J’avais été assez gêné par plusieurs aspects de L’alignement des équinoxes de Sébastien Raizer pour ne pas poursuivre sa trilogie. Comme j’ai vu que Les nuits rouges était différent, et que je suis curieux, j’ai essayé de nouveau. Je crois qu’il va falloir que je conclue : je ne suis pas compatible avec l’univers de cet auteur.
Quelque part en Lorraine un crassier révèle le cadavre d’un homme qui attend là depuis quarante ans d’être découvert. C’est celui de Gallois, un syndicaliste qui s’était illustré au moment des premières luttes contre la désindustrialisation de la région, et que l’on croyait parti loin avec une autre femme que la sienne.
Pour Dimitri et Alexis, qui avaient 9 ans à l’époque, cette révélation de la mort de leur père, visiblement assassiné, remet des années de croyance d’abandon en question. Alexis, banquier au Luxembourg pourrait vivre avec. Pas Dimitri, camé, qui décide de tuer son dealer et de faire des recherches pour venger leur père.
Aux commandes de l’enquête, Keller, nouveau commissaire adjoint, Faas, un flic complètement hors de contrôle, et l’ombre de Metzger, ancien commissaire à la retraite qui continue à tirer les ficelles. En cet été caniculaire le jeu de massacre peut commencer.
Je regrette de ne pas avoir été convaincu, d’autant plus qu’il y a des passages qui m’ont emballé. Mais j’ai eu l’impression de lire plusieurs ébauches de roman, qui m’ont fait penser à plusieurs auteurs, sans qu’aucune ne soit réellement poussée au bout.
Je ne vois pas bien pourquoi mélanger l’histoire de la désindustrialisation, des mensonges des politiques, des trahisons de certains syndicalistes, avec cette petite histoire de dealer assassiné et de contrôle du trafic par des flics. Le lien me parait artificiel, et à mon goût aucune des deux thématique n’est vraiment creusée comme elle l’aurait mérité.
On a une histoire à la Dominique Manotti, avec l’enquête que mène Dimitri, et une autre avec des personnages à la James Ellroy avec ces deux flics qui contrôlent la criminalité de la ville. Mais on ne va pas ou bout des ressorts de l’affaire industrielle comme l’aurait fait Manotti, et les deux grands méchants ne sont pas aussi crédibles, ni aussi effrayants, que le fascinant Dudley Smith auquel ils m’ont fait penser.
Au résultat, malgré quelques pages puissantes quand Faas part vraiment en roue libre, ou intéressantes quand il décortique les mécanismes de la chute de la région, ce roman a surtout suscité chez moi de la frustration. Frustration de ne pas aller au bout de ce qu’il promet, d’un côté ou de l’autre.
Sébastien Raizer / Les nuits rouges, Série Noire (2020).