarke, les doutes de Fox, la rage de John etc …

Comme avec quelques autres personnages récurrents, à Naples, Bergen ou La Havane on est de retour avec une bande de potes, et c’est bon.

Ian Rankin / La maison des mensonges (In a house of lies, 2018), Le Masque (2019), traduit du l’anglais (Ecosse) par Freddy Michalski.

John Rebus, encore et toujours

John Rebus fait partie de ces personnages que l’on retrouve toujours avec plaisir. Et dont on attend des nouvelles avec impatience. Le revoici dans Le diable rebat les cartes, toujours, bien entendu, sous la plume de Ian Rankin.

RankinC’est un peu le chaos à Edimbourg. Big Ger Cafferty, l’ex maître incontesté de la pègre de la ville, ennemi préféré de John Rebus, s’est mis en retrait, mais Darryl Christie, le jeune loup qui monte et semble en meilleure place pour le remplacer n’a pas encore affirmé son emprise sur la ville. Et quand il subit une agression chez lui, sa position se retrouve affaiblie.

Les flics du grand banditisme, installés en banlieue veulent profiter de l’occasion pour le faire tomber, et remonter ses filières de blanchiment d’argent. C’est Malcom Fox, récemment muté qui devra faire le lien avec la police locale, en la personne de … Siobhan Clarke. Il ne manque plus que l’aide de John Rebus, qui s’intéresse en parallèle à un meurtre vieux de quarante ans jamais élucidé pour le trio soit reconstitué.

Les jeux de pouvoirs entre pègre, police et finance sont en place.

Il est quand même extraordinaire Ian Rankin. On a eu un temps peur que John Rebus ne disparaisse au profit d’un Malcom Fox, certes attachant, mais beaucoup plus terne. Et finalement, maintenant, on a trois personnages récurrents pour le prix d’un, et en plus, petit à petit, c’est Fox qui s’humanise, se décoince, et toute proportions gardées, se rapproche de Rebus.

D’un autre côté, John ne rajeunit pas, il est obligé de faire attention à sa consommation de binouze, doit arrêter de fumer, mais ce qui est bien, c’est que ça n’améliore pas son humeur, et que ça a plutôt tendance à le rendre plus incisif dans ses colères.

L’intrigue est toujours parfaitement maîtrisée. Rankin et ses personnages évoluent avec le temps et suivent, ou subissent, les changements de notre monde, pour le meilleur, et surtout pour le pire, mais ne se rendent jamais.

Et à Edimbourg, comme ailleurs, les plus riches se sentent intouchables, et hésitent de moins en moins à le faire savoir. Du boulot, toujours plus de boulot pour John, Siobhan, et malcom, et du bonheur pour nous lecteurs.

Ian Rankin / Le diable rebat les cartes (Rather be the Devil, 2016), Le Masque (2018), traduit de l’anglais (Ecosse) par Freddy Michalski.

J’adore John Rebus

John Rebus est increvable, inoxydable. C’est aussi une tête de lard. Et c’est pour ça que je l’aime et que je suis enchanté de le retrouver : Comme des loups affamés de Ian Rankin.

rankinJohn est à la retraite. Et il s’ennuie ferme. Heureusement (si l’on peut dire), Big Ger Cafferty, l’ancien boss de la pègre d’Edimbourg contre qui il a bataillé pendant toute sa carrière est pris pour cible par un tireur maladroit. Et bien entendu il ne veut pas dire un mot à Siobhan Clarke. Celle-ci n’a d’autre solution que d’appeler John en renfort, et de le faire accepter comme consultant.

Dans le même temps Malcom Fox a rejoint une équipe venue de Glasgow pour surveiller deux truands, père et fils, les Stark, qui seraient à Edimbourg à la recherche d’un ancien employé et du magot qu’il a volé.

Darryl Christie, le nouveau caïd de la ville, Cafferty, et les Stark, cela fait beaucoup de monde sur le même gâteau. Quand en plus un ancien juge se fait assassiner, et qu’on retrouve chez lui le même mot de menace que chez Big Ger, on imagine bien qu’Edimbourg va vivre des jours agités. Ce qui n’est pas forcément pour déplaire à John.

Mais pourquoi donc aime-t-on tant les aventures de John Rebus ? Parce que si l’on fait la liste des qualités de ses romans, on pourrait croire que des comme ça, il y en a des tas :

Des personnages attachants, avec un héros tête de lard, râleur, qui ne lâche rien devant personne, sait être très désagréable, picole, fume, est plein de contradictions et sait faire preuve d’empathie. Ce n’est quand même pas le seul dans le polar !

La ville personnage à part entière du roman (là aussi, pas original !)

L’intrigue (toujours très bien troussée) et derrière le tableau des changements d’une société, avec un mise en lumière plus particulière sur ses disfonctionnements et la souffrance des plus faibles (toujours pas original dans le polar).

Alors pourquoi ? Mystère.

Les aventures de John Rebus, on les attend comme celles de Salvo Montalbano ou de Mario Conde. Comme le retour d’un ami sur lequel on sait qu’on peut compter, avec qui on va refaire le monde autour d’un verre. Il est fort Ian Rankin, quand il a vu que Malcom Fox tout seul ne faisait pas l’affaire, il a réussi à monter un groupe, avec John en vedette, accompagné de Siobhan, Malcom et même Cafferty !

Et on se régale chaque fois davantage. Ca doit être ça le talent.

Ian Rankin / Comme des loups affamés (even dogs in the wild, 2015), Le Masque (2016), traduit de l’anglais (Ecosse) par Freddy Michalski.

John Rebus et Malcom Fox

Ian Rankin a essayé de mettre John Rebus à la retraite et de le remplacer par Malcom Fox, pâle personnage des Affaires Internes. Il a dû s’ennuyer, parce qu’il a finalement fait sortir John de sa retraite, et pour pimenter il l’a confronté à Fox. L’Auguste et le clown blanc en quelque sorte. Que revoici dans On ne réveille pas un chien endormi.

RankinJohn Rebus a réussi à se faire reprendre par la police d’Edimbourg. Mais au grade de Sergent, ce qui le place sous les ordres de sa collègue et amie Siobhan Clarke (dans la mesure où la notion de « sous les ordres » a une signification pour John). Appelés sur les lieux d’un accident de la route, quelques détails les font tiquer, et ils décident de creuser pour voir s’il s’agit uniquement d’un accident.

En parallèle, Malcom Fox, sur ordre d’une procureur très ambitieuse, a décidé de déterrer de vieilles, très vieilles histoires, du temps des débuts de John, quand il venait de rentrer dans un commissariat tenu par des cowboys … Hasard ? Ou est-ce lié au fait qu’un des anciens flics soit un farouche (et efficace) défenseur au Non au referendum pour l’indépendance de l’Ecosse ?

John va donc se retrouver pris entre deux enquêtes, dont une portant sur des événements vieux de plus de trente ans, qui pourraient mettre à mal les quelques amitiés qu’il lui reste.

Que c’est bien un John Rebus en ces périodes moroses, où l’actualité a tendance à faire déprimer, et où la fatigue du trimestre pèse sur les épaules et les paupières. Un bon Rebus, avec ce caractère de cochon (et celui guère plus facile de sa copine Siobhan), avec une histoire tellement bien racontée qu’il semble facile d’écrire comme ça, avec des dialogues qui sonnent vrais, avec ce qu’il faut de passages obligés et de surprises.

Une bonne histoire qui prend racine dans le passé et s’appuie sur une réalité politique complexe (le referendum pour l’indépendance de l’Ecosse) et réussit à la rendre compréhensible sans jamais la décrire lourdement.

Peut-être pas le Ian Rankin le meilleur, mais un bon cru. Et un excellent moment de lecture, avec un final bien méchant, comme je les aime !

Ian Rankin / On ne réveille pas un chien endormi (Saints of the shadow Bible, 2013), Le Masque (2015), traduit de l’anglais (Ecosse) par Freddy Michalsky.

Nouveau départ pour la collection Thriller de Bragelonne

C’est l’été, j’ai décidé de redonner une chance à la collection thriller de Bragelonne qui jusque-là ne m’avait pas vraiment convaincu. C’est un roman écossais, De mort naturelle de James Oswald.

OswaldTony Mclean est inspecteur à Edimbourg. En plus du tout venant, il se retrouve en charge de l’enquête sur la découverte, dans la pièce cachée d’une vieille maison promise à la démolition, du cadavre d’une jeune femme morte depuis plus de plus de cinquante ans. Une femme retrouvée crucifiée, torturée et éventrée. Pendant qu’il se plonge dans les archives, ses collègues sous pression doivent trouver qui a bien pu égorger de façon spectaculaire un des notables de la ville. Et ce n’est que le premier d’une série d’étranges meurtres et suicides.

J’aurais aimé être plus enthousiaste, mais non. Ceci dit, il y a (de mon point de vue) une nette amélioration par rapport aux deux bouquins précédemment lus (et pas jusqu’au bout) dans cette collection.

Qu’y a-t-il de positif ? Les personnages, et surtout le personnage principal, avec lequel on est à la fois en terrain connu (un flic, pas toujours très bien vu de ses collègues, dans un procédural comme les british savent les écrire), mais pas complètement cliché car si Tony Mclean a ses failles, il est quand même plutôt équilibré, ne boit pas plus qu’un autre, ne se drogue pas. D’autre part il est plutôt coincé et se retrouve même assez riche, ce qui l’embarrasse plus qu’autre chose.

Un joli personnage donc, avec également une peinture plaisante de la ville.

Ce qui cloche ? Pour commencer si l’enquête est plutôt bien menée pendant 90 % du bouquin, les faits sont un peu répétitifs. Difficile d’en dire plus sans révéler l’intrigue, mais disons qu’on a une série de meurtres/suicides qui finit par lasser et que le lecteur a très vite quelques pages d’avance sur les découvertes du flic.

Mais ce qui m’a surtout gêné c’est la résolution du mystère. Qui passe par un Deus ex Machina fantastique. Les lecteurs de ce blog savent que j’aime beaucoup que des éléments de fantastique, ou de SF viennent pimenter une intrigue. Comme chez le grand Connolly pour prendre le meilleur exemple. Mais j’aime qu’il reste un doute et que toute l’affaire puisse avoir deux explications possibles : une que l’on appellera cartésienne, l’autre fantastique. Et cela m’agace quand, dans un roman qui se présente comme un policier, la seule explication possible à ce qui s’est passé soit fantastique, et que sans l’intervention de l’Entité (qu’elle soit maléfique ou non) l’édifice s’écroule. Et c’est ce qui se passe ici. Je trouve ça un peu facile, vu qu’on peut alors se permettre tout et n’importe quoi.

Dommage. Mais j’essaierai peut-être de voir ce que donne le suivant, vu qu’on semble être au début d’une série et qu’il y a quand même de bonnes choses.

James Oswald / De mort naturelle (Natural causes, 2012), Bragelonne/Thriller (2015), traduit de l’anglais (Ecosse) par Jean-Claude Mallé.

Le retour de Rebus

Contrairement à certains fans de Ian Rankin, j’avais bien aimé le premier volet des aventures de Malcom Fox (Plaintes) le personnage créé à la suite de la mise à la retraite de John Rebus. Mais je dois avouer que l’annonce du retour de ce dernier m’a quand même mis en joie ! Le voilà dans Debout dans la tombe d’un autre.

Rankin-tombeJohn n’est pas resté longtemps inactif. Il est maintenant employé, avec d’autres flics à la retraite, par une entité qui reprend les vieilles affaires jamais résolues. Pas terrible, mais mieux que rien. Quand une femme insiste pour être entendue, il accepte : Cela fait des années que sa fille a disparu, du côté de l’A9 qui part vers le nord du pays. Depuis elle est persuadée que d’autre cas de disparition ressemblent à celui de sa fille. John commence à s’y intéresser quand une gamine de quinze ans s’évapore dans le même coin. Cela relance l’affaire et permet à Rebus de réintégrer la Criminelle et de retravailler avec son ancienne partenaire Siobhan Clarke.

J’avais bien aimé le roman autour de Malcom Fox, je ne vais pas me dédire. Mais fan de chichourle, avec John et Siobhan c’est quand même meilleur ! On passe plus de temps dans les pubs que sur internet ou dans les dossiers, on croise une humanité pas du tout digitalisée : truands (vieux et jeunes pousses), voyageurs de commerce, flics pas toujours respectueux des règlements (jusqu’à certains complètement tordus), journalistes vautours, hommes et femmes paumés …

On patauge dans la boue humaine, très humaine, avec des vrais éclairs de soleil. On se gèle sous la pluie, dans la brume, et d’un coup, là aussi, une trouée, un paysage hallucinant, des dauphins qui sautent hors de l’eau.

Bref c’est chaud, bruyant, palpitant … vivant. John Rebus est plus tête de lard que jamais et la participation de Malcom Fox qui fait quelques apparitions tout en rigidité et en froideur permet d’accentuer les contrastes entre une société qui entend tout réglementer, tout faire entrer dans des normes, et les John Rebus qui résistent, encore et toujours.

Un vrai régal. Vas-y John, t’es éternel !

Ian Rankin / Debout dans la tombe d’un autre (Standing in another man’s grave, 2012), Le Masque (2014), traduit de l’anglais (Ecosse) par Freddy Michalski.

Un nouveau personnage pour Ian Rankin

On le sait John Rebus est à la retraite après une sortie en beauté. Mais pas Ian Rankin qui revient avec un nouveau personnage, peut-être appelé à une nouvelle série ? C’est tout le bien qu’on souhaite à Malcom Fox, héros de Plaintes.

RankinMalcom Fox, comme Rebus est flic à Edimbourg. Mais là s’arrête la comparaison. Si Rebus est rock, mauvais coucheur, bagarreur et picoleur, Fox est d’un calme olympien, il a arrêté de boire, et travaille au Service des Affaires et Plaintes internes, ceux qui enquêtent sur leurs collègues. Les deux ont quand même un point commun, ils ne lâchent pas facilement le morceau. Malcom est chargé d’enquêter sur un collègue, Jamie Breck, qui consulterait régulièrement des sites pédophiles. Enquête délicate, d’autant plus délicate que le beau-frère de Fox est tabassé à mort et que c’est Breck qui est en charge de l’enquête. Quand on sait que le beau-frère en question tapait sur la sœur de Fox, et qu’il le savait, on sent que la chose tend à devenir inextricable. Si en plus de grosses sommes d’argent se mêlent de l’affaire …

Ian Rankin change donc de héros, mais pas de ton, et surtout ne perd rien de son talent et de sa colère. Et décidément, après Thorarinsson et Bruen, avec Markaris à venir, ce sont bien les auteurs de polar qui se coltinent les effets de la crise dans leurs pays. Car contrairement à ce qu’on pourrait croire au début, c’est bien de cela qu’il s’agit.

Mais à la façon Rankin. C’est à dire avec une intrigue millimétrée, des dialogues qui claquent, des personnages de chair, de sang et d’émotion, et surtout, une rage au ventre intacte, la même qui animait ce bon vieux John.

A l’arrivée, dans un premier temps, un réel bonheur de lecture pour tout amateur de polar qui aime les coups de théâtre, les retournements de situation, le frisson du suspense. Des personnages qu’on attend avec impatience de retrouver, et les mains dans cambouis pour décrire les tenants et aboutissants de la crise en Ecosse, sans jamais verser dans le cours magistral. Que demander de plus ?

Ian Rankin / Plaintes (The complains, 2009), Le Masque (2012), traduit de l’anglais (Ecosse) par Philippe Loubat-Delranc.

Cambriolage à Edimbourg

Un Ian Rankin qui fait référence en quatrième de couverture à Westlake et Ocean Eleven, avouez que c’est tentant. Même si ces références paraissent moyennement pertinentes à la lecture, Portes ouvertes reste une lecture plus que recommandable.

Edimbourg, ville tranquille. Trop tranquille pour Mike, proche de la quarantaine qui, après avoir fait fortune dans l’informatique commence à s’ennuyer. C’est pourquoi il accepte l’idée, a priori absurde, de voler des toiles de maîtres dans les entrepôts des musées de la ville. C’est Robert Gissing, professeur d’art proche de la retraite qui a eu l’idée, soi-disant pour « libérer » des œuvres d’art que personne ne voit. Le troisième larron, le moins enthousiaste, est Allan, cadre d’une banque qui voudrait acquérir ainsi des œuvres que ses clients se payent mais qui lui restent inaccessibles. Seulement, on ne s’improvise pas cambrioleur. Et l’idée d’associer un des caïds de la ville n’est peut-être pas ce que les trois lascars ont fait de plus malins …

Un Rankin sans Rebus donc mais non sans le talent. Même si, une fois de plus, les références de la quatrième de couverture se révèlent plus commerciales que pertinentes.

Tout en respectant tous les codes du genre (préparation, casse, puis catastrophes en chaîne …) Rankin nous amuse, nous divertit et arrive à nous surprendre.

Contrairement à d’autres romans (ou film) de casse, ce n’est pas le super coup qui est au centre du roman (comme dans Ocean Eleven justement), mais la série de grains de sable qui va gripper la machine ensuite. Pour autant, nous ne sommes pas non plus dans le registre burlesque d’un Dortmunder mais dans un genre beaucoup moins drôle et plus sanglant.

Une fois débarrassé de ces comparaisons, Portes ouvertes se révèle habile, bien écrit, prenant et parfois surprenant. Donc, sans révolutionner le genre, un excellent moment de détente.

Ian Rankin / Portes ouvertes (Doors open, 2008), Le Masque (2011), traduit de l’anglais (Ecosse) par Stéphane Carn.