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La ligne

Jean-Christophe Tixier change de style avec un conte politique noir, La ligne.

Un village quelque part en France. Une vie tranquille, sans heurts mais non sans rancœurs. Et puis les consignes gouvernementales viennent s’appliquer ici aussi, et de nuit un traceur vient matérialiser une ligne qui passe au centre du village. Une ligne qui va vite cristalliser tous les différents et secrets plus ou moins tus jusque-là. Jusqu’au drame.

Je n’ai rien d’objectif à reprocher à ce roman, au contraire. L ‘image est bien trouvée pour décrire certains des déchirements de notre société actuelle. L’idée est ensuite bien menée, l’enchainement de réactions, de la montée de la haine est intelligemment décortiqué. Et c’est bien le cynisme de gouvernants faisant tout pour exploiter la tendance de chacun à se replier sur lui-même et à favoriser ses petits intérêts qui est dénoncé.

Pas de grand discours, mais une histoire racontée.

Et pourtant, même si je ne me suis pas ennuyé, je suis un peu déçu. Je n’ai pas retrouvé l’émotion de Effacer les hommes et surtout du roman précédent Les mal-aimés. Le coté conte philosophique et politique qui m’a certes intéressé m’a également laissé un peu de côté, m’empêchant de m’impliquer dans le récit. Plus intellectuel qu’émotionnel, plus centré sur la réflexion que sur les personnages.

Ce n’est pas ce que je préfère, à vous de vous faire une idée.

Jean-Christophe Tixier / La ligne, Albin Michel (2023).

Le Maître

J’ai déjà exprimé mon enthousiasme pour les deux premiers volumes de la trilogie de La maison des jeux de Claire North. Une trilogie brillamment conclue par Le maître.

Finit de jouer. Non, c’est faux, place au grand jeu. Argent, le meilleur joueur de la maison met au défi La Maîtresse des lieux toute de blanc vêtue. S’il perd, il sera éternellement l’esclave de la maison. S’il gagne il en sera le nouveau maître. Le défi se jouera aux échec, avec pour plateau la Terre entière, pour pièces des ministres, des milliardaires, des services d’espionnages au complet, des hackeurs … plus quelques joueurs secondaires qui seront utilisés, par l’un ou par l’autre. Argent et La Maîtresse de la maison sont les deux rois qu’ils faudra mettre échec et mat.

150 pages en apnée. 150 pages qui concluent, expliquent certaines choses, posent beaucoup de questions. 150 pages où vous serez attaché aux pas d’Argent, qui s’accroche à son humanité malgré son âge, malgré ce qu’il a déjà gagné et perdu.

Une intrigue magistrale, une conclusion à la hauteur des deux premiers volumes, une réflexion sur le pouvoir, sur la responsabilité, sur le libre arbitre, sur le hasard … c’est extrêmement addictif, c’est resserré, c’est intelligent, c’est passionnant.

On referme ébloui, avec envie de reprendre la trilogie depuis le début pour mieux profiter des détails, des petites graines semées ici et là qui donneront les fruits ultimes dans ce dernier volume.

Brillantissime.

Claire North / Le maître, (The master, 2015), Le Belial/Une heure lumière (2023) traduit de l’anglais par Michel Pagel.

L’enfant rivière

Une belle surprise et une belle découverte avec L’enfant rivière d’Isabelle Amonou.

2030. le climat s’est déréglé, les tornades se succèdent régulièrement, accompagnées de crues dévastatrices. Le climat social aussi a viré à la catastrophe. Les US sont en pleine guerre civile et les réfugiés sont de plus en plus mal vus au Canada où les tensions entre anglophones et francophones se sont exacerbées.

Il y a 6 ans, à la disparition de leur fils Nathan de 4 ans, Thomas et Zoé se sont séparés, violemment. Zoé continue à le croire vivant et le cherche dans la forêt dans les bandes de gamins, de plus en plus sauvages, qui se cachent de la police. Thomas lui a fui, et refait sa vie en France. Mais la mort de son père le ramène à Ottawa. Les vieilles plaies vont se rouvrir, la folie de Zoé et les traumatismes de sa famille refaire surface.

Voilà une belle surprise. Un roman pas trop long, rythmé, original, des personnages que l’on n’oublie pas. Un roman qui brasse une multitude de thématiques sans jamais lasser ni se perdre. Une projection certes peu gaie mais très plausible dans un futur proche, autant d’un point de vue climatique que social. L’évocation des saloperies de l’état canadien envers les indiens. Une enfance massacrée, la difficulté à se reconstruire …

Sans oublier le portrait frappant de groupes de gamins redevenus sauvages avec un bon coup de couteau à la fameuse innocence de l’enfance. C’est parfois très dur, souvent émouvant, très juste dans le ton. Une vraie belle réussite.

Isabelle Amonou / L’enfant rivière, Dalva (2023).

Trop semblable à l’éclair

Pour Noël je me suis fait offrir le début de la saga de Ada Palmer, Trop semblable à l’éclair, Terra Ignota, Livre Premier. J’avoue que je ne suis pas complètement convaincu.

Nous sommes en 2454. L’humanité a dépassé le stade des nations et les religions, causes de guerre particulièrement sanglante au 3° millénaire, sont interdites. Sept Ruches structurent la planète et se partagent les 10 milliards d’habitants, selon leurs philosophies, leurs envies ou les valeurs qu’ils partagent. La Paix règne. Une paix qui pourrait se révéler fragile.

Mycroft Canner, coupable de crimes abominables est un Servant, condamné à servir tout le monde en échange du gite et du couvert. Mais étrangement il est aussi le confident des puissants des sept ruches. Et il a découvert par hasard l’existence d’un gamin aux pouvoirs quasi divins, une véritable bombe dans un monde qui a très peur des religions.

C’est à ce moment-là qu’un vol en apparence anodin menace de faire tout voler en éclats.

Alors. Ce bouquin m’a été chaudement recommandé par une libraire de confiance, et les critiques que j’avais lues ici et là étaient toutes absolument éblouies par autant d’imagination, de culture de bouillonnement.

Certes c’est très imaginatif, la projection philosophique et sociale est assez géniale, la liberté décrite est enthousiasmante avec un concept de bash, famille que chacun se choisit, de ruche, que là aussi on se choisit, le tout s’appuyant sur un grosse, très grosse érudition sur les philosophes des lumières. Enorme boulot de construction d’un futur possible. Le mélange de futur moyennement lointain et de XVII ° siècle est original, bien fichu et donne lieu à pas mal de choses très intéressantes.

Mais. Et comme disait l’autre « everything before but is bullshit ».

Le côté scientifique et technologique est complètement survolé. Il y a des voitures qui permettent de faire de tour de la Terre en quelques heures. Elles volent à … A quoi tient ? On est 10 milliards, mais il n’y a plus de problème écologique, les ressources semblent infinies, et personne n’est exploité, tout le monde choisit son sexe, sa famille, sa ruche. Ouais …

Mais surtout il n’y a pas d’histoire. On a un petit Dieu, une liste volée qui semble très importante, même si je n’ai absolument pas compris pourquoi, et au bout de sept cent pages, on a toujours un petit Dieu et on ne sait toujours pas qui a volé la liste.

On a un personnage central, qui dialogue avec le lecteur qui lui répond, ce qui peut être soit rigolo, soit lourdingue à la longue, moi j’ai trouvé lourd. Un personnage qui semble très mignon mais dont on va découvrir les atrocités, sans savoir pourquoi il a agi ainsi, et encore moins comment il est devenu génial et confident de tous les puissants.  On a un twist dans le dernier paragraphe qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Et on se perd dans les personnages, je n’ai pas compris grand-chose, pour ne pas dire rien, aux raisons et aux mécanismes des luttes d’influences entre les différentes ruches.

Mais le plus grave, c’est que c’est très bavard et que les personnages n’ont aucune épaisseur. Ils sont là pour émettre des idées, défendre des philosophies, mais ils ne sont pas incarnés. Ils sont censés être très charismatiques ou violents ou inquiétants ou émouvants, et en fait ce ne sont que des véhicules de paroles.

Tout cela va sembler très sévère, trop peut-être, je ne me suis pas uniquement ennuyé, certaines idées sont géniales, mais j’ai eu l’impression de lire le livre d’une philosophe qui veut faire partager des réflexions et beaucoup d’intelligence à des lecteurs en passant par la SF qu’elle aime sans doute beaucoup (je ne doute pas de l’authenticité de son amour pour les philosophes des lumières et pour la SF), mais qui a oublié qu’écrire un roman, ça passe quand même par une bonne histoire et de bons personnages, et qu’un minimum d’effort de clarté ne peut nuire à l’exercice. Bref, dans quelques temps, j’essaierai sans doute le 2 pour voir si tout cela avance un peu, mais il faudra que ce soit rapidement plus clair pour que j’aille au bout.

Ada Palmer / Trop semblable à l’éclair, Terra Ignota, Livre Premier, (Too like the lightning, Terra Ignota, book I, 2016), La Belial (2021) traduit de l’anglais (USA) par Michelle Charrier.

24 vues du Mont Fuji, par Hokusai

Encore un livre qui trainait depuis un moment sur ma table de nuit, 24 vues du Mont Fuji, par Hokusai de Roger Zelazny.

Mari est veuve, et son époux Kit la hante. Elle sait qu’elle-même n’a plus beaucoup de temps à vivre. Alors elle décide une sorte de pèlerinage : aller au Japon sur les lieux d’où le grand maître de l’estampe Hokusai a peint 24 de ses fameuses vues du mont Fuji. Des estampes que son époux lui avait faite connaître.

Un voyage poétique, artistique, un voyage de la mémoire, mais un voyage qui n’est pas sans danger, car Mari le sait, elle est recherchée et sa maladie n’est pas le seul danger qu’elle court.

Je ne sais pas pourquoi j’ai autant tardé à lire cette novella alors même que j’aime beaucoup la collection une heure lumière, et que j’ai été un grand fan de Roger Zelazny quand j’ai découvert la SF (il y a bien longtemps). Je l’ai beaucoup lu et beaucoup aimé, que ce soit sa saga des Princes d’Ambres, ou ses autres romans qui explorent les mythologies du monde entier avec un bonheur, une justesse et un humour que je n’ai retrouvés ensuite que chez le Neil Gaiman de Sandman.

Certes, si vous aimez les textes qui vont vite, où il se passe toujours quelque chose, passez votre chemin, cette déambulation calme et poétique n’est pas pour vous. Pour les autres laissez-vous prendre au rythme de la marche de Mari. Vous aurez envie d’aller voir les fameuses estampes, vous croiserez Don Quichotte et des créatures de Lovecraft. Vous sentirez le récit se tendre, le danger sournois se faire de plus en plus présent. Vous aurez des moments de calme beauté, et des moments d’action, et à la fin, apaisé, vous comprendrez tout.

C’est dense, cela demande un peu d’attention, mais c’est très beau. Et cela donnera peut-être à ceux qui ne la connaissent pas l’envie de découvrir l’œuvre de ce grand auteur.

Roger Zelazny / 24 vues du Mont Fuji, par Hokusai, (24 views of Mt. Fuji, by Hokusai, 1985), le Belial / une heure lumière (2017) traduit de l’anglais (USA) par Laurent Queyssi.

La cité des nuages et des oiseaux

Un autre livre choisi parce que j’en avais lu le plus grand bien sur les blogs : La cité des nuages et des oiseaux d’Anthony Doerr.

24 folios, à moitié détruits par le temps, racontant, dans un ordre incertain une farce philosophique : les aventures d’un berger grec voulant rejoindre la cité merveilleuse des oiseaux. Un texte de l’Antiquité grecque qui aura une influence déterminante au travers des siècles, sur quelques vies.

Celle de Konstance, à bord d’un vaisseau spatial emportant une poignée d’humains coloniser une autre planète. Celle d’Anna et Omeir pris dans la tourmente du siège de Constantinople au XV° siècle. Celle de Zeno Ninis, qui survit à la guerre de Corée et, à la fin de sa vie, monte une pièce à partir du texte avec des gamins dans une petite bibliothèque de l’Idaho. Celle de Seymour Stuhlman désespéré par l’état du monde au point de préparer un attentat pour réveiller les consciences.

Je ne connaissais absolument pas cet auteur, quelle erreur, vous avez là 700 pages de pur enchantement. 700 pages d’érudition jamais pédante, d’humanité, d’imagination. 700 pages d’histoires merveilleusement racontées, d’hommage à la lecture, aux livres et aux bibliothèques. 700 pages absolument magiques. Cerise sur le gâteau, l’auteur ne se moque pas de vous, à la fin, tout se tient parfaitement, malgré un démarrage qui pourrait laisser imaginer un tour de passe-passe un peu artificiel pour relier les époques et les personnages.

Impossible de lister toutes les thématiques évoquées dans le roman. Et puis ce serait fastidieux. Sachez seulement que chacune des histoires dans les différentes époques ferait déjà un très bon roman, que tous les personnages sont incroyablement attachants, que l’on vit, on souffre, ou rit avec eux, et que le tour de force de les réunir de façon aussi magistrale fait que le roman est encore bien meilleur que la somme de ses différentes parties.

On le referme ému, touché, émerveillé et heureux d’être un humain, et plus particulièrement un humain lecteur, malgré toutes les horreurs qui nous ont été données à voir. Parce qu’il reste quand même un petit espoir tant qu’il restera des livres, des bibliothèques et des lecteurs.

Anthony Doerr / La cité des nuages et des oiseaux, (Cloud cuckoo land, 2021), Albin Michel (2022) traduit de l’anglais par Marina Boraso.

Les flibustiers de la mer chimique

Je n’ai vu passer que des critiques enthousiastes du roman de Marguerite Imbert, Les flibustiers de la mer chimique, donc je me suis lancé.

Nous sommes dans un futur assez peu souriant. Une catastrophe (dont nous découvrirons la cause) a décimé l’humanité. La Terre et les océans sont abominablement pollués. L’humanité restante est la proie d’animaux qui ont mutés de façons à être encore plus agressifs et efficaces. Et bien entendu on a continué à se mettre sur la gueule.

Dans ce beau paysage nous allons suivre :

Ismaël, citoyen de Rome où règne une reine/prêtresse, naturaliste, parti sur un bateau qui a coulé, recueilli sur le Player Killer, le sous-marins d’une bande de flibustiers menés par un ado attardé, Jonathan. Et Alba, dernière représentante du clan des graffeurs, un clan qui s’est donné pour mission de mémoriser tout le savoir de l’humanité moribonde. Alba qui va être récupérée, de force, par Rome.

Et vous n’avez là qu’une partie de la galerie de personnages, tous plus allumés les uns que les autres, imaginés par Marguerite Imbert.

J’ai été moins emballé par ce roman que mes collègues qui en ont déjà parlé, tout en reconnaissant les qualités qu’ils évoquent.

Oui c’est joyeux (malgré la thématique), allumé, plein d’imagination, débordant d’énergie et de références à la culture populaire (ou pas, comme le prénom d’un des protagonistes). Oui ça brasse sans se prendre au sérieux quantités de thématiques, de la catastrophe écologique, à l’exercice du pouvoir, en passant par les méfaits d’une culture mal digérée ou le mépris de classe.

Mais justement, là où on peut être emballé par l’abondance, on peut aussi, et ça a été mon cas, trouver qu’il y en a trop, et que ce n’est pas assez creusé. Et c’est dans la façon de mener l’intrigue que cela m’a fait petit à petit fait sortir du texte, malgré le plaisir trouvé à certaines fulgurances. Tout est effleuré, des personnages arrivent d’on ne sait trop où, les motivations des personnages secondaires restent assez obscures, le déroulé des événements entre la catastrophe et le moment du récit complètement elliptique, sans explication même s’il y est fait de nombreuses, mais peu précises allusions.

Pour mon goût très personnel, il aurait fallu soit simplifier, soit prendre plus de temps.

Marguerite Imbert / Les flibustiers de la mer chimique, Albin Michel/Imaginaire (2022).

Collapsus

Thomas Bronnec s’est fait connaitre avec sa trilogie nous plongeant dans les entrailles du pouvoir. Il revient avec un roman de légère, très légère anticipation, toujours très politique, Collapsus.

Dans un futur proche, voire très proche. La France suffoque, les catastrophes (glissements de terrain, orages monstrueux, avalanches …) se multiplient. La classe politique promet, mais ne fait rien, et la colère monte. Une colère qui porte à l’Elysée Pierre Savidan. Ancien gourou, partisan d’une écologie radicale, il instaure une sorte de permis à point écologique, et des centres de rééducation où ceux qui ont un très mauvais score écologique peuvent aller se former, ou se réformer, de façon volontaire, du moins dans la théorie.

Alors que ses réformes de plus en plus impopulaires passent de moins en moins bien, et que ses partisans multiplient les coups de force de plus en plus violents, la situation semble lui échapper. La tentation de se passer de l’assemblée et du sénat se fait plus forte, alors que la résistance à ce qui ressemble à un coup d’état s’organise. Pour de bonnes ou de mauvaises raisons.

Si vous avez besoin de vous remonter le moral, évitez. Tout va vous faire déprimer dans ce roman. Le constat objectif que nos politiques, de tous bords, dans tous les pays ne font rien et nous amènent droit au mur est absolument indéniable. Mais la solution inventée par l’auteur est … J’allais dire pire que le mal. D’un certain côté oui.

Parce que Pierre Savidan et ses suiveurs ont raison sur le diagnostic. Ils ont même raison sur une partie des mesures à prendre. Le problème est que quand on considère que la fin justifie les moyens, tous les moyens, on tombe dans l’horreur décrite par Thomas Bronnec. Avec fliquage de tous et de tout, camp de rééducation et autocritiques « spontanées » de sinistre mémoire.

La montée vers ce qu’on pourrait appeler un fascisme vert est implacablement décrite, pas à pas par l’auteur. On la vit vue de tous les angles : des fanatiques du président, des opposants (opposants qui ont leurs raisons, pas toujours très altruistes), et de ceux qui s’étaient ralliés à lui et découvrent avec horreur qu’ils ont joué avec le feu.

La tension est savamment dosée, la montée vers l’explosion parfaitement maîtrisée, et le pire est que l’auteur connaît bien les rouages de notre république et que tout est plausible. Donc le lecteur morfle.

Comme l’écrit très justement le Killer : entre le dernier roman de Jérôme Leroy et celui-ci, on ne pourra pas dire qu’on ne nous a pas averti que ça pouvait très mal tourner.

Thomas Bronnec / Collapsus, Série Noire (2022).

Fondation foudroyée

Dernier Fondation avant la rentrée (la suite attendra), Fondation foudroyée, toujours d’Isaac Asimov.

Pour ceux qui ne savent pas du tout de quoi ça cause, je vous renvoie à mes précédentes chroniques … Nous sommes donc arrivés à un statu quo. La première fondation a prospéré, il s’est déjà passé 500 ans depuis la chute de l’empire, donc nous sommes à mi-chemin de l’arrivée d’un nouvel empire d’après les calculs de Seldom. Dans l’ombre, la seconde fondation tire les ficelles. 

Mais de nouveaux affrontements se profilent à l’horizon. A la seconde fondation un esprit plus affuté que les autres s’aperçoit que quelque chose de bizarre dans les calculs pourrait être dû à une troisième force. Et dans le plus grand secret, la première fondation n’a pas oublié qu’il existe peut-être une seconde fondation qui les manipule, quelque part dans la galaxie. Deux hommes vont être au centre d’un nouveau bouleversement et de nouvelles révélations.

L’époque à bien changé ! Pas celle du roman, mais celle à laquelle il a été écrit. Nous sommes maintenant dans les années 80 et cela se sent. Asimov a maintenant une sacrée œuvre derrière lui. Il est passé au format long, cette fois nous suivons une seule trame de cinq cent pages. L’écologie, ou du moins une forme d’écologie apparaît, et nous avons des femmes avec des rôles centraux, et surtout des rôles de pouvoir. 

Toujours très habile dans sa construction de l’histoire, il donne ici plus de chair aux différents personnages, continue à passionner le lecteur avec cette histoire en apparence fort lointaine, varie les thématiques et les points de vue, et amorce un lien avec une autre de ses grandes sagas.

Toujours un plaisir donc, reste à voir quand je vais trouver le temps de lire Terre et Fondation qui conclue la série.

Isaac Asimov / Fondation foudroyée, (Foundation edge, 1982), Denoël/Présence du futur (1984) traduit de l’anglais (USA) par Jean Bonnefoy.

La longue Terre

En fouinant dans une librairie je suis tombé sur La longue terre, de Stephen Baxter et Terry Pratchett. Comment un Pratchett que je ne connaissais pas ? Je me suis précipité. Un peu vite peut-être.

Le jour du Passage, quelques dizaines de gamins qui avaient construit une boite d’après des plans publiés sur internet, avec une patate, et quelques composants électroniques ont disparu. Ils sont revenus quelques heures plus tard, accompagné par Josué, un ado solitaire. Depuis Josué est devenu un spécialiste du voyage vers les Terres parallèles auxquelles donne accès le dispositif. Des millions de terres vierges sur lesquelles ont peut aller avec une seule restriction : aucun objet contenant du fer ne passe.

Des années plus tard certains vont se perdre dans cette longue Terre, d’autres y cherchent fortune, d’autres encore veulent construire de nouvelles communautés. Josué est embauché par Lobsang, ancien réparateur de mobylettes tibétain réincarné dans une IA toute puissante pour une mission d’exploration qui réservera bien des surprises.

Je n’ai jamais été tenté par les romans de Baxter, en lisant les résumés j’avais l’impression d’être au boulot. Par contre cela n’a échappé à personne que je suis fan de Pratchett. Le roman n’est pas mauvais, mais il est un peu longuet.

Dommage parce qu’on retrouve la folie de Pratchett, ses dialogues incroyables, mais beaucoup plus dilués que dans les romans du Disque Monde. Et si il y a de très intéressants passages sur les possibilités, mais également les difficultés et le frustrations de repartir de zéro, sur une Terre vierge, le roman n’échappe pas par moment au défaut d’aligner des mondes et des situations, sans créer de tension narrative.

Pas mauvais donc, mais pas suffisamment bon pour que je lise la suite.

Stephen Baxter et Terry Pratchett / La longue terre, (The long earth, 2012), Pocket/SF (2021) traduit de l’anglais par Mikael Cabon.