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Trente grammes

Cela faisait un moment que j’entendais dire du bien de Gabrielle Massat, et je n’avais pas encore eu le temps de découvrir ses romans. C’est chose faite avec Trente grammes. Belle découverte.

Yannick Gallard, trentenaire, est en train de mourir d’une overdose de doliprane. Overdose non volontaire puisqu’on l’a forcé à avaler les pilules. Mais en fait non, Yannick est sauvé, in extremis, par son amant Phoenix, et va devoir tenter de survivre avec un foie greffé. Inhabituel. Mais tout est inhabituel chez Yannick.

Beau comme un cœur, grand amateur d’art, il travaille pour le plus gros trafiquant, russe d’origine, de Toulouse. Pour lui il découvre des œuvres qui deviennent des investissements ou des moyens de blanchiment pour les truands de la ville. Et il a fait une erreur en vendant un Bacon volé à une grosse trafiquante de drogue. De quoi s’attirer des ennuis. Dernier détail pittoresque, Phoenix, son amant, est le tueur attitré de son boss.

Mais ce n’est pas tout, Yannick a le chic pour se mettre dans des situations inextricables, et y entrainer ceux qui ont la malchance d’être ses proches.

Il est des romans, comme celui-ci, qui vous embarquent dès le premier chapitre. Ici c’est l’humour noir et l’écriture vive qui m’ont accroché dès les premières lignes. Je ne savais pas encore si j’allais lire un roman qui tourne au noir ou une satire souriante, mais je savais que j’irai au bout avec gourmandise. Et je ne me suis pas trompé.

Outre cette écriture vive, une belle description de Toulouse et de ses environs, et un amour de la peinture que Gabrielle Massat fait joliment passer au travers de ses personnages, deux éléments font sortir ce roman du lot et devraient vous inciter à vous pencher sur Trente grammes.

Tout d’abord les personnages, parfaitement construits, et très originaux. Pas de manichéisme, mais la surprise de s’attacher à des individus qui, si l’on regarde objectivement leurs actions, sont tous assez peu recommandables. Voire pire. Mais voilà, ils sont terriblement humains, terriblement cohérents, et on se retrouve à éprouver de l’empathie pour un tueur cinglé, ou pour Yannick que les scrupules n’étouffent pas et pour qui le mot égoïsme semble avoir été créé.

Et puis il y a l’évolution de l’histoire, et le parallèle judicieux entre la dégradation physique de Yannick et le tableau qui se trouve au centre de l’intrigue. Une intrigue qui va peu à peu, sans que l’on s’en rende compte, faire passer le roman de l’humour noir à la noirceur la plus totale. D’une satire grinçante à une histoire d’amour malade et destructeur.

Vraiment une très belle découverte.

Gabrielle Massat / Trente grammes, Le Masque (2021).

TPS 12°, c’est fait.

TPS 12 c’est donc tenu, juste avant que Toulouse ne passe en zone écarlate, ce qui nous permettra de continuer à bosser mais nous empêchera un peu plus de nous amuser ou d’avoir accès à un minimum de culture. Choix totalement cohérents avec notre époque et nos gouvernants, mais je m’égare.

Je ne vous dirai pas que ce fut l’édition la plus chaleureuse, la plus drôle et la plus conviviale. Il n’y aura pas de photos, parce que franchement, les photos des copains ou des auteurs avec un masque sur la tronche, non merci, je préfère oublier. Et une édition de TPS sans vrai bar (interdiction de la préfecture de vendre de l’alcool), sans déambulation dans le chapiteau des auteurs pour discuter, rigoler, conseiller (oui, là aussi, la préfecture autorise la vente, mais pas la déambulation), sans endroit confortable pour s’installer, papoter, échanger les impressions de lecture et refaire le monde, sans pouvoir se faire la bise et se prendre dans les bras, c’est à l’image du moment : on a le droit de bosser, mais pas de s’amuser. Donc on a bossé.

Ceci étant dit, un grand merci pour commencer aux auteurs étrangers qui sont venus, d’autant plus que Leye Adenle, Alan Parks et Arpad Soltesz seront en quarantaine en rentrant chez eux (Alan nous a confié qu’il s’en fiche, les pubs de Glasgow sont fermés).

Un grand merci aussi à nos fidèles amis espagnols et italiens, toujours aussi agréables à recevoir et entendre, avec une mention spéciale à Carlos Salem qui a réussi à échapper au siège (sanitaire) de Madrid. Et un très grand merci aussi à tous les auteurs français qui sont venus, parfois de loin, sans trop savoir s’il y aurait du monde pour venir les voir en ce week-end sinistre (oui en plus il pleuvait et il faisait froid).

Et pour finir un immense merci à tous les bénévoles qui ont bossé d’arrachepied pour mettre en place les mesures demandées, fait face aux annulations de dernière minute, aux ordres et contrordres, qui ont nettoyé les lieux de rencontre, qui ont accueilli le public … Bref qui ont abattu un boulot énorme dans des conditions pas drôles.

Sur les rencontres que j’ai vues, je me suis bien amusé à animer un face à face entre Jean-Christophe Rufin et Carlos Salem. Enfin animer n’est pas le bon terme, disons que j’ai dit bonjour, et qu’ensuite ils se sont très bien animés tous seuls. On a appris qu’Aurel Timescu existe en vrai, il était en poste dans une ambassade où l’auteur a travaillé, on a eu, pour les connaisseurs, la confirmation de « l’effet labrador » cher à Jean-Hugues Oppel : si on veut faire monter le suspense, on met un chien ou un chat en danger, et si on tue un chien, on se fait insulter par les lecteurs, même si on a massacré avant une bonne douzaine de personnes (c’est arrivé à Carlos).

Arpad Soltesz que j’imaginais aussi en colère et énervé que ses bouquins s’est révélé d’un calme et d’un flegme très british. C’est parce qu’il se défoule dans ses bouquins, entre autres en faisant exploser un juge sur ses chiottes. Mais en fait il est très en colère, tout le temps, même si ça ne se voit pas.

Alan Parks et Leye Adenle ont réussi à nous convaincre d’aller visiter Glasgow et Lagos, malgré tout le mal qu’ils en disent dans leurs bouquins.

Et j’ai pu saluer, rapidement puisqu’on ne pouvait pas déambuler … Valerio Varesi qui parle de mieux en mieux français, faire la groupie auprès de Catherine Dufour dont vous avez intérêt à lire Le bal des absents si vous ne voulez pas encourir mon courroux (coucou), et passer une soirée avec Victor del Arbol.

Dernier motif de satisfaction, c’est Le temps de la haine, de Rosa Montero, histoire de privé dans un monde à la Blade Runner avec un personnage de Réplicante, qui parle vraiment très bien de notre monde actuel tout en situant son action au XXII° siècle qui a gagné le prix Violeta Negra. Et hop, on consacre un livre complètement hybride, à la fois un roman de SF, polar, roman qui rappelle de très bons souvenirs et roman qui parle d’aujourd’hui, merci le jury ! Bon c’est fait, il y en a qui ont dû bien dormir la nuit dernière, et vivement l’année prochaine sans masque, avec embrassades, bières et déambulations.

TPS plus fort que le COVID (pour l’instant)

C’est traditionnellement avec un mélange d’impatience, d’excitation et de joie que j’annonce, en cette période de l’année, la grosse semaine Toulouse Polars du Sud. Je ne vais pas vous mentir, ce ne sera pas une grosse année, et je suis moins impatient. Faute bien entendu non à la qualité de ce qui a été édité cette année, ou à un moindre travail des bénévoles, mais à cette saloperie de virus.

Annulations, restrictions, mesures sanitaires …  On ne pourra pas s’accouder au bar pour boire un café ou une bière, les discussions avec masque, c’est pas mon truc, interdit de s’embrasser, bref, ce sera plus froid, distant, mais bon, on fera ce qu’on peut, et même davantage pour que cela se passe le mieux possible, pour les visiteurs que l’on espère quand même nombreux, et pour les auteurs.

Avec malgré tout un programme pas mal du tout.

Dans la semaine je serai à Ombres Blanches avec Arpád Soltész, pour une première rencontre à Toulouse.

Jeudi soir à la médiathèque de Saint-Orens à 19h00, et vendredi à 18h00 à la médiathèque du grand M, je retrouve un auteur que je connais bien, Victor del Arbol.

Le vendredi soir, grosse rencontre avec notre parrain de cette année Jean-Christophe Rufin animée par Pierre Lemaitre, à l’hôtel du département, à 20h30, attention, réservation obligatoire.

Et puis il y aura les tables rondes à la librairie de la Renaissance, malgré toutes les contraintes.

Avec, entre autres, la présentation du dictionnaire du polar de Pierre Lemaitre, un face à face (mais pas trop près !) Jean-Christophe RufinCarlos Salem, on parlera ville noire avec Alan Parks et Valerio Varesi, mais aussi Alan Parks et Leye Adenle, terrorisme et islamisme avec Frédéric Paulin et Kenan Görgün, on verra qu’il y a du nouveau à l’est avec Danü Danquigny et Arpad Soltesz, une table sur les secrets de famille avec Victor del Arbol et Cyril Herry, une rencontre Joseph Incardona, Nicolas Maleski et Noëlle Renaude, et une information de dernière minute, le dimanche Catherine Dufour dialoguera avec Valerio Varesi.

Informations valides ce jour, avec risques de modifications en cas d’annulation de dernière minute ou de nouvelle consigne de la préfecture et de la mairie. Toutes les informations sont sur le site du festival.

Que tombe le silence

Christophe Guillaumot poursuit ses histoires de flics toulousains avec un quatrième volume : Que tombe le silence.

GuillaumotLa brigade des jeux est en cours de dissolution à Toulouse. Certains sont partis, Jérôme Cussac, dit Six vient de démissionner, ne reste plus que le colosse, Renato Donatelli, le Kanak, qui s’ennuie. Jusqu’à ce que Jérôme soit inculpé pour complicité dans le meurtre d’un dealer. Alors que tout le monde le lâche, il est inimaginable pour le Kanak de ne pas soutenir et aider son ami. Seul, en marge de toute enquête officielle et de toute procédure, il décide de chercher qui l’a piégé et pourquoi. Au risque de se mettre ses collègues et sa hiérarchie à dos.

Après les deux claques précédentes, baisser un peu en intensité ne fait pas de mal. Et je pourrais reprendre presque mot pour mot ce que j’avais écrit pour son précédent roman.

En particulier sur mes petites restrictions quant à l’écriture : « l’auteur ne fait pas assez confiance à son lecteur pour comprendre tout seul ce que pensent les personnages, ou le pourquoi de leurs actions. Cela donne côté un peu sage et explicatif à la narration. » Christophe Guillaumot prend un peu trop le lecteur par la main, comme quand il explique que les flics parlent le lundi du Stade Toulousain, le club de rugby de la ville. Quand on discute ici, on parle du Stade, pas besoin de rajouter toulousain ; le lecteur qui ne connaîtrait pas le Stade (il en existe ?) peut deviner, et celui qui connait n’a pas l’impression qu’on le prend pour une truffe.

C’est un détail qui pourrait être amélioré, à mon humble avis.

Sinon l’intrigue est bien menée, Toulouse est un décor parfaitement utilisé, l’auteur fait preuve d’une belle tendresse pour ses personnages sans tomber dans le sirupeux dégoulinant, et le Kanak prend de l’épaisseur (si je puis dire pour un tel personnage) et nous donne vraiment envie de le retrouver. Ça tombe bien, cette envie a l’air partagée par l’auteur.

Donc un bon divertissement, on attend la suite.

Christophe Guillaumot / Que tombe le silence, Liana Lévi (2020).

Toulouse Polars du Sud, c’est demain

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Le grand week-end du polar à Toulouse c’est dans une semaine, mais comme d’habitude les festivités commencent bien plus tôt.

Pour savoir ce qui va se passer autour de Toulouse avant vendredi, tout le programme est là.

Et pour les tables rondes et les parloirs du week-end à La Renaissance, c’est là.

Comme tous les ans, vous aurez le plaisir de retrouver des habitués, Carlos Salem en tête, mais également Victor del Arbol, Pascal Dessaint, Marin Ledun, Jean-Hugues Oppel, Christophe Guillaumot

Il y aura aussi des auteurs qu’on a déjà reçus et qui viennent nous rendre une nouvelle visite, comme Ernesto Mallo, Martin Solares, Jérôme Leroy ou les italiens Maurizio de Giovanni et Gioacchino Criaco

Et puis, vous le savez sans doute déjà, trois invités de marque, les américains James Carlos Blake et Kent Anderson et notre parrain, Leonardo Padura.

Pour la liste complète, c’est là.

J’aurai pour ma part le plaisir de vous voir, si vous venez rencontrer Leonardo Padura à la médiathèque de Montauban le mercredi 9, ou Victor del Arbol le jeudi 10 à celle d’Aucamville.

Et bien sûr tout le week-end à La Renaissance. N’hésitez pas à venir échanger quelques mots autour d’un café ou d’une bière. A très bientôt.

Leonardo Padura à Toulouse première

Pour les toulousains, une belle rencontre en vue, à Ombres Blanches mercredi 2 octobre à 18h00 avec Leonardo Padura à propos de son dernier roman La transparence du temps.

Et pour ceux qui ne pourraient pas être là, pas de panique, il sera de retour la semaine suivante, parrain de la 11° édition de Toulouse Polars du Sud. Mais je vous en reparlerai.

TPS, la decima.

C’est fait. Retour au calme après un week-end de folie. On peut dire qu’on a dignement fêté les 10 ans de Toulouse Polars du Sud. Ça va être compliqué d’en parler sans trop m’étaler mais allons-y, en respectant la chronologie.

Ça commençais très fort pour moi, avec une rencontre à la médiathèque de Montauban avec Joe R. Lansdale ! Des années que j’en rêvais, des années que Bruno de La Renaissance essayait. Sa persévérance a fini par payer, il était là. Une heure de rencontre rien que pour nous. Où on a appris que la grand-mère de Joe avait vu le show de Buffalo Bill, que ses parents avaient connu la grande dépression et que c’est leur voix qui résonne dans des romans comme Les marécages. Où on a pu constater que ce n’était pas un hasard s’il nous semblait percevoir une belle conscience politique subrepticement glissée sous l’humour de Hap et Leonard : Lansdale a travaillé dans des champs de roses et dans des usines de chaises en alu, il a refusé d’aller au Vietnam, il a participé aux luttes pour les droits civiques lui qui a connu les cinémas avec un étage pour les blancs et un pour les noirs. On a parlé de l’humour, des dialogues, de Huckleberry Finn … On a rencontré, deux passionnés qui avaient fait des centaines de kilomètres pour le rencontrer et lui remettre une superbe lito inspirée justement des marécages. D’ailleurs, si vous aimez les belles affiches et les polars américains, allez un peu voir l’arbre à bouteille (et oui, ils aiment Lansdale !).

On a eu droit ensuite à un repas assez surréaliste. Imaginez-vous dans un restaurant, avec Lansdale et son épouse, à parler polars, et à côté, un groupe de retraités normands auquel le restaurant proposait une animation : un « comique » déguisé en curé nous a fait ça, et après, et je vous jure, il a tombé la soutane, dessous il avait le maillot du Stade et on a eu droit à ça . C’était, comment dire … Etrange. Puis retour sur Toulouse en discutant de Comics, séries, films, bouquins, des westerns d’Elmore Leonard, de Craig Johnson … Bref le pied.

Samedi on attaquait fort avec une table ronde avec Tim Willocks, Martin Solares et Michael Mention sur la violence. Une rencontre comme je les aime : presque rien à faire sinon lancer la discussion, et ensuite laisser les auteurs discuter entre eux. J’avais déjà rencontré Tim Willocks lors de sa première venue à TPS, j’ai de nouveau été impressionné par la profondeur qu’il y a derrière ses bouquins qui pourraient sembler, à la première lecture, du pur divertissement. Et Martin Solares que l’on découvrait a été très émouvant en parlant de ce qui l’avait amené à écrire N’envoyez pas de fleurs.

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L’inauguration, c’est toujours pénible, mais on a eu le plaisir de récompenser Carlos Salem, prix Violeta Negra pour sa Decima au salon, et pour Attends-moi au ciel, et Eric Plamondon pour Taqawan, prix des chroniqueurs. L’occasion du coup, excellente, de nous trouver tous ensemble : Yan et Caroline, des habitués, avec qui (entre autres) on se partage les animations et tables rondes, Bruno qui vient toujours nous rendre une petite visite, et la bonne surprise de cette année, Cédric qui avait fait le déplacement et qui, en partie par la faute de Yan et moi, a peut-être dû payer un supplément voyage pour son retour. Merci à Laurence pour l’organisation du trophée, quelque part, sur la toile, doivent trainer des photos des chroniqueurs et du lauréat …

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Après, ce fut très dense, cavaler pour porter les bouquins pour les tables rondes, traduire la rencontre sur le polar ibérique (show très rodé entre des auteurs qui se connaissent et s’apprécient, avec Carlos en chef d’orchestre), souffler un peu en assistant à une table ronde menée de main de maître (pouf pouf) entre James Ellory, Joe Lansdale et Benjamin Withmer (putain, Withmer et Lansdale ensemble, l’occasion de faire ma groupie).

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Et pour finir retour en Méditerranée, avec Valerio Varesi, Mimmo Gangemi et Petros Markaris, qui eux aussi m’ont permis d’assurer l’animation en faisant le minimum anticipant les questions, et se répondant. Markaris très drôle nous a raconté la création de Kharitos, et on a fini (heure de l’apéro oblige) avec les recettes préférées de chacun. Pour Markaris, devinez, il suffit d’avoir lu ses bouquins.

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Dimanche matin, tout le monde sur le pont, pour une belle table ronde avec Thomas Cook et Anne Bourrel sur les secrets de famille. Table ronde animée par Corinne qui a su faire naitre une belle complicité entre les deux auteurs qui ne s’étaient jamais rencontrés. En regardant mes photos, hier soir, un peu fatigué, il m’est venu une idée aussi sotte que grenue … c’est moi où Thomas Cook (que j’adore, comme écrivain et comme personne) a un petit côté Maître Yoda ?

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Je n’ai pas pu tout voir, mais j’ai ensuite assisté à une magnifique table ronde entre Eric Plamondon, Richard Krawiec et David Joy, animée par Yan. David Joy en particulier, impressionnant de conviction et de clarté dans ses prises de paroles. Un sacré bonhomme et une belle table ronde émouvante, intelligente et drôle.

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Chapeau à Aurélie qui au long du week-end a traduit, Yana Vagner, Tim Willocks, Joe Lansdale, Roger Ellory, Thomas Cook, David Joy, Richard Krawiec, Zygmunt Milozewski et Arni Thorarinsson ! Et j’en ai peut-être oublié.

Pendant les quelques pause, quel plaisir de discuter avec Antoine Chainas, Sébastien Rutés ou Marin Ledun. Sans parler de R. M. Guera avec qui j’ai pu faire le fan de base, et me faire dédicacer un album ainsi qu’avec nos habitués BD Antonio Altarriba et Keko, à qui j’ai acheté Moi fou, suite du triptyque commencé avec l’excellent Moi, assassin.

Tout s’est terminé pour moi avec la 100° table ronde de l’année de Sébastien Gendron sur le thème de l’humour et du polar, c’est du moins ce que prétends Yan avec qui j’ai animé la table en duo. Et on n’était pas trop de deux pour maîtriser Jacki Schwartzmann, Sébastien Gendron en Carlos Salem.

Dimanche soir, gros coup de blues et de fatigue, mais aussi satisfaction. Un programme très très serré mais qui a tenu sans coup de Trafalgar, des auteurs et visiteurs (du moins ceux avec qui j’ai discuté), apparemment contents.

Je me suis régalé, et surtout un immense merci à tous, auteurs, visiteurs, et bénévoles qui ont fait tourner la grosse machine, s’occupant d’organiser la venue des uns et des autres, repas, logements, voyages, taxis, rendez-vous, contacts avec les écoles, médiathèques, collèges, ont monté le chapiteau, installé les bouquins, servi les repas, tenu le bar, l’accueil, gratté les subventions à droite et à gauche, monté des dossiers … Un an de boulot pour trois jours de festival, mais ça valait la peine. On souffle un peu, et on vous prépare celui de l’année prochaine.

Toulouse Polars du Sud, demandez le programme !

Chose promise, chose due, quelques infos sur le prochain Toulouse Polars du Sud qui aura donc lieu le week-end prochain, même si ça a en fait déjà commencé, et s’il y aura des rencontres dans toute la région dès mardi.

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A savoir : Tout le programme est là. Et comme c’est la dixième édition, ce programme va être particulièrement riche. Donc si vous êtes dans le coin, ou si vous avez envie de venir pour voir, n’hésitez pas, c’est cette année.

Pour les régionaux, vous avez ici tout le programme des rencontres dans les CE, médiathèques et librairies d’Occitanie. Il y en a beaucoup, ce serait bien le diable si vous ne trouvez pas quelque chose qui vous intéresse. N’hésitez pas à y aller, cela donne des rencontres plus intimes que lors de notre grand week-end, il y a souvent après l’occasion de partager un apéro ou un repas avec l’auteur et d’échanger tranquillement. Et vous aurez l’occasion de rencontrer des auteurs qu’on ne croise pas tous les jours autour de Toulouse.

Ce qui m’amène à la liste impressionnante des invités. Je ne vais pas tous les citer, vous savez tous lire. Je vais être très égoïste et mettre juste en lumière ceux qu’on a eu du mal à faire venir, ceux que j’espérais rencontrer depuis longtemps.

Pour la BD, on a réussi, R. M. Guera, le dessinateur du génial Scalped que vous avez j’espère tous lu sera avec nous. Il passera le vendredi après-midi chez Bédéciné, puis sera sur le site du festival tout le WE.

On a réussi aussi, on l’a eu ! Qui ? Joe R. Lansdale !!!! Je vais pouvoir faire ma midinette, d’autant plus que je l’accompagne le vendredi soir pour une rencontre à la médiathèque de Montauban, venez nombreux ! Et cherchez dans les rencontres, il va sillonner la région dès mercredi soir, et sera sur le site du festival tout le WE.

Un grand plaisir également de revoir deux écrivains très humains, dans leurs écrits et dans leur contact, deux grands Monsieur qui sont déjà venus et qu’on va revoir avec un immense plaisir : l’américain Thomas Cook et l’islandais Arni Thorarinsson.

Première venue à TPS, pour notre grand plaisir, du mexicain Martin Solares et de l’italien Mimmo Gangemi.

A l’opposé, nous sommes extrêmement heureux d’accueillir notre Godfather, celui qui nous a accompagné tout au long de ces 10 éditions sans en manquer une seule, celui sans qui TPS n’aurait pas la même saveur, vous l’aurez peut-être reconnu : Carlos Salem.

A noter également, l’affiche de cette année signée du grand dessinateur José Muñoz.

Et tous les autres venant d’Allemagne, d’Espagne, des USA, de Grande-Bretagne, de Grèce, d’Islande, d’Italie, de Palestine, de Pologne, du Portugal du Québec, et de Russie. Et l’armada française, avec nos habitués, mais aussi quelques invités que l’on voit plus rarement dans les festivals comme Antoine Chainas, Alain Monnier (auteur du rallye) ou le parrain de cette édition Pierre Lemaitre.

Je termine ce bref tour d’horizon avec les Tables Rondes qui auront lieu dès vendredi soir sur les lieux du festival. La liste se trouve .

Le vendredi soir, Master Class de Pierre Lemaitre.

Samedi, mettez le réveil pour assister à 10h à la première table ronde de la journée où l’on causera de la violence avec Martin Solares, Tim Willocks et Michael Mention. Vous pourrez ensuite rester la journée pour un tour du polar des pays de l’est (une première à TPS), puis un paysage du polar ibérique (un classique à TPS), on voyagera ensuite aux US et en Angleterre sous la houlette de Pierre Lemaitre avec une table ronde anglo-saxonne : Benjamin Withmer, Joe R. Lansdale et R. Ellory et on finira autour de la Méditerranée avec Petros Markaris, Mimmo Gangemi et Valerio Varesi.

Le dimanche, rebelote, avec un programme aussi riche, qui vous donnera l’occasion d’entendre et de rencontrer, Didier Daeninckx, David Joy, Jacky Schartzmann, Thomas Cook, Anne Bourrel, Eric Plamondon, Patrick Pécherot etc …

Sans compter les parloirs, petites rencontre de 30 minutes avec un auteur, les remises de prix, les animations etc …

Bref, si avec ça vous n’avez pas envie de venir nous voir, je jette l’éponge. Et si vous venez et qu’on ne se connait pas encore en vrai, faites signe, qu’on discute un peu autour d’un café ou d’une bière.

De nouveaux personnages toulousains

Christophe Guillaumot a beau être toulousain, et faire partie de l’équipe organisatrice de TPS, je n’avais encore jamais lu aucun de ses romans. C’est maintenant chose faite avec La chance du perdant.

GuillaumotRenato, dit le Kanak, forme avec Six, l’inspecteur Jérôme Cussac, la brigade des jeux toulousaine. Un géant aux paluches intimidantes, et un jeune inspecteur. Pas la priorité de la commissaire Séverine Bachelier.

Jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent qu’il y a un nombre inquiétant de suicides étrangement imaginatifs parmi les joueurs compulsifs qui fréquentent les cercles de jeux de Samuel Gotthi, le grand boss de la région. Ils commencent alors à se demander si quelque chose de bien sinistre n’est pas à l’œuvre.

Comme Yan et Fondu au noir , je ne vais pas vous dire qu’on a là le polar de l’année, mais la lecture est agréable et mérite le détour.

Côté défauts qui pourraient être corrigés, à mon avis, par la suite : J’ai trouvé des maladresses d’écriture, en particulier certains dialogues, surtout entre amis ou collègues, qui ne fonctionnent pas bien (trop propres grammaticalement). Ensuite l’auteur ne fait pas assez confiance à son lecteur pour comprendre tout seul ce que pensent les personnages, ou le pourquoi de leurs actions. Cela donne côté un peu sage et explicatif à la narration.

Mais pour le reste, rien à redire. L’enquête, classique, est bien menée. J’ai eu peur un instant d’avoir un retournement avec un Deus Ex Machina, que nenni, je me suis fait avoir, et la fin est assez ouverte pour être intéressante, cohérente, et sans happy end forcé.

Les personnages sont bien, on espère qu’ils seront creusés par la suite, Kanak, son collègue, l’équipe de bras cassés regroupée autour d’eux.

Et surtout, les à côté de l’histoire policière apportent un vrai plus : Le décor du centre de tri des déchets, le personnage de May, l’artiste des rues, tout ce que l’on apprend (du moins ce que j’apprends) sur le jeu en ligne, avec des paris sur tout et n’importe quoi, et puis, quand même, la découverte du Loto Bouse, là j’avoue j’en reste sans voix.

Un roman perfectible mais agréable. On attend la suite.

Christophe Guillaumot / La chance du perdant, Liana Levi (2017).