Une nouvelle ville, un nouveau personnage et deux auteurs écrivant à quatre mains : Nuages baroques de Antonio Paolacci et Paola Ronco.
Nous sommes à Gênes. Un jeune étudiant est retrouvé battu à mort sur les quais. La veille une fête en faveur du mariage pour tous c’était tenue dans le coin et le jeune homme était ouvertement homosexuel. Même si la piste d’un meurtre homophobe semble évidente, le sous-préfet de police adjoint Paolo Nigra et son équipe ne veulent écarter aucune piste.
Une enquête particulièrement délicate pour Paolo Nigra qui ne cache pas son homosexualité dans une police italienne où cela ne va pas de soi. D’autant plus délicate qu’il n’est pas génois d’origine, et que dans cette ville où les traumatismes du G20 n’ont pas disparu, certaines portes s’ouvrent difficilement aux « étrangers ».
Ce n’est pas le roman de l’année, mais c’est un début de série très prometteur.
La seule chose qui m’a gênée est un début un peu laborieux, avec quelques dialogues qui ne fonctionnent pas totalement. Impression très subjective, qui a disparu petit à petit.
Pour le reste, on est dans l’excellente tradition du polar italien actuel, tradition d’ailleurs ouvertement revendiquée avec des personnages qui font références à leurs glorieux anciens, de Giorgio Scerbanenco à Andrea Camilleri. C’est bien fait et plaisant, clin d’œil au lecteur averti.
Les personnages sont intéressants et bien mis en place, la ville de Gènes jusqu’ici peu (ou pas) représentée dans le polar bien présente, l’intrigue sans être exceptionnelle est bien menée, et le tout permet aux auteurs de décrire l’Italie actuelle sous bien des aspects, et pas seulement de traiter de l’acceptation de la sexualité de chacun, bien que la thématique soit bien évidemment au centre du roman.
Un bon départ et du vrai bon boulot à l’italienne, on sera content de retrouver prochainement (j’espère) Paolo Nigra et ses collègues.
Antonio Paolacci et Paola Ronco / Nuages baroques, (Nuvole baroccge, 2019), Rivages/Noir (2022) traduit de l’italien par Sophie Bajard.