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Mort de Louise Fletcher

Celle qui a incarné la pire salope jamais vue à l’écran vient de mourir. Rien que de voir cette photo de bouffées d’émotion, de haine, de rire, de rage m’envahissent. J’ai vu et revu ce film, je l’ai fait voir à mes mômes, à chaque fois la même réaction, mais que grandisima hija de la grandisima puta.

Je n’ai jamais revu une telle incarnation de la pire saloperie déguisée en bienveillance religieuse. Pas même Mitchum dans La nuit du chasseur, c’est dire. Magistral. Pour cela, pour ce rôle inoubliable, merci madame Louise Fletcher, reposez en paix.

Sale nouvelle.

En ce moment, on cherche plutôt les bonnes nouvelles, et voilà que nous tombe sur le coin du nez la mort de Bertrand Tavernier. Sale tuile.

Je n’ai jamais pu le rencontrer en vrai, mais toute personne ayant vu un de ses films, ayant lu un de ses livres, ou l’ayant entendu par hasard à la radio sait une chose : C’était un merveilleux raconteur et passeur d’histoires.

Chaque fois que je suis tombé sur sa voix reconnaissable entre mille à la radio j’ai systématiquement écouté le programme jusqu’au bout. Il avait la verve, la culture immense, la passion et la manière de faire tout passer. Il savait être à la fois très pointu dans ses analyses, jamais pédant, et mettait systématiquement en avant le plaisir du spectateur quand il parlait des films des autres.  Un plaisir, un savoir et une passion qui sautent aux yeux dans son livre Amis américains. Un plaisir qui éclate à la lecture de sa collection de westerns chez Actes Sud.

Et puisqu’on parle de westerns, aucune pédanterie chez lui, aucun mépris pour aucun genre. Et comme cela se sentait dans ses films !

Pour les amateurs de polars il reste celui qui a su adapter deux monstres, 1275 âmes de Jim Thompson et Dans la brume électrique de James Lee Burke. Deux adaptations pour moi excellentes. Parce que l’idée de transposer le Texas poisseux du grand Jim dans l’Afrique coloniale de Coup de torchon était géniale. Parce que faire incarner Robicheaux par Tommy Le Jones l’était tout autant.  J’ai adoré les deux, alors qu’il est toujours casse gueule d’aller voir l’adaptation d’un roman qu’on a beaucoup aimé.

Et puis je n’ai pas vu tous ses films, mais tous ceux que j’ai vus m’ont plu. C’est peut-être lui qui a donné ses plus beaux rôles à l’immense Noiret. Magistral dans Que la fête commence, jubilatoire dans La fille de Dartagnan (vu et revu dans la période cape et épées de mes gamins), magnifique dans La vie et rien d’autre. Sans compter un de mes souvenirs de cinéclub, Romy Scheider bouleversante dans La mort en direct, salement prémonitoire.

Monsieur Bertrand Tavernier, avant ce jour sinistre, vous n’aviez apporté que du bonheur dans ma vie, merci pour tout.

Vous nous manquez déjà

Je sais bien que 92 ans c’est un bel âge, mais il aurait pu attendre une période un peu moins sinistre Alain Rey pour nous abandonner à notre bien triste sort.

Il aurait pu décortiquer avec gourmandise, et ce sourire dans la voix que j’aimais tant sur France Inter, les mot guerriers qu’affectionne notre Napoléon de gouttière qui va encore ce soir froncer les sourcils, serrer ses petits poings et tenter de prendre la tête du Chef De Guerre, Père De La Nation, sévère mais juste.

J’aurais tant aimé l’entendre nous expliquer l’origine et les évolutions de « Couvre-feu », de « confinement », ou même de « laïcité », qui est confisquée par tous les abrutis qui chassent à droite en s’étonnant qu’il y ait des étagère ceci ou cela dans les super marchés, et bizarrement, ceci ou cela ce n’est jamais l’étagère italienne ou mexicaine.

En ces temps où les plus pourris parmi les pourris tentent de s’approprier les mots, les vident de leur sens, les tordent pour les adapter à leur rhétorique de merde, combien il aurait été indispensable l’éclairage aussi cultivé qu’humaniste de ce grand bonhomme. Je me souviens encore de sa chronique, motivée par un discours moisi, où il avait expliqué, avec quel talent, qu’être « de souche » n’était pas forcément un compliment, la souche étant par essence immobile et morte. Oui vous allez nous manquer Alain Rey, mais merci mille fois pour tout.

Ciao Quino

Putain il ne manquait plus que ça dans cette période de merde. Même Quino nous lâche. Il laisse une Mafalda plus d’actualité que jamais orpheline.

Pour l’humour fin, subtil, tendre mais sans pitié, on n’avait déjà plus Serre, il ne reste plus que Sempé. Merci pour tout, on relira l’intégrale de Mafalda, et on affichera les dessins sur les murs.

Adios Luis

Saloperie de virus. Ce que cet hijo de la grandisima puta de Pinochet n’a pas réussi, c’est ce virus de merde qui le fait. Luis Sepúlveda est mort.

On lui doit bien entendu du roman qui l’a fait connaître, Le vieux qui lisait des romans d’amour. Mais le texte qui m’a le plus marqué, emballé, c’est le recueil Patagonia express (Le neveu d’Amérique je crois en français), avec un superbe premier texte. Il y raconte les dimanches à Santiago avec son grand-père, anarchiste espagnol exilé au Chili. Le grand-père venait le chercher, et l’amenait en promenade, lui payant tous les sodas et glaces qu’il voulait, mais l’empêchait de pisser. Jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus. Alors il l’amenait devant une église, et le laissait se soulager sur la porte. En attendant avec impatience que le curé sorte protester pour pouvoir le pourrir.

Voilà un grand-père selon mon cœur.

C’était, comme beaucoup d’écrivains latinos, un conteur hors pair, à l’oral comme à l’écrit. Nous avons eu la chance de le voir plusieurs fois à Toulouse, où il fut parrain d’un des premiers Toulouse Polars du Sud. Son humanité, son humour, sa combativité, ses histoires vont nous manquer.

Merci Luis, pour tout.

Ciao Albert

Et merde, avec tout ça j’ai raté l’info hier. Albert Uderzo est mort. Ca faisait longtemps qu’on était orphelin de René Gosciny, on est vraiment tout seuls maintenant. Juste au moment où on aurait bien besoin de rigoler un peu.

Merci pour tout.

Uderzo Fin

Merci pour tout Maître

C’est une copine qui m’a appris la très mauvaise nouvelle, Salvo et Catarella sont orphelins, le maître est mort.

Bien entendu, à 93 ans, Andrea Camilleri a eu une belle vie et on ne peut pas dire que ce soit une grande surprise. Mais très égoïstement, je pense à moi. Jusque là je pouvais croire Salvo éternel, croire que tous les ans, jusqu’à la fin des temps, ou du moins du mien, je pourrais retrouver la bande de Vigata.

Et bien non. Il en reste forcément quelques uns non traduits, mais c’est un nombre limité, fini, comme nos vies, et viendra une année où le dernier sera traduit. Sale temps.

En attendant cette année funeste, d’ors et déjà, mille fois merci pour tout Maître.

Un peu de joie en moins

Arto 01La nouvelle peut paraître superficielle et dérisoire, mais le monde est un petit peu plus triste depuis lundi. Arto Paasilinna est parti monter une distillerie ailleurs.

Même ses romans les moins aboutis contenaient cette pointe d’humour absurde qui vous met en joie et s’il était capable d’avoir la dent dure, ce n’était jamais totalement méchant.

Petits suicides entre amis, La forêt des renards pendus, Le meunier hurlant, Le fils du Dieu de l’orage, Le lièvre de Vatanen, La douce empoisonneuse, La cavale du géomètre, Le cantique de l’Apocalypse joyeuse … autant de titres qui m’ont, le temps d’un moment Arto 02de lecture, donnés envie de partir me planquer dans une cabane en forêt (à condition de construire une distillerie à côté), de faire une virée avec des potes dans l’Europe, ou de zigouiller quelques malotrus, mais toujours avec le sourire.

Une peu de joie et de légèreté (oui de légèreté) nous ont quitté cette semaine. A ta santé Arto.

Cette fois-ci, ce n’est pas drôle

Putain de sale nouvelle, l’immense Marcel est mort. Le fameux Porc Jerzy (vous vous souvenez, celui que le père colle au zoo …), Newton, la coccinelle, le professeur Burp, Superdupont , Pervers Pépère… orphelins, comme nous.

Combien de fois ai-je éclaté de rire à la lecture des Rubriques à Brac, Dingo dossiers, sans parler des dialogues géniaux des affreux de l’anti France, ou des éditos de Fluide.

Je sais, cela faisait un moment qu’il n’écrivait plus et de dessinait plus, n’empêche, ça fiche un coup au moral, un peu de ma jeunesse qui s’en va. Puisque c’est ça, j’ai ressorti mon intégrale des Rubriques à Brac.

cocci