Si je me souviens bien tout le monde n’avait pas aimé le premier roman de Peter Farris publié chez Néo Noire, Dernier appel pour les vivants, mais moi si. Et j’aime aussi le suivant Le diable en personne.
Quelque part en pleine cambrouse de Géorgie du Sud, deux malfrats transportent Maya, jeune prostituée qui a vu et entendu trop de choses, avec l’intention de l’abattre et de laisser les alligators se charger du reste. Mais comme ils sont aussi bêtes que méchants, elle leur échappe au dernier moment et tombe par hasard dans la propriété de Leonard Moye, vieux paysan misanthrope que tout le monde semble craindre comme le Diable dans le coin.
Comme les malfrats sont idiots, ils affrontent Leonard sur son terrain, au milieu des marécages et ça finit mal pour eux. Mais ceux qui veulent se débarrasser de Maya sont puissants. La guerre ne fait que commencer.
Il y a bien dans ce roman une histoire de corruption, de liens étroits entre la politique et la pègre, de réseaux de prostitution … Mais c’est essentiellement le truc qui permet de mettre l’histoire en place. La vraie histoire c’est celle de la rencontre entre deux personnes qui n’auraient jamais dû se croiser : un vieux misanthrope et une jeune fille perdue.
Une histoire cliché, une histoire déjà vue mainte fois, mais une histoire qui, une fois de plus, fonctionne merveilleusement, parce que l’auteur a su y mettre sa patte, la renouveler et la pimenter.
Leonard Moye est un personnage inoubliable : Diable qui a forgé sa propre légende, laissant les uns et les autres l’embellir, inventer, déformer, sans jamais démentir mais en encourageant les pires racontars, tant sa terrible réputation est sa meilleure arme pour ne voir personne. Mais les couillons qui vont venir le défier, vont s’apercevoir qu’il n’y a pas de fumée sans feu, et que l’homme a des ressources.
Maya est déroutante, avec son mélange de souffrance surmontée, de peurs, d’ingénuité, d’ignorance et de force inflexible.
Et leur histoire est fort bien racontée, avec ce qu’il faut de moments d’émotion et de morceaux de bravoure. Aidée par des méchants bien tordus car, comme le disait tonton Alfred, plus le méchant est réussi plus le film (ou le roman) est réussi.
Un excellent moment de lecture.
Peter Farris / Le diable en personne (Ghost in the fields, 2017), Gallmeister/Néo Noire (2017), traduit de l’anglais (USA) par Anatole Pons.