Revoilà Sam Millar dont on n’avait plus de nouvelle ici depuis quelque temps. Il revient avec un polar 100 % irlandais : Un tueur sur mesure.
Belfast la nuit d’halloween. Un trio de pieds nickelés décide de braquer une banque. Manque de chance, ils arrivent trop tard et l’argent a déjà été retiré du coffre. Coup de chance, un des derniers clients a en main une mallette contenant un demi-million. Voilà un casse qui rapporte.
Mais manque de chance encore, ils ont volé la personne qu’il ne fallait pas, et les flics qui les recherchent vont devenir le cadet de leurs soucis.
Si un peu de sang ne vous fait pas peur, voilà un bon polar, sec, efficace, bien mené. Des affreux très réussis, ce qui, d’après le grand Alfred est la condition numéro un pour réussir un bon polar, quelques pointes d’humour (noir l’humour), du suspense et une logique narrative implacable : pas de chevalier blanc, et ceux qui doivent mourir, même si ça fait mal au lecteur, meurent. Donc un vrai plaisir de lecture pour l’amateur de polars sévèrement burnés (les polars, pas l’amateur).
Ajoutez en prime une description sans concession de Belfast et des années post cesser le feu. Là encore, pas de chevalier blanc, pas de gentils contre des méchants. Corruption, psychopathes qui ont profité de la guerre pour lâcher leurs pires instincts, arrivistes à tous les étages et dans tous les camps … ce qui n’empêche pas une grande humanité dans la description de personnages tous plus ou moins fracassés. Et cerise sur le gâteau un bel hommage aux comics dont l’auteur, de toute évidence est un grand connaisseur, et le portrait gentiment amusé de quelques fans qui ne sont pas complètement sortis de l’adolescence.
Un vrai bon polar serré et intelligent qui vous offre quelques heures de pur plaisir de lecture.
Sam Millar / Un tueur sur mesure, (The bespoke hitman, 2018), Métailié (2021) traduit de l’anglais (Irlande) par Patrick Raynal.