Je n’aurais jamais lu Des meurtres qui font du bien de l’allemand Karsten Dusse si ce n’avait pas été un cadeau. Est-ce que je serais passé à côté de quelque chose ? Je ne pense pas.
Björn, le narrateur, est un avocat surmené. Il travaille, fort efficacement, pour une véritable ordure psychopathe, s’engueule avec sa femme Katarina, ne voit jamais sa fille de 2 ans et demi. Jusqu’à ce que Katarina lui pose un ultimatum : Soit il va voir un coach pour faire de la méditation de pleine conscience, soit il ne les voit plus, ni elle ni sa fille.
Quand il se rend, à contre cœur, à son premier rendez-vous, Björn ne peut pas imaginer combien sa vie est sur le point de changer.
L’idée de départ n’est pas mauvaise, la description de certains travers de nos sociétés est plutôt réussie, avec entre autres un portrait au vitriol de quelques bons donneurs de leçons qui ne se rendent même pas compte de leurs contradictions et de leur ridicule.
Mais, car il y a un mais, ça devient lourdingue. Passé le fait que l’intrigue n’est pas crédible une minute (mais ce n’est pas forcément gênant si on se laisse prendre au jeu), on devrait se rabattre sur l’humour. L’auteur appuie sur le comique de répétition avec sa permanente référence à un supposé livre de développement personnel. L’ennui avec le comique de répétition, est qu’il est sur la corde raide avec le risque de tomber dans la lourdeur et la répétition sans le comique. Et de mon point de vue très subjectif l’auteur est tombé assez lourdement.
Le deuxième souci est le manque total d’empathie pour qui que ce soit dans le livre. A part le narrateur et sa fille, tous les autres personnages sont traités avec une misanthropie et un manque de distance qui finissent par donner l’impression que l’auteur règle ses comptes avec tous ceux qui l’emmerdent au quotidien, y compris son épouse, s’il en a une. Et cela finit par être complaisant et déplaisant.
Bref, malgré les bons avis que j’ai pu lire ici et là, pas convaincu.
Karsten Dusse / Des meurtres qui font du bien, (Achtsam morden, 2019), Le cherche midi (2022) traduit de l’allemand par Jenny Bussek.