C’est fait. Retour au calme après un week-end de folie. On peut dire qu’on a dignement fêté les 10 ans de Toulouse Polars du Sud. Ça va être compliqué d’en parler sans trop m’étaler mais allons-y, en respectant la chronologie.
Ça commençais très fort pour moi, avec une rencontre à la médiathèque de Montauban avec Joe R. Lansdale ! Des années que j’en rêvais, des années que Bruno de La Renaissance essayait. Sa persévérance a fini par payer, il était là. Une heure de rencontre rien que pour nous. Où on a appris que la grand-mère de Joe avait vu le show de Buffalo Bill, que ses parents avaient connu la grande dépression et que c’est leur voix qui résonne dans des romans comme Les marécages. Où on a pu constater que ce n’était pas un hasard s’il nous semblait percevoir une belle conscience politique subrepticement glissée sous l’humour de Hap et Leonard : Lansdale a travaillé dans des champs de roses et dans des usines de chaises en alu, il a refusé d’aller au Vietnam, il a participé aux luttes pour les droits civiques lui qui a connu les cinémas avec un étage pour les blancs et un pour les noirs. On a parlé de l’humour, des dialogues, de Huckleberry Finn … On a rencontré, deux passionnés qui avaient fait des centaines de kilomètres pour le rencontrer et lui remettre une superbe lito inspirée justement des marécages. D’ailleurs, si vous aimez les belles affiches et les polars américains, allez un peu voir l’arbre à bouteille (et oui, ils aiment Lansdale !).
On a eu droit ensuite à un repas assez surréaliste. Imaginez-vous dans un restaurant, avec Lansdale et son épouse, à parler polars, et à côté, un groupe de retraités normands auquel le restaurant proposait une animation : un « comique » déguisé en curé nous a fait ça, et après, et je vous jure, il a tombé la soutane, dessous il avait le maillot du Stade et on a eu droit à ça . C’était, comment dire … Etrange. Puis retour sur Toulouse en discutant de Comics, séries, films, bouquins, des westerns d’Elmore Leonard, de Craig Johnson … Bref le pied.
Samedi on attaquait fort avec une table ronde avec Tim Willocks, Martin Solares et Michael Mention sur la violence. Une rencontre comme je les aime : presque rien à faire sinon lancer la discussion, et ensuite laisser les auteurs discuter entre eux. J’avais déjà rencontré Tim Willocks lors de sa première venue à TPS, j’ai de nouveau été impressionné par la profondeur qu’il y a derrière ses bouquins qui pourraient sembler, à la première lecture, du pur divertissement. Et Martin Solares que l’on découvrait a été très émouvant en parlant de ce qui l’avait amené à écrire N’envoyez pas de fleurs.


L’inauguration, c’est toujours pénible, mais on a eu le plaisir de récompenser Carlos Salem, prix Violeta Negra pour sa Decima au salon, et pour Attends-moi au ciel, et Eric Plamondon pour Taqawan, prix des chroniqueurs. L’occasion du coup, excellente, de nous trouver tous ensemble : Yan et Caroline, des habitués, avec qui (entre autres) on se partage les animations et tables rondes, Bruno qui vient toujours nous rendre une petite visite, et la bonne surprise de cette année, Cédric qui avait fait le déplacement et qui, en partie par la faute de Yan et moi, a peut-être dû payer un supplément voyage pour son retour. Merci à Laurence pour l’organisation du trophée, quelque part, sur la toile, doivent trainer des photos des chroniqueurs et du lauréat …

Après, ce fut très dense, cavaler pour porter les bouquins pour les tables rondes, traduire la rencontre sur le polar ibérique (show très rodé entre des auteurs qui se connaissent et s’apprécient, avec Carlos en chef d’orchestre), souffler un peu en assistant à une table ronde menée de main de maître (pouf pouf) entre James Ellory, Joe Lansdale et Benjamin Withmer (putain, Withmer et Lansdale ensemble, l’occasion de faire ma groupie).



Et pour finir retour en Méditerranée, avec Valerio Varesi, Mimmo Gangemi et Petros Markaris, qui eux aussi m’ont permis d’assurer l’animation en faisant le minimum anticipant les questions, et se répondant. Markaris très drôle nous a raconté la création de Kharitos, et on a fini (heure de l’apéro oblige) avec les recettes préférées de chacun. Pour Markaris, devinez, il suffit d’avoir lu ses bouquins.

Dimanche matin, tout le monde sur le pont, pour une belle table ronde avec Thomas Cook et Anne Bourrel sur les secrets de famille. Table ronde animée par Corinne qui a su faire naitre une belle complicité entre les deux auteurs qui ne s’étaient jamais rencontrés. En regardant mes photos, hier soir, un peu fatigué, il m’est venu une idée aussi sotte que grenue … c’est moi où Thomas Cook (que j’adore, comme écrivain et comme personne) a un petit côté Maître Yoda ?


Je n’ai pas pu tout voir, mais j’ai ensuite assisté à une magnifique table ronde entre Eric Plamondon, Richard Krawiec et David Joy, animée par Yan. David Joy en particulier, impressionnant de conviction et de clarté dans ses prises de paroles. Un sacré bonhomme et une belle table ronde émouvante, intelligente et drôle.

Chapeau à Aurélie qui au long du week-end a traduit, Yana Vagner, Tim Willocks, Joe Lansdale, Roger Ellory, Thomas Cook, David Joy, Richard Krawiec, Zygmunt Milozewski et Arni Thorarinsson ! Et j’en ai peut-être oublié.
Pendant les quelques pause, quel plaisir de discuter avec Antoine Chainas, Sébastien Rutés ou Marin Ledun. Sans parler de R. M. Guera avec qui j’ai pu faire le fan de base, et me faire dédicacer un album ainsi qu’avec nos habitués BD Antonio Altarriba et Keko, à qui j’ai acheté Moi fou, suite du triptyque commencé avec l’excellent Moi, assassin.
Tout s’est terminé pour moi avec la 100° table ronde de l’année de Sébastien Gendron sur le thème de l’humour et du polar, c’est du moins ce que prétends Yan avec qui j’ai animé la table en duo. Et on n’était pas trop de deux pour maîtriser Jacki Schwartzmann, Sébastien Gendron en Carlos Salem.
Dimanche soir, gros coup de blues et de fatigue, mais aussi satisfaction. Un programme très très serré mais qui a tenu sans coup de Trafalgar, des auteurs et visiteurs (du moins ceux avec qui j’ai discuté), apparemment contents.
Je me suis régalé, et surtout un immense merci à tous, auteurs, visiteurs, et bénévoles qui ont fait tourner la grosse machine, s’occupant d’organiser la venue des uns et des autres, repas, logements, voyages, taxis, rendez-vous, contacts avec les écoles, médiathèques, collèges, ont monté le chapiteau, installé les bouquins, servi les repas, tenu le bar, l’accueil, gratté les subventions à droite et à gauche, monté des dossiers … Un an de boulot pour trois jours de festival, mais ça valait la peine. On souffle un peu, et on vous prépare celui de l’année prochaine.