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Les cinq sœurs

J’avais beaucoup aimé Le grand jeu de Percy Kemp, j’étais donc content de retrouver son agent secret dans Les cinq sœurs, j’ai été déçu.

Harry Boone est aux anges. Cet agent secret de sa très gracieuse majesté n’est jamais aussi heureux que quand il peut ne rien faire dans un endroit agréable avec sa charmante épouse. Or sous le prétexte un peu fumeux de retrouver avant les islamistes une relique musulmane le voilà locataire d’une maison face à l’Alhambra, à regarder les autres s’agiter.

Malheureusement les meilleurs choses ont une fin, et une menace sur le réseau internet mondial va l’obliger à se bouger, et même, horreur, va faire planer la menace d’un retour à Londres. Heureusement, comme tous les grands fainéants intelligents, Harry a de la ressource.

Ça commençait plutôt bien. Une histoire originale, un ton léger, aussi ironique et détaché que ce cher Harry Boone. Et je ne peux pas dire que ça continue mal, les bifurcations du roman sont intéressantes, la thématique principale, le pouvoir exorbitant des géants d’internet, est on ne peut plus d’actualité (oui vous verrez, on passe d’une relique de l’Islam aux GAFAM).

Alors pourquoi suis-je déçu, Il y a deux raisons à cela.

Tout d’abord je trouve que le roman a manqué d’une relecture un peu critique, et de nombreuses maladresses de style, surtout dans les dialogue avec une multiplication des « dit-il », « disait-elle » … qui alourdissent certains passages. Je sais ce n’est pas grave, mais ça m’a agacé et c’est tellement facile à corriger.

Mais surtout, mettre en scène un dilettante qui passe plus de temps à blablater pour gagner du temps qu’à agir est très délicat. Cela demande, à mon goût, de resserrer le récit pour ne pas lasser. Là je trouve que ça traine et ça se répète. Alors si on a le goût pour les grandes envolées philosophiques et les digressions sur tous les sujets qui passent, on appréciera le roman. Pour ma part, j’ai sauté quelques passages que je finissais par trouver trop bavards.

Chacun ses goûts, vous me ferez peut-être part du vôtre, j’ai vu que le roman avait reçu un très bon accueil dans la presse.

Percy Kemp / Les cinq sœurs, Seuil/Cadre Noir (2023).

L’espion qui aimait les livres

Voici donc le dernier roman de John Le Carré, publié par son fils après sa mort : L’espion qui aimait les livres.

Julian a laissé un boulot très lucratif à la City pour reprendre une librairie dans une petite ville. Une vie calme, voire morne en perspective. Jusqu’à ce que Edward, gentleman au léger accent difficile à identifier fasse irruption dans sa librairie.

Plus loin, à Londres, Stewart Proctor, haut placé dans le service d’espionnage britannique, se voit confier une mission urgente et délicate. Des fils se tissent, mais qui est l’araignée et qui sera sa victime ?

Ce n’est peut-être pas le roman le plus dense de John Le Carré. Mais bon sang, quel talent. Dès le premier chapitre, le lecteur est attrapé, happé et enchanté. Et cela ne changera pas jusqu’à la dernière page. Alors certes il n’y a pas la tension de L’espion qui venait du froid, mais on ne peut qu’être emballé par l’ironie du propos, la simplicité et l’élégance de l’écriture et la limpidité d’une trame pourtant complexe.

Avec un côté très désenchanté sur le rôle des services secrets britanniques, leurs rivalités internes, leur hypocrisie, les buts pas toujours très clairs qu’ils poursuivent.

Classe, pertinent et mélancolique, heureusement que son fils est allé rechercher ce texte qui nous permet d’entendre une dernière fois la voix du maître.

John Le Carré / L’espion qui aimait les livres, (Silverview, 2021), Seuil (2022) traduit de l’anglais par Isabelle Perrin.

Paysages trompeurs

Je ne connaissais absolument pas Marc Dugain qui a pourtant déjà une longue et belle carrière. Je le découvre avec Paysages trompeurs, un vrai régal.

Une mission pour libérer des otages en Somalie se solde par un fiasco complet. Les otages morts, le commando décimé. Seul Ben survit, mais il décide de disparaître. Son seul ami, un producteur de documentaires, ancien militaire, parfois utilisé par les services secrets français semble bien être le seul à le regretter.

Jusqu’à ce que Ben le contacte pour lui demander de l’aide. Et que s’enclenche une machine infernale.

La première chose à dire, est que l’écriture, le sens du rythme de Marc Dugain font qu’on ne lâche plus le bouquin une fois qu’on l’a ouvert. Chapitres courts, écriture limpide, avec cette simplicité si difficile à atteindre, sens du rythme, maîtrise des flashbacks. Les scènes d’action sont aussi sobres qu’efficaces, l’intrigue est tordue à souhait, avec des enchaînements de retournements de situation, comme il se doit dans un bon roman d’espionnage.

L’auteur ne cherche pas à coller à la réalité du travail d’espion ni à la minutie dans sa description chères au maître John Le Carré, il nous régale de scènes plus « grand public », tout en évitant les outrances hollywoodiennes à la James Bond.

Un vrai pied de lecture au premier degré. Mais ce n’est pas tout. Sans prêchi prêcha, et sans jamais lasser le lecteur, au détour d’un chapitre, Marc Dugain se sert de son histoire pour éclairer les recoins les plus obscurs de la géopolitique, et braquer son projecteur sur un certain nombre de maux qui ronge notre joli monde, quels que soient les pays, du nord au sud, de l’est à l’ouest. Tout le monde en prend pour son grade, et ce qui ressort c’est la prédominance du fric, du fric et encore du fric, qui nous amène droit dans le mur climatique.

Donc en plus d’être très divertissant, c’est intelligent. Que vous faut-il de plus ? Une suite peut-être ?

Marc Dugain / Paysages trompeurs, Gallimard/Espionnage (2022).

Brandebourg

Cela faisait un bon moment que je n’avais pas lu de roman du britannique Henry Porter, un des élèves talentueux du maître Le Carré. J’ai profité du calme relatif du début d’été pour lire Brandebourg que j’avais dans mes piles.

En cette fin des années 80, Rudi Rosenharte est professeur d’art en RDA. Il traine quelques casseroles. Il est le fils d’un ancien dignitaire nazi et son frère jumeau Konrad, cinéaste contestataire, est dans le viseur de la Stasi. Il se retrouve donc obligé, pour sauver la vie de son frère et sortir sa belle-sœur et ses neveux de prison, d’aller retrouver Annelise, une ancienne taupe britannique qui a refait surface du côté de Trieste.

Là où tout se complique, c’est que les services anglais et américains aussi s’intéressent à Rudi et Annelise. Et surtout, Rudi sait que la femme qu’il doit rencontrer est morte depuis des années. Pour sauver son frère et sa famille, Rudi va devoir commencer un jeu compliqué, d’autant plus que le KGB est aussi sur le coup, et que la RDA durcit ses positions en réaction à l’ouverture prônée à l’Est par Gorbatchev.

Quand vous prenez un excellent auteur de romans d’espionnage, et une période fascinante comme ces derniers jours précédents la chute du mur, le résultat ne peut qu’être passionnant. Et il l’est.

L’auteur s’attache ici à décrire ce moment, et les intenses manipulations des différents pays au travers de leurs agences d’espionnage (MI6, CIA, KGB et Stasi en tête) au travers de personnages qui, s’ils sont pris dans cette folie, ne sont pas de purs espions. L’accent est bien évidemment mis sur l’intensification de l’action de la Stasi au moment où l’état est allemand sent la situation lui échapper. Et en miroir, le bouillonnement, caché et réprimé dans un premier temps, explosif à la fin, dans une société civile qui sent que tout se lézarde et qu’un changement est possible.

Tout cela au travers de destins individuels et de personnages de chair et de sang auxquels on s’attache très vite. C’est passionnant au premier degré, grâce au suspense de cette histoire d’espions. C’est aussi passionnant parce l’époque l’est que l’auteur sait superbement la transcrire.

Même s’il est plus court que La compagnie (500 pages quand même), un roman qui vous tiendra en haleine pour quelques heures de vacances.

Henry Porter / Brandebourg, (Brandenburg Gate, 2005), Points/Policier (2009) traduit de l’anglais par Jean-François Chaix.

La compagnie

On ne peut pas tout lire, on ne peut pas avoir tout lu. Mais il est des manques plus flagrants que d’autres. Parmi ceux-là, je n’avais jamais lu La compagnie de Robert Littell. Une semaine de vacances et une semaine de colloque loin de la maison, et voilà un manque comblé.

Berlin, fin 1950, début 1951. Harvey Torriti, le Sorcier, et sa nouvelle recrue Jack McAuliffe, l’apprenti sorcier préparent l’exfiltration d’un transfuge du KGB. Pour se faire accepter il a promis de leur livrer le nom d’une taupe haut placée dans l’espionnage anglais. L’opération tourne mal, le transfuge est arrêté et les deux hommes s’en sortent de justesse.

Loin de là, « Maman », le patron du contre-espionnage américain rendu totalement paranoïaque par sa partie d’échec contre son redoutable adversaire soviétique est persuadé qu’il y a aussi une taupe à la CIA. De 1950 à 1995, de Prague à la Baie des Cochons, de Washington à Moscou en passant par les vallées d’Afghanistan, les destins d’une dizaine d’espions vont se croiser dans un jeu mortel, et c’est une bonne partie de l’histoire de la deuxième moitié du XX° siècle qui va se dérouler sous nos yeux éblouis par tant de maestria.

Ne tournons pas autour du pot, il s’agit bien d’un chef-d’œuvre. Et comme beaucoup de chefs-d’œuvre, il se mérite. Ceux qui n’aiment pas les pavés peuvent abandonner de suite, la version poche pèse le poids de ses plus de 1200 pages. Par contre si vous cherchez un bon gros roman qui vous accompagnera tout au long de vos vacances, n’hésitez plus.

Robert Littell réussit le tour de force d’être une précision et d’une richesse extraordinaires dans la description des différentes puissances antagonistes, des enjeux politiques, stratégiques et militaires, mais en même temps de ne jamais tomber dans l’essai désincarné, grâce à une galerie de personnages fantastiques. Ils sont tous fascinants, côté américain et côté russe.

Grace à eux on revit ses cours d’histoire et ce que l’on a connu personnellement (pour les moins jeunes) de l’intérieur, avec un accès privilégié aux discussions avec les Kennedy, Reagan ou Andropov, aux guerres internes de deux côtés.

Et pour ce qui est de la complexité des montages espionnage, contre-espionnage, c’est la première fois que je vois un récit à la hauteur de ceux du maître John Le Carré.

Vous l’aurez compris, si comme moi vous ne l’aviez jamais lu, n’hésitez pas, vous avez trouvé une des lectures de vos vacances.

Robert Littell / La compagnie, (The company : a novel of the CIA, 2002), points/Policier (2004) traduit de l’anglais (USA) par Nathalie Zimmermann.

Ainsi Berlin

Après un roman très remarqué, Laurent Petitmangin revient avec Ainsi Berlin, tout aussi remarquable.

Gerd et Käthe font connaissance dans un Berlin sous la chape de plomb nazie. Malgré leur activité contre le pouvoir, ils survivent au nazisme et à la guerre et se retrouvent tous les deux parmi les cadres du parti dans la toute jeune RDA. Käthe est dure, décidée à faire le bonheur de tous, et veut faire exister son pays contre l’ennemi de l’ouest mais aussi contre le grand frère envahissant de l’est.

Amant de Käthe, Gerd a aussi une relation platonique avec une américaine vivant dans Berlin Ouest, Liz. Commence un jeu de dupe, double, triple, entre Käthe et Liz, entre Est et Ouest, avec Gerd au milieu.

200 pages et tout est dit. On assiste à la création de la RDA, on voit le durcissement, la construction du mur. On voit comment des aspirations courageuses et idéalistes se transforment en programme de sélection qui fait froid dans le dos. On ressent comment l’ambition de faire le bien des hommes en tant de groupe amène facilement à ne plus accorder d’importance aux hommes en tant qu’individus. Les jeux doubles, triples s’accumulent. Om comprend luttes pour l’influence, ou au contraire pour conserver une certaine autonomie.

Et tout cela sans aucune leçon, juste au travers des trajectoires des trois personnages qui, bien qu’acteurs et jouets de ces grandes luttes, ne perdent jamais de leur humanité. Et sans sacrifier à aucun moment la cohérence de l’histoire et en jouant superbement des moments de tension et détente.

C’est émouvant, fin et intelligent. A lire sans faute donc.

Laurent Petitmangin / Ainsi Berlin, La manufacture des livres (2021).

La compagnie des espadons

C’est l’été, on a bien le droit à quelques lectures détente. Après une escapade québécoise, je continue avec les lectures plaisirs avec La compagnie des espadons de Pierre Gobinet.

Nash Gobler a été militaire, gendarme. Puis il a tout lâché et avec un associé, ancien pilote argentin, il a ouvert une agence de plongée au Bahamas. Maintenant il accompagne les plus riches pour leur faire connaitre les joies des fonds marins. Jusqu’à ce qu’un ancien camarade de Saint-Cyr, maintenant barbouze, vienne le voir sur un salon en Californie.

Il s’agit de plonger pour filmer l’épave d’un porte conteneur qui vient de couler au large de la Sicile. Un porte conteneur soupçonné de transporter autre chose que du blé ou des gadgets made in China. Par curiosité, et parce qu’ils ont besoin d’argent, Nash et son pote Daniel acceptent bien qu’ils se doutent que les choses ne seront pas si simples. Et elles ne le seront pas.

Si vous aimez James Bond, avec ses décors magnifiques, ses femmes fatales, ses parties de castagne et ses rebondissements, vous pouvez sans crainte emporter La compagnie des espadons dans vos bagages pour les vacances.

Le ton est vif, les dialogues claquent, les scènes de plongée et de castagne sont crédibles (dans la mesure d’une référence assumée et plusieurs fois revendiquée aux films de 007). Donc vous lisez, sourire aux lèvres, en retenant parfois votre souffle. Un pur plaisir. Pas du luxe en ces temps moroses.

Pierre Gobinet / La compagnie des espadons, Seuil/Cadre noir (2021).

Une guerre sans fin

Je continue dans les découvertes convaincantes avec Une guerre sans fin de Jean-Pierre Perrin.

Joan-Manuel est romancier, franco-espagnol, et il vient d’être relâché près de la frontière turque par les djihadistes qui le retenaient otage en Syrie. Alexandre est diplomate, il travaille parfois pour les services secrets. Il accepte d’aller à Homs, ville martyre noyée sous le bombes de Hafez el-Assad pour exfiltrer un homme qui a des clés USB contenant des fichiers compromettants pour le régime syrien. Daniel a travaillé pour les services secrets français, il a maintenant une société privée de sécurité et accepte, pour rendre service à un ami, d’aller tenter de chercher sa fille, enlevée quelque part en Syrie.

Sous les bombes, au milieu de l’horreur et dans les méandres des compromissions et des excuses diplomatiques nauséabondes, trois destins qui vont se croiser.

Je ne connaissais pas du tout cet auteur, et je n’aurais sans doute pas eu l’occasion de le lire s’il n’avait pas été publié chez Rivages/Noir. Et cela aurait été bien dommage car c’est un roman qui vaut la peine d’être découvert.

Tout d’abord parce qu’ils sont rares les romans qui traitent du martyre de la Syrie, entre répression et torture du régime, bombardements, et atrocités de l’état islamique. Parce que l’auteur sait de quoi il parle, et rend un hommage émouvant aux victimes, à ceux qui se battent, sans aucun moyen pour amener un peu d’humanité dans cet enfer, et aux journalistes qui ont tout risqué pour aller voir et rendre compte de ce qu’il s’y passe. Cela nous vaut de bouleversantes pages se déroulant à Homs, entre autres.

Ensuite parce que l’auteur ayant pris résolument le parti de la fiction, il ne sacrifie jamais son ambition littéraire à son évidente et très compréhensible envie de témoigner. Les trois personnages principaux sont parfaitement construits, leur part de mystère maintenue jusqu’au final, ce qui crée une tension et une attente propre au polar, même si ici ce n’est de toute évidence pas le cœur du sujet.

Et autour de cette thématique très actuelle, il mène des réflexions intéressantes, qu’il partage avec son lecteur sur la responsabilité des états « démocratiques », France et US particulier, sur le parallèle avec la guerre d’Espagne, ou sur la force et les limites de l’art face à la barbarie.

Un roman prenant, parfaitement conté, qui suscitera bien après avoir été refermé réflexions et interrogations. Certes ce n’est pas drôle, mais chaudement recommandé à tous les lecteurs exigeants.

Jean-Pierre Perrin / Une guerre sans fin, Rivages/Noir (2021).

Agent hostile

Les britanniques sont les maîtres du roman d’espionnage. Agent hostile de Mick Herron le prouve une fois de plus.

Tom Bettany vit en France depuis des années. Il travaille dans une usine de traitement de viande et vivote dans un petit appartement. Jusqu’à ce qu’il reçoive un message lui annonçant la mort de son fils, Liam, à Londres. Un fils avec lequel il avait coupé les ponts. Mais il va quand même aller à son enterrement. Et quand en allant récupérer ses affaires il remarque un détail louche, il décide de découvrir ce qu’il s’est réellement passé. Les vieux réflexes vont vite revenir …

Excellent roman d’espionnage, et qui plus est, roman d’espionnage très décalé (ce qui est visiblement la marque de fabrique de Mick Herron).

Pour commencer c’est un excellent conteur. Il embarque son lecteur avec une parfaite maîtrise dans son récit, commence doucement en laissant planer le mystère pour accélérer, et accélérer tout au long d’un roman qu’il est impossible de lâcher. Comme tous ses collègues british, il a une parfaite connaissance et utilisation des codes du genre. Le lecteur se fait balader comme si c’était le premier roman d’espionnage qu’il lisait, les coups de théâtre succèdent aux coups tordus, et les quelques scènes d’action viennent ponctuer un suspense impeccable.

Tout cela au service de la description d’un monde en perte de repères depuis qu’il n’est plus aussi simple de désigner l’ennemi, et de services publics de plus en plus au service … du privé.

Une fois de plus, Mick Herron prouve qu’on peut encore écrire des romans d’espionnage, même dans l’ombre gigantesque et imposante du maître John Le Carré, et réserver encore quelques belles surprises aux lecteurs.

Mick Herron / Agent hostile, (Nobody walks, 2015), Actes Sud (2020) traduit de l’anglais par thomas Luchier.

Manaus

Difficile d’enchaîner après Betty. Il faut complètement changer de registre. Du raide et sec, style trou normand. Coup de chance, j’avais ce qu’il faut sous la main, Manaus de Dominique Forma.

Sa mission : profiter du voyage de De Gaulle en Amérique Latine pour aller en Argentine, et là, dans le nord-est du pays, tuer un ancien de l’OAS. Il pense ensuite retourner en France. Mais les ordres changent.

Il doit se rendre à Manaus, récupérer un dossier. En fait de dossier, c’est son passé qu’il va trouver, un passé récent, de quand il était soldat, en Algérie.

Court, sans empathie aucune, ni pour le narrateur passé de soldat à exécuteur, toujours aux ordres de l’état, ni pour les malheureux qu’il va croiser plus ou moins longuement, sec comme un coup de trique, ce qui est un exploit dans la moiteur de Formosa puis de Manaus.

Dominique Forma maîtrise son récit, n’en dit jamais trop et sans pitié pour ses personnages nous fait transpirer du côté de la forêt amazonienne. Les scènes d’action sont millimétrées, la confrontation finale tendue à souhait, un vrai plaisir.

Un récit d’aventure ristretto, noir et serré. Et la couverture est superbe.

Dominique Forma / Manaus, La Manufacture des livres (2020).